Simon aurait toutefois été curieux de savoir pourquoi ça ne posait aucun problème que les hommes se mettent torse nu alors que les femmes, elles, restaient couvertes. Ça semblait injuste.
Rien n'échapperait à Feu s'il lui prenait l'envie de tout consumer, particulièrement si Air attisait la rage de sa soeur.
Meg avait de l'air de bonne humeur, détendue, et a parlé de quelque chose qui symboliserait un nouveau départ, mais, quand Vlad a tenté de découvrir ce qu'elle voulait dire par là, elle a coupé court à ses questions en déclarant que c'était un truc de fille.
Simon n'avait aucune envie de mettre le nez dans un "truc de fille". Territoire potentiellement dangereux.
Chère Jean
J'ai vu un cerf. J'ai caressé un poney. J'ai fait du jardinage.
J'ai senti le parfum de la terre et l'ai touché de mes mains.
Tu as vu le soleil se lever. Tout cela vaut la peine de se battre pour vivre dehors.
Ton amie,
Meg
-Comme nous n'acceptons plus dans la librairie les humains qui ne font pas partie de la meute de l'Enclos, il est temps d'enlever les livres qui n'intéressent personne. Vlad en saisit un. En couverture figurait un mâle musclé à demi dévêtu et à l'air menaçant qui était sans doute censé représenter un terra indigene. A ses pieds était allongée une femelle tout aussi peu habillée, probablement humaine, et qui, malgré sa posture soumise, levait le menton dans une attitude provocante en arquant le dos, exposant une poitrine impressionnante.
-Tu crois que les humains comprendront un jour que les seins ne nous font plus aucun effet après le sevrage ? demanda Vlad en ouvrant une page au hasard.
-Comment pourraient-ils le comprendre ? rétorqua Simon en désignant le livre d'un signe de tête. Aucun de nous ne penserait à le mentionner, vu que cette histoire n'intéresse personne chez nous, et les éditeurs terra indigene savent pertinemment que des couvertures comme celles-là nous laissent indifférents. La question qu'il fallait se poser, à son avis, c'était comment ce bouquin avait atterri sur les étagères en premier lieu. Vlad lut quelques pages avant de remiser l'ouvrage sur le chariot.
-Certains d'entre nous le prendraient peut-être si tu le rangeais avec les comédies. Simon le dévisagea, puis examina la couverture.
-Ou avec les manuels de cuisine ?
-Les idées que nous éveillent les seins apparaîtraient de façon trop évidente.
Meg l'éclaireuse. Celle qui avait la capacité de montrer aux autres filles comment vivre dans un monde dont elles n'avaient vu que des images.
Qu’est-il arrivé aux dinosaures ? Les Autres.
Ce n'était pas pareil qu'avec Sam. La main de Simon, plus large, passa lentement sur sa tête. Ses doigts puissants s'arrêtèrent derrière son oreille, là où les muscles étaient tendus, pressant, décrivant des cercles, massant.
Elle chancela. Ce n'est que lorsque son front reposa contre la poitrine de Simon qu'elle prit conscience qu'ils s'étaient rapproché.
- Oh ! murmura-t-elle. Ça ne m'étonne plus que tu restes allongé sur mes genoux quand on regarde un film.
Simon rit, lui effleurant les cheveux de son souffle.
Il retira sa main et recula, trop tôt au goût de Meg.
Elle n’était pas une Louve. Elle n’était pas une terra indigene. Et pourtant Meg était entrain de devenir l’une d’entre eux.
— Ils voulaient me couper les doigts. Là-bas. Ils voulaient me couper les doigts parce que j’avais besoin de dessiner et qu’ils voulaient que j’aie besoin des coupures à la place.