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3,94

sur 272 notes
Souvenirs d'un enfant des Trente Glorieuses.

Un premier roman qui a tout d'un grand, ne serait-ce que par la beauté de l'écriture avec ces phrases à la longueur proustienne, ces formulations où se glissent le cocasse, le burlesque et l'ironie.

On s'immerge dans un monde disparu, très descriptif du quotidien de la province: la forge, les jours de lessive, la cuisson des grenouilles, le bruit des locomotives à charbon. Puis le Progrès s'emballe, transformant les êtres et les choses sous les yeux d'un enfant sensible et taciturne, qui grandit dans une famille aimante mais fracassée par un drame.

C'est un très touchant récit d'apprentissage, aux interprétations oniriques et parfums de nostalgie. Et la générosité d'un auteur qui livre beaucoup de lui-même dans un roman tourmenté où se croisent littérature, mythologie et peinture.

Un joli coup de coeur.
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Quelle belle écriture !
Le narrateur évoque son enfance auprès d'un père ferronnier et de Jacky son ouvrier. Il est en admiration devant eux, devant leur force, leur travail, leur corps.
On passe des descriptions de la forge, monde d'hommes, où l'on sent la chaleur et les odeurs de limaille à un décor de femme auprès de sa mère lavandière où le linge prend une place centrale, de sa grand-mère chasseuse de grenouilles, de Marguerite-des-oiseaux inconsolable et de Fernande
Puis le drame arrive, son petit frère Norbert meurt brutalement , le narrateur va alors vivre auprès d'une mère qui refuse cette mort et qui pour survivre va continuer à agir comme si cette mort n'avait jamais eu lieu. Norbert va avoir une place de vivant et le narrateur va, par amour pour sa mère entrer dans ce faux-semblant .
Ce livre sur l'absence, sur la mort tellement inconcevable qu'on la nie est d'une grande sensibilité et extrêmement touchant et cela d'autant plus qu'il serait en partie autobiographique.
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Fils du feu est le premier roman de Guy Boley.
Ce roman nous parle d'une enfance, de l'enfance du narrateur, d'un temps passé, d'un temps disparu. Nous sommes dans les années cinquante.
Les premières pages nous enlèvent à notre quiétude, nous sommes happés et c'est un bonheur que d'être enlevé comme cela.
Les premières pages démarrent dans la chaleur d'un brasier, il y a l'émerveillement, imaginez ce monde presque féérique à la hauteur d'un gamin de cinq ou six ans. Le feu qui plie le fer, le bruit du marteau qui accompagne des gestes ancestraux, des silhouettes d'hommes parmi ce feu...
Nous entrons dans le décor d'une forge. Ce sont des sons et des lumières qui nous enivrent, ceux d'une enfance que le narrateur retient à travers ses mots.
Le bruit de la forge bat son plein. Il tape sur nos tempes comme un rythme saccadé et lancinant.
Il y a dans les premières pages une fraternité qui s'exprime ; ici le personnage de Jacky, forgeron, fait presque partie de la famille. J'ai adoré ce personnage... Dans ces pages, j'entendais la chanson de Bernard Lavilliers, Travailler encore.
« J'voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or ».
Nous sommes dans cet univers, dans cette ambiance.
C'est presque féérique car le passé pour un enfant est un monde étrange, peuplé de fées et de lutins, de sortilèges, mais d'ogres aussi. L'ogre viendra plus tard...
Ce chemin du narrateur est celui d'un retour en arrière. Une fois adulte, il est devenu peintre ; il se souvient, il revient sur ce passé, dans cette maison familiale... Il entend alors les bruits, ouvre une porte d'où surgissent des images, des souvenirs, comme des fantômes...
Il y a des images qui ne peuvent se détacher de ce passé et c'est tant mieux, des personnages aussi... Les épingles à linge en bois, qui se promènent et dansent dans le vent, restent pour moi un instant merveilleux arraché au paysage du souvenir. Des personnages de ce passé sont attendrissants, comme la grand-mère qui arrachent les pattes des grenouilles pour préparer le repas au seuil de sa maison. Ce passé fait surgir un monde étrange peuplés de lavandières et de forgerons.
Est-ce un roman autobiographique ? On voudrait le croire tant j'ai trouvé l'écriture empreinte de justesse et de beauté.
Qui, une fois devenu adulte, n'a pas éprouvé ce vertige d'arpenter le chemin à l'envers ? Revenir dans une maison qui abrita une famille désormais éparpillée...
Plus tard il y a ce drame, cette douleur. C'est une tragédie intime. Dès lors, surgissent la violence du père, la folie de la mère. Elle va sombrer, elle voudrait entraîner dans ce naufrage d'autres qu'elle aime, l'autre fils qui survit, le narrateur... Il y a cette chambre, ce grenier, un endroit pour faire vivre les fantômes, continuer de leur trouver un espace où ils peuvent survivre malgré tout.
C'est alors une histoire meurtrie qui se déroule, l'histoire d'une mère abîmée qui va sombrer ; le père aussi d'une autre manière.
L'enfance blessée, une mère devenue folle à force d'ignorer ce qui fut... J'ai trouvé que la poésie de Guy Boley venait mettre de la lumière dans ces mots douloureux, venait aussi retenir au bord du chagrin une histoire qui nous ressemble peut-être aussi.
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C'est un enfant de 5 ans qui regarde son père et Jacky travailler à la forge : « Papa et Jacky, ferronniers d'art, ils maîtrisaient le feu mais ignoraient Vulcain, Prométhée et Wotan, Zeus ou Héphaïstos. Les dieux du Walhalla, d'Olympe ou de l'Iliade leur étaient inconnus. » Par contre, ce qu'écrit Guy Boley ne laisse aucun doute sur la fascination exercée par ces deux hommes « incultes mais intelligents ».

Le fils du feu, titre si bien choisi, est le premier d'une trilogie que l'auteur construit peu à peu avec une ferveur filiale sans concession où l'admiration côtoie l'ironie ou la critique, le style parfois emphatique contribuant bien à entrer dans ce monde simple mais tellement riche d'amour.
Fascination, interrogations, l'enfant qui grandit dans ce quartier de Besançon est persuadé que les adultes jouent un rôle tout en étant lucide sur lui-même : « J'étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l'enfance, le docte souverain d'un royaume des médiocres. » Une grand-mère, une voisine qui parle et nourrit son fils mort à la guerre comme s'il était encore là, c'est là que grandit l'auteur, tout près du dépôt des locomotives qui imprègne tant la vie du quartier.
Certaines pages sont magnifiques et je comprends pourquoi ce livre d'un écrivain qui se révèle sur le tard, a tant séduit, décrochant quand même six prix littéraires. Il décrit, fait vivre le quotidien d'un enfant au contact des adultes ou de camarades plus âgés, à l'école mais c'est lorsque son père, ivre, frappe sa mère, que je ressens encore plus tout ce que peut éprouver cet enfant et qui donne l'occasion à l'auteur de revenir sur la naissance en termes très crus.
Guy Boley qui fut maçon, ouvrier, chanteur de rue, funambule, directeur de cirque, dramaturge, cascadeur… est profondément marqué par ce qui se passe sous ses yeux et… « soudain, tout brutalement se justifie : les crimes du passé, la violence des hommes, l'injustice du monde, Attila et ses hordes, les grenouilles décérébrées alors qu'elles sont vivantes, les guerres et leurs charniers, les chairs des femmes qui se déchirent afin de mettre au monde des enfants que la vie, d'un coup de dents broiera quand bon lui semblera… »
C'est un livre plein de vie mais dont la mort marque forcément de nombreuses pages. Son frère, Norbert, a disparu et sa mère ne s'en remet pas alors que le feu de la forge a dû s'éteindre et le père s'adapter jusqu'à devenir représentant de commerce. Puis il y a la maison vide, le fils du forgeron qui va en fac de lettres, s'adonne à la peinture et retrouve sa soeur, enfants du peuple partageant des moments intenses et profondément émouvants.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Mots martelés entre le marteau et l'enclume. Ils vibrent, étincelles d'images au coeur de l'émotion. Ils nous immergent au sein de ce foyer où les chagrins dégoulinent en secret, comme le linge épinglé sur le fil.

Comment grandir sans se brûler à la présence d'un fantôme ? Comment remplir sa vie avec le vide laissé par l'autre ? Dans sa tête, l'enfant peint les instants d'imagination pour panser ses blessures.

Ce court roman est un tableau, une danse d'une puissance magnifique.
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Attention coup de coeur :

Ce petit livre est un bijou.
Pas un bijou de pacotille, non, une pierre des plus précieuse, inestimable...
Alors que j'interrogeai une amie libraire sur l'auteur et son dernier roman, elle me conseilla fortement de découvrir son Fils du feu.
Aussitôt dit, aussitôt fait et pour mon plus grand bonheur de lecteur.
Milieu des années cinquante, le narrateur raconte son enfance. Il a...5,6,8 ou 10 ans, il sait plus trop. Il raconte son père le forgeron, sa mère, sa grand-mère, sa grande soeur, son petit frère. Il raconte Jacky, qui débarque un beau matin pour aider le paternel. Il raconte les voisins qu'il croise chaque matin, les grenouilles, l'école,  les saisons,  les trains, le linge, bref le quotidien d'une famille. Il raconte les joies, il raconte les drames. Il se raconte.
Une histoire simple.
Mais voilà, il y a écrire et....Écrire... avec le grand É.
Guy Boley Écrit.
Guy Boley Raconte.
Guy Boley Photographie.
Guy Boley Peint.
Fils du feu c'est des mots.
Fils du feu c'est des vies.
Fils du feu c'est une époque.
Fils du feu c'est le roman d'une enfance comme on aimerait l'écrire nous-même.
Fils du feu c'est des sourires, des rires, des coups, des larmes.
C'est tendre comme le regard parfois naïf de l'enfant.
C'est dur comme le métal qu'on forge.
C'est fou comme quand la vie vous joue un sale tour et que vous faites comme si rien ne s'était passé.
C'est lucide comme le regard de l'enfant devenu homme.
C'est beau, tout simplement, parce que l'auteur n'a pas cherché de grands mots, pas de phrases alambiquées.
C'est touchant.
À mon tour donc de vous conseiller ce livre.
Il y a des livres qui font du bien, Fils du feu est de ceux-là.
D'ailleurs, je ne vous le conseille pas, je vous....ordonne de le lire.


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Je ne sais trop quoi penser de ce livre. J'ai aimé les envolées poétiques, les belles images et cette façon d'habiller de beauté des moments douloureux, des situations ordinaires, des vies simples. Celles des autres autant que les nôtres...

Je me suis laissée porter par les mots, petites fulgurances de bonheur littéraire :

- "Riez comme un goret, riez comme une folle puisque votre fils est mort. Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps si nous voulons durer au-delà du chagrin".

- "J'étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l'enfance, le docte souverain d'un royaume des médiocres".

- "Et puis la vie reprit son cours. Ce n'est qu'une expression bien sûr : la vie ne pouvait pas reprendre son cours puisque son cours ne s'était jamais arrêté ; la vie ne s'arrête que pour celui qui meurt."

Ces phrases pour lesquelles on arrête notre lecture et réfléchit à ce qu'on vient de lire, l'intègre, lui donne un éclairage, un sens plus personnels ; ces phrases qui méritent qu'on les relise et relise encore, avant de poursuivre le récit.

Mais au moment de rédiger cette critique, je m'aperçois que l'histoire m'a laissée sur le bord du chemin, en marge, en quelque sorte... Alors, je ne garderai que ces pics, ces serrements de coeur qui m'ont prise en traître, m'ont piquée au vif et laissée bien souvent songeuse et reconnaissante d'avoir fait naître en moi de si belles émotions. N'est-ce pas là l'essentiel de ce qu'on recherche en ouvrant ces petits rectangles de papier tant chéris ?
Lien : http://page39.eklablog.com/f..
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Forge des origines
Cracheurs de feu
L'enfance s'illumine
Fer mystérieux
Le frère fantôme
Douloureux hématome
Parents détruits
Belle insouciance enfuie...

Ecriture en cascades
Jeux de mots, des trouvailles
Un style époustouflant
Court roman étincelant
Fils du feu flamboyant!
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Dans ce magnifique roman d'apprentissage, nous allons suivre le destin d'un jeune garçon dans la forge de son père, fasciné par le travail, le bruit, la puissance des hommes. Son père, bien sûr, mais aussi Jacky, l'ouvrier qu'il compare à Vulcain.

Parallèlement à ce socle solide, nous suivons la descente aux enfers de sa maman, suite au décès de son plus jeune fils.
Cette mère, dans le déni, va faire vivre et grandir cet absent en lui parlant, en lui servant son repas, sans oublier le câlin du soir.

Quelle place reste-t-il à un enfant pour grandir entre un père abasourdi de chagrin, qui peu à peu devient violent et une mère qui s'enfonce peu à peu dans la folie ?

Guy Boley sait dire l'inexprimable, sans jamais tomber dans le larmoyant.
J'ai aimé ce style d'écriture brut avec cette économie de mots choisis pour aller à l'essentiel.
Il y a peu de personnages, mais ils sont tous attachants, parfaitement décrits.
Comment ne pas citer la voisine, « Marie des Oiseaux », qui, jour après jour, prépare une assiette de purée accompagnée de jambon, et appelle son enfant mort depuis des années : « Jean-Marie, rentre, tu vas manger tout froid. » ?

L'auteur nous fait découvrir une époque révolue avec le travail de la forge, les lessives faites à la main qu'il fallait se dépêcher d'étendre lorsqu'il n'y avait pas de vent de peur de la découvrir maculée de noir après le passage de la locomotive à vapeur.

« Fils du feu » est un roman sur le temps qui passe, sur l'enfance, sur le deuil, sur la folie, sur la solitude, sur le dépassement de soi et par-dessus-tout, c'est une lecture bouleversante.
Un coup de coeur.
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« Fils de feu » est le premier roman de Guy BOLEY. Cet auteur écrit comme il a boxé. Qu'ils soient de coeur ou de rage, d'espoir ou de regret, les coups sont directs. L'auteur s'expose, esquive, explose mais toujours en vérité . Il écrit comme il a dansé la vie et pris les risques des funambules de haut vol. Avec brio, la musique des mots choisis par l'auteur rend admirablement le son du souffle de la forge, le rythme des enclumes, la nostalgie à fleur de peau d'un métier d'artisan, sans compter la puissance et la fragilité des corps qui déterminent les genres et les modes de vie d'alors. Par ses mots à la portée de tous, chargés d'émotion et d'auto-dérision, Guy BOLEY met en scène, donne à voir, à écouter, à deviner , à redécouvrir le métier de forgeron qu'exerçaient son père et Jacky, l'apprenti. Lui, gamin, il observait et remplissait son âme de ce souffle de vie qui émane de la forge, des corps musclés luisant d'efforts et du chant des enclumes qui rythmait la cadence, la vie, le bruit et même le silence annonciateur d'une pièce finie, maîtrisée, unique, encore auréolée des étincelles que faisaient naître son père et Jacky, tous deux , à ses yeux, Maîtres du feu et Seigneur des masses.
Et puis, l'auteur nous raconte sa mère et le travail des femmes, le combat quotidien pour vaincre la crasse, tordre le linge, l'étendre à sécher et donner au gamin de quoi rêver lorsqu'il observait les culottes de Marguerite-des-oiseaux, pièces de tissu aussi grandes qu'un drap de lit pour enfant ! Avec une écriture chargée de tendresse, il nous dit la valeur simple du travail bien fait, la joie de vivre en famille, son horreur aussi quand la mort d'un enfant s'immisce comme un grain de folie au coeur d'une mère qui n'acceptera jamais la mort accidentelle de son petit.
L'enfant de la forge, subjugué par l'attrait du corps luisant de l'apprentis, dépassé par la puissance de frappe de son vulcain de père et la fragilité à fleur de coeur des larmes de sa mère ne saura jamais comment grandir, être lui, trouver sa place sans prendre, perdre ou tuer celle des autres. Il deviendra peintre pour devenir lui et se demandera de manière récurrente s'il faut, pour grandir, renier son passé resté présent ou le sublimer? S'il faut s'atteler à faire le vide autour de soi ou, au contraire, faire le plein de ces vides qui scandent la vie et, peut-être lui donnent sens.
Ayant trusté pas moins de six prix littéraires, « Fils du feu » est un très agréable premier roman, né à maturité et offert en partage par une plume qui s'enracine dans l'expérience d'une vie féconde, même si, à son époque, elle semblait aller à contresens du socialement correct. Guy BOLEY, un auteur dont il faut lire aussi « Quand Dieu boxait en amateur ».

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