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Critique de Bookycooky


Jusqu'où peut aller l'atrocité entre les hommes ?
Jusqu'où un homme peut perdre toutes ses caractéristiques humaines pour devenir un monstre ? ( les limites du mot " monstre" reste à définir )
Jusqu'où le reste du monde peut rester indifférent à ces atrocités ?
Comment survive-t-on dans un climat inhumain ? ......quelques unes des nombreuses questions qu'on se pose à la lecture de ces histoires.
L'auteur iraquien Hassan Blasim en quinze nouvelles de "Cadavre Expo"et celles de "Iraqi Christ" son livre de nouvelles en anglais, lus simultanément, -dont 9 nouvelles en commun -, au total vingt, nous raconte l'histoire du passé récent et à l'heure actuelle de l' IRAK, un pays qui fût le berceau des plus anciennes civilisations du monde, Sumer, Assyrie, Babylone, dans la fameuse région historique du Moyen-Orient, La Mésopotamie. Un pays, champs de bataille entre les empires du Moyen-Orient, auquel les Etats-Unis de Georges W. Bush finirent par donner " le coup de grâce", pour en faire l'enfer sur terre. La réalité du quotidien que nous relate ces nouvelles est digne d'un roman d'horreur que la plume aiguisée, délicate, et n'empêche la morosité, imprégnée d'humour de Hassan Blasim nous touche et nous régale d'une sublime noirceur. Même en fuyant l'Irak, les personnages n'arrivent pas à échapper au traumatisme vécu ("Ce fichu sourire" , triste mais magnifique," Les cauchemars de Carlos Fuentes", sublime avec son humour et sa chute).
Toutes sont intéressantes, un cabinet de curiosité où l'imagination de l'auteur ( "Dear Beto","A Wolf ","Le journal des armées") n'a de reste que pour nous raconter l'inracontable ; aucune justice, aucune logique, aucun repère, l'ennemie peut être n'importe qui, n'importe où.....et tout ce qu'il relate malheureusement est la réalité, une réalité qui vit son bis en Syrie, juste à côté.
Une lecture pas trés facile car chargée de réflexions, d'émotions et de peines, extrêmement riche de sens, que l'auteur nous laisse souvent libre d'interpréter.

L'auteur irakien est née à Baghdad en 1973 et vit aujourd'hui en Finlande. Certaines des nouvelles s'y passent, mais toujours avec l'Irak en toile de fond.
Inutile de vous dire lisez-le, c'est excellent , même si la traduction française me semble avoir légèrement terni la prose de l'oeuvre originale.**

"Mais la vérité était ailleurs : ce poltron dégénéré s'était laissé gagner par des sentiments philanthropiques à deux sous. Il avait commencé à se demander ce que commettre un homicide signifiait. S'il existait un Créateur qui observait nos actes. En somme, il était au bord du gouffre."( L'exposition des cadavres )


**Tous les deux ( Cadavre Expo et Iraqi Christ ) ont été traduit de l'arabe, une langue que je ne connais pas. En lisant la même nouvelle dans les deux langues, j'ai été surprise par les divergences de traduction, importantes à mon avis, car elles changent la signification et la valeur littéraire du livre. Je dois dire je préfère de très loin la traduction anglaise, tout en ne sachant pas laquelle est restée plus fidèle au texte original. En tout cas mon impression est que le traducteur de la version française a pris trop de libertés et a tué un peu le charme de la prose de Blasim, qu'on savoure pleinement dans celle, anglaise. J'aimerais juste en donner un exemple pour qui ça intéresserait; la nouvelle "Le Trou" -un conte philosophique sur l'atrocité que s'inflige les hommes, nommant La guerre," un jeu " dont les deux partis opposés le jouent chacun avec son propre code privé-, qui se trouve dans les deux livres, une divergence de traduction à mon avis importante a attiré mon attention : Dans "un trou" un djinn qui y vit déjà, dit à l'homme qui vient d'y tomber , fuyant des hommes armés dans un Bagdad en guerre :
-"La mémoire est-elle la carte gagnante de ce jeu dans lequel on ne peut abandonner avant la fin de la partie ou n'est-elle là que pour se donner en spectacle ?Quiconque tombe ici finira dans l'estomac d'un autre, voué à satisfaire les instincts d'un autre, à apporter l'énergie nécessaire à son organisme… Nous sommes les… les quoi, au juste ? Qui sommes-nous ? Pauvres de nous… Personne n'en a la moindre idée…"
-"Is memory a winning card in this game that we play so seriously till it's over, or should we merely have fun ? Everyone who falls down here becomes a meal or a source to satisfy the instincts, or energy for other systems.We who....damn, who are we? No one knows?..."( "La mémoire est-elle la carte gagnante de ce jeu que nous jouons avec tellement de sérieux jusqu'à qu'il prenne fin, ou ne faudrait-il pas tout simplement qu'on s'y amuse? Chaque personne qui tombe ici devient la proie ou la source de satisfaction des instincts et énergies d'autres systèmes.....").
À mon avis, la version anglaise ici a plus de sens et est beaucoup plus littéraire que la version française qui simplifie et change légèrement le sens de ce lourd métaphore qui y perd de sa profondeur. Ce n'est bien sûr qu'un avis subjectif.
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