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Critique de LPL


On connaît Blondin pour Un singe en hiver, on le connaît moins pour ce roman - le troisième de son oeuvre - où le lecteur accompagne le narrateur dans une double errance : celle d'un homme, "un petit provincial un peu gêné aux entournures" dans le Paris de l'après-guerre, celle d'un père dans le monde éreintant des doutes et des sentiments illisibles. le point de départ de cette double errance est le même : Mauvezac, le village natal des Charentes où se cristallisent les échecs d'une situation, d'un mariage, et de l'affirmation d'un fils face à l'amour maternel ; Mauvezac que Benoît Laborie quitte pour préférer Paris et y tenter fortune. Mais l'arrivée à la gare d'Austerlitz est le début d'une lente tragédie où toutes les pierres de l'édifice vont s'installer avec malice.

Trop jeune, peut-être un peu trop innocent, le jeune Laborie est emporté dans un tourbillon de mésaventures : toutes presque insignifiantes, mais toutes révélatrices de son inaptitude à affronter l'agitation d'une capitale. Il s'y laisse prendre comme si la passivité le sortirait mieux d'affaire que la contre-attaque ; elles se succèdent. Blondin nous dresse une réflexion sur le hasard des situations, sur les successions de coïncidences que d'aucun ne veut, à son sens, croire comme le fruit de l'ironie du sort. Laborie pense alors qu'il est temps de rentrer car son errance parisienne a au moins éclairci le marasme de ses sentiments. Il part par où il est venu : Gare d'Austerlitz, retour à Mauvezac, auprès de son foyer. Et voilà que toutes les pierres de la tragédie sont réunies.

Construit autour de la dynamique du voyage, l'image du train sous-tend la narration dès les premières lignes : "Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler" ; jusqu'aux dernières : "Un jour, nous prendrons des trains qui partent", pour maintenir présente l'impression de mouvement. Et quand l'écho des chemins de fer pourrait se dissiper après de trop nombreuses pages sédentaires, et avec elle l'atmosphère d'instabilité, tantôt le hasard frappe, tantôt Blondin ramène son narrateur dans un bureau de poste, "ce hall, vaste comme une gare", autre lieu où la notion de départ, de passage, et de retour est omniprésente. Ecriture vive et poétique, L'humeur vagabonde raconte le destin d'un homme ordinaire, ballotté par les aléas de la vie et les faiblesses du coeur.
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