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Critique de ohfom


ohfom
04 décembre 2022
Difficile de séparer l'écrivain de l'homme... Il faut bien aborder ce biais puisque le présent recueil ne se prive pas de remonter jusqu'aux années 1943 et suivantes du jeune adulte, lequel guettait, si je comprends "entre les lignes", le succès de l'oeuvre de "rénovation" (c'était l'idée) entreprise par l'Etat français et ses thuriféraires. On comprend aussi que le jeune Blondin a vécu le succès des armées alliées comme un évènement regrettable, responsable d'une longue phase de déclin de la France dont il ne semble toujours pas remis trente ans plus tard. Seule sa passion sympathique pour le vélo lui a permis apparemment de ne pas trop remâcher le cours de l'histoire ni la relative mise à l'écart de ses grandes figures, Nimier surtout, mort trop tôt, mais aussi Jouhandeau, Déon, Chardonne, Rebatet, et autres, avec lesquels il a toute sa vie entretenu des liens de complicité si ce n'est fraternels. Parmi ceux-ci la République, bonne fille, aura d'ailleurs laissé tranquilles ceux dont les choix de guerre auraient pu leur valoir le sort d'un Brasillach - dont l'antisémitisme forcené ne suscite que le silence du présent recueil. Brasillach, plume éminente du très collaborationniste "Je suis partout " a certainement quelque chose d'une icône pour notre auteur même si deux ou trois morceaux de bravoure - tournant en dérision rois "nègres" et autres colonisés, ainsi que la société matriarcale qu'il croit voir se profiler (horreur !?) derrière le féminisme des années 70 - font ici bien pâle figure au regard de la logorrhée racialiste de l'original. Alors, la compassion réaffirmée de notre homme et son adhésion aux Amis de Robert Brasillach interrogent. Elles illustrent, sans l'expliquer, comment un gentil chroniqueur de l'Equipe et du magazine Elle, non dépourvu de talent littéraire, ainsi qu'en témoignent ces morceaux choisis, et probablement pas mauvais bougre par ailleurs, a pu se fourvoyer dans une nostalgie assumée des pires moments de notre histoire, qu'il partageait avec une certaine mouvance d'intellectuels - non parfois des moindres - très clairement post-vichystes. Il serait bon que des historiens sérieux viennent un jour démêler les conditions de cet engagement collectif en faveur d'une cause parmi les plus détestables de notre époque.
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