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Critique de Pavlik


Après l'hiver, le printemps ?

William Blanc, historien geek, choisit bien naturellement, dans ce petit ouvrage, de prendre la fantasy comme objet d'étude, dans une perspective historique.

Son hypothèse est la suivante : la fantasy, à l'inverse de la SF, est le reflet de l'angoisse suscitée par la marche en avant du "progrès" (notamment l'urbanisation et l'industrialisation des sociétés occidentales), à partir de 1850.

De même que les J-H Rosny aîné et autre Jules Vernes peuvent être considérés comme les pionniers de la SF, pour l'auteur, la fantasy naît du mouvement préraphaélite, et notamment de l'oeuvre de l'écrivain William Morris. Celui-ci fut très lié au socialisme révolutionnaire. Il voyait dans ses récits, mettant en scène un moyen-âge fantasmé, une critique de la société capitaliste naissante. Il fut d'ailleurs une des sources d'inspiration de Tolkien.

Je découvre avec étonnement que les précurseurs de la fantasy étaient en partie liés au communisme révolutionnaire et à l'anarchie, ce qui constitue une belle ironie, quand on sait que le genre fut accusé par certains d'être réactionnaire.
Passée cette savoureuse introduction, William Blanc s'appuie principalement sur l'oeuvre de Tolkien et de G.R.R. Martin pour développer son argumentaire.

Si l'hypothèse est intéressante, la brièveté de l'ouvrage et le fait de se cantonner essentiellement à l'oeuvre de deux auteurs limitent quelque peu le propos. Comment passe-t-on de la fantasy révolutionnaire de Morris au conservatisme catholique de Tolkien ? Est-ce bien de la même fantasy dont on parle ? Ce n'est guère explicité par l'auteur. Et pourquoi limiter l'analyse de l'oeuvre de Robert E Howard à un court bonus, en fin d'ouvrage ? Bonus intéressant, au demeurant, tant il met en avant une conception encore différente de la fantasy.

Finalement, la conclusion logique de cet essai ne serait-elle pas que le rôle politique de la fantasy est de servir de réceptacle à tous ceux qui ne trouvent pas leur compte dans le progrès scientiste capitaliste, qui bâtit notre monde actuel, sans qu'il n'y ait nécessairement une filiation autre qu'esthétique entre eux ?

En tout cas, on ne peut que reconnaitre que cet ouvrage de William Blanc donne bien envie de creuser le sujet.

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