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3,94

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne sais trop quoi penser de ce livre. J'ai aimé les envolées poétiques, les belles images et cette façon d'habiller de beauté des moments douloureux, des situations ordinaires, des vies simples. Celles des autres autant que les nôtres...

Je me suis laissée porter par les mots, petites fulgurances de bonheur littéraire :

- "Riez comme un goret, riez comme une folle puisque votre fils est mort. Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps si nous voulons durer au-delà du chagrin".

- "J'étais en quelque sorte, avec tout cet orgueil dont est bouffie l'enfance, le docte souverain d'un royaume des médiocres".

- "Et puis la vie reprit son cours. Ce n'est qu'une expression bien sûr : la vie ne pouvait pas reprendre son cours puisque son cours ne s'était jamais arrêté ; la vie ne s'arrête que pour celui qui meurt."

Ces phrases pour lesquelles on arrête notre lecture et réfléchit à ce qu'on vient de lire, l'intègre, lui donne un éclairage, un sens plus personnels ; ces phrases qui méritent qu'on les relise et relise encore, avant de poursuivre le récit.

Mais au moment de rédiger cette critique, je m'aperçois que l'histoire m'a laissée sur le bord du chemin, en marge, en quelque sorte... Alors, je ne garderai que ces pics, ces serrements de coeur qui m'ont prise en traître, m'ont piquée au vif et laissée bien souvent songeuse et reconnaissante d'avoir fait naître en moi de si belles émotions. N'est-ce pas là l'essentiel de ce qu'on recherche en ouvrant ces petits rectangles de papier tant chéris ?
Lien : http://page39.eklablog.com/f..
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Ça commence dans une gerbe d'étincelles. le feu, la forge, le père et son comparse Jacky martelant de concert, en rythme cadencé. le fils fasciné par le bruit, la chaleur, les escarbilles jaillissant comme des étoiles filantes. Dehors, près du dépôt de locomotives bordant la maison, l'enfant retrouve sa grand-mère étêtant mécaniquement des grenouilles vivantes. Avant de partir pour l'école il embrasse la joue flasque du voisin, monsieur Lucien, et assiste aux lessives collectives où les femmes prennent des airs de lavandières. le fils du feu devenu adulte raconte ainsi son enfance, chronique plus amère que douce marquée par la mort du petit frère, événement traumatisant pour chaque membre de la famille. La mère continue de s'adresser au défunt comme s'il n'était jamais parti, le père lève pour la première fois la main sur sa femme et l'aîné constate les dégâts, il souffre et tente de grandir, malgré tout.

Honnêtement, je pensais prendre une grosse claque, je pensais me retrouver sur le cul, soufflé par la force d'un texte court et renversant. Et bien ça n'a pas été le cas.

Je m'étais imaginé un long poème en prose puissant et habité, je ne m'étais pas trompé, mais il m'a manqué un petit quelque chose, un soupçon d'aspérité sans doute. Il me reste l'impression d'une écriture trop lisse, trop travaillée, trop léchée. Disons qu'il m'aurait fallu davantage de spontanéité et de rage. Je suis resté à distance, pas vraiment emporté, ni par les personnages, ni par l'histoire. Pas simple d'expliquer ce ressenti mais l'évidence s'impose, je me suis par moments ennuyé au cours de cette lecture.

Après, impossible de nier que Guy Boley a une plume élégante, parfois intense, d'une grande musicalité, et que son entrée en littérature à plus de soixante ans laisse augurer de bien belles choses à venir.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Un petit livre, un thème lourd.
Et pourtant rien de grave dans le style, rien de pesant, rien de noir.
Un petit livre plein d'une poésie touchante, aux images simples : le linge qui sèche au vent, les grenouilles dépecées, l'enclume et le marteau, un voile, un drap brodé, une assiette de purée jambon... Autant d'images du quotidien qui se transforment en symboles, du deuil, de la société qui évolue, de la déchéance, de la force ou de l'absence.
C'est la force de ce livre : un petit livre où on lit grand.
Mais, et oui, il y a un mais... des passages très forts, donc mais un démarrage qui m'a semblé vraiment long. La première moitié de ce roman met un temps fou à démarrer. La mise en place des personnages n'en finit pas. À tel point qu'un style qui m'a touchée sur la deuxième partie, m'a carrément semblé ampoulé sur les quatre-vingts premières pages. J'ai presque sombré dans l'ennui.
Cela dit, la deuxième partie sauve vraiment la première et en fermant le livre, l'émotion et la délicatesse des sentiments évoqués l'ont emporté sur cette première impression de longueur.
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Avant de résumer la trame de ce premier roman remarquable a bien des égards, disons quelques mots sur la langue, travaillée ici avec un soin extême, comme de la poésie en prose. Guy Boley a une écriture très visuelle, enrichit son récit de comparaisons audacieuses, sait trouver les raccourcis les plus percutants, les références les plus érudites et entraîne son lecteur dans une épopée mythologique.
Voici donc l'histoire d'un fils de Vulcain, émerveillé par la puissance que dégage son père et par la maîtrise qu'il a sur le feu et sur la matière.
C'est du reste à la forge qu'il se construit et éprouve ses premières grandes émotions. Par exemple le jour où Jacky est arrivé à moto pour seconder son père. Ce «Jacky était un vrai mystère. Un taiseux taciturne au visage sans lumière. Un humain sans parole. Un grand sac de secrets. Ma première statue grecque. Mon premier grand amour.»
Mais voilà que les rêves se brisent quand sa mère lui annonce «sans perdre de temps et sans salir les mots (…) : Ton petit frère est mort». Un événement qui va traumatiser toute la famille : «Les horreurs du monde enfantent des printemps si nous voulons durer au-delà du chagrin.»
Sa mère n'acceptera pas cette absence et continuera à vivre avec son fils décédé à ses côtés. Son père ne comprendra pas cette attitude, essaiera la faire soigner par un psychiatre et finira par sombrer dans l'alcool. Car il comprendra trop tard qu'en levant la main sur son épouse, il a brisé son couple et sa relation avec Jacky qui ne lui pardonnera pas ce geste. La narrateur assiste alors à un combat mémorable entre les deux hommes : «Ils sont la lave toujours vivace de ces ventres de femme qui libèrent des volcans et où des cavaliers, dans des toundras de chair, égarent leurs chevaux.»
La forge est fermée, les locomotives à vapeur sont remplacées par des motrices électriques. Son père se transforme en artisan, vendeur de fer forgé et de volets roulants, le paysage prend des allures uniformes quand les pavillons poussent comme des champignons. Voici les années que l'on nommera Glorieuses : «le roi nommé crédit distribue à la volée de pleines poignées de billets permettant d'acheter des meubles en aggloméré, des tables en formica, de la vaisselle transparente en pyrex, des oreilles de Mickey et des Général de gaulle en forme de tire-bouchon. Et ça consomme plein pot, dehors comme dedans, du sous-sol jusqu'au grenier, sans oublier les réfrigérateurs qui dégueulent déjà leurs mets cellophanés sans saveur, sans odeur, sans effort à fournir pour les servir à table.»
C'est aussi l'époque où il ne saurait être bien vu de choisir les beaux-arts comme métier. La faculté des sciences fera beaucoup plus sérieux pour le jeune bachelier. Il y trouvera toutefois vite la confirmation qu'il n'aime pas les sciences et, plus surprenant, qu'il n'aime pas les femmes.
C'est dans le grenier aménagé pour son frère défunt qu'il avouera son orientation sexuelle à sa mère et que cette dernière lui expliquera qu'en revanche son frère (défunt) a rencontré une jeune fille «pour laquelle il éprouvait des sentiments extrêmement sérieux» et qu'elle aimerait beaucoup assister à leur mariage. Un autre jour sa femme sera enceinte…
Passant des études de sciences à celle des lettres, le narrateur s'ingénie à inventer pour sa mère le roman de cette vie… avant qu'elle n'accompagne son père et leur chien dans la tombe et trouve dans la peinture une thérapie.
Dans ses toiles, il ne sait de quel passé, de quelle victoire, de quelle défaite, quelle joie ou quelle douleur elles sont constitués. En revanche, je sais que son roman est le fruit de tous ces éléments. Un livre forgé avec puissance et élégance, avec rage et exaltation. C'est l'enfer la tête dans les étoiles.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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le narrateur doit faire face au deuil, son petit frère Norbert est mort, laissant leurs parents complétement désemparés.


J'avais découvert la plume de Guy Boley avec son second roman Quand Dieu boxait en amateur, qui avait été un énorme coup de coeur.


Encore une fois ici, ce qui m'a le plus charmé, c'est la délicatesse et le style si particulier de l'auteur.
L'intrigue est somme toute assez classique mais les descriptions du quotidien sont magnifiées, les sentiments décrits avec justesse.
Les personnages font face au deuil de façon différente, quand la mère perd la raison, le père noie son chagrin dans la perdition et le frère est en colère.
Outre le deuil, dans le roman sont abordés les thématiques de l'homosexualité, de l'industrialisation, de la folie. Des sujets passionnants, qu'on retrouve dans son second roman.


Un roman d'une grande finesse, une prose au charme envoûtant, universel et émouvant.
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e vous annonce tout de suite que j'ai été bien surprise de le voir figurer dans la sélection du prix des lycéens Folio. le roman commence en effet avec une lenteur désarmante, qui a fait fuir l'ensemble de mes élèves. Sorte de tableau de campagne vivant et intimiste, le roman s'ouvre sur les souvenirs du narrateur. Fils de forgeron, élevé près de la chaleur rougeoyante de la forge, le jeune garçon raconte sa fascination pour l'activité de son père, entouré de sa mère ainsi que de ses frères et soeurs.
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J'ai bien été tentée de refermer ce livre sans arriver au bout, tant le début m'a semblé digne d'une jolie page de poésie d'un ennui profond. Les longues descriptions du quotidien, empreintes d'une douce mélancolie, m'ont assez vite lassée. Et soudain, sans que je m'y sois préparée, ce petit roman d'une grande pudeur m'a embarquée dans l'intimité de cette famille rongée par le chagrin. C'est une histoire qui se mérite, qui évoque la difficulté du deuil et la cruauté de l'absence. Caché derrière le regard de l'enfant, le narrateur dévoile le parcours qui aura fait émerger l'oeil de l'artiste. Certains passages m'ont même beaucoup émue, et j'ai été surprise de refermer la dernière page avec autant d'attention, alors que ce livre me paraissait insignifiant.
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"Et mine de rien on s'y habitue, à vivre avec un mort-vivant"


Ce roman de Guy Boley, d'inspiration autobiographique est le premier roman écrit par cet auteur français. Cependant il a connu un grand succès et a obtenu sept prix littéraires dont "le Grand Prix SGDL du Premier Roman" et "le Prix Alain Fournier"

le héros et narrateur du livre est un adolescent qui nous fait part du début de sa vie difficile. Sa mère nie le décès de Norbert, le cadet de la famille et continue de lui préparer à manger, de lui acheter des affaires scolaires, et de le border avant de s'endormir. le père du héros, ayant veine fois tenté de raisonner sa mère finit par la laisser faire et se renferme dans sa forge avec son collègue Jack avec lequel il se dispute souvent. le héros finit lui aussi par rentrer dans le délire de sa mère et lui écrit des lettres dans lesquelles il invente la vie de son frère.

J'ai moyennement aimé ce livre dans l'ensemble car le scénario était trop triste à mon gout. J'ai trouvé dommage que tant de malheurs s'abattent sur cette famille ex : ( attention spoil) le réalisme de l'histoire qui je le rappelle est basée sur la vie de l'auteur m'a tout de même ému. Je n'ai pas compris la réaction de la mère du personnage principal : comment pouvait elle embrasser tous les soirs un oreiller sur lequel ne reposait aucune tête ? Je suppose qu'elle avait été traumatisé par la mort de Norbert mais je trouve sa réaction égoïste car elle impose son mode de vie au reste de la famille qui voudrait surement continuer de vivre une vie plus normale. J'admets tout de même que plusieurs passages m'ont plu comme la création de l'arc de métal.

je recommande ce livre aux personnes aimant les histoires tragiques et tristes ainsi qu'aux lecteurs s'intéressant au métier de forgeron. le livre est accessible pour tous les niveaux.

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L'auteur fait exister pour nous le milieu social très modeste de la forge, dans le nord de la France, et nous peint des personnages hauts en couleurs, à commencer par son père, colosse tendre, Jacky, autre forgeron admiré par le petit garçon, les femmes ménagères, soudain pleines de sensualité à l'occasion de la lessive, et surtout la mère, qui refuse le décès du petit frère et continue à le faire exister jusqu'à l'âge adulte. Pour grandir, le héros devra prendre ses distance avec ce milieu puis se réconcilier avec lui.
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Au début je me suis demandée où il voulait en venir. Je partais dans toutes les directions. Et puis je comprends que l'auteur se raconte quand il était petit, il raconte la forge, le père, Jacky, la mort de son jeune frère de cinq ans, la peinture, les femmes, les cheminots et sa mère. Il y a quelques belles pages notamment celles sur les 30 glorieuses mais l'ensemble ne me convainc pas.
Je n'aime pas du tout les mots utilisés quand il parle des femmes et de sa mère alors qu'il semble assez proche d'elle : «… qui les ont mis au monde entre deux cuisses de viande… », « … grenouille hystérique qui surgit … », « Quand mon petit frère est mort, maman a joué sans protester le rôle que l'on attendait d'elle : mère éplorée. », « Elle hocha la tête de façon névrotique, tel un jouet mécanique ou une poule qui picore ».
Il pardonne pourtant à son père d'être ce qu'il est et semble moins le juger et l'aimer plus. La fin est très belle et l'on perçoit enfin sa souffrance. Mais bon je n'ai pas vraiment accrochée. J'ai cherché les tableaux sur le net, je n'en ai pas trouvé, dommage.
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Dès les premières pages, j'ai été happée par ce roman, charmée par son écriture.
On s'immerge dans un mode disparu, très descriptif du quotidien de la province : la forge, les jours de lessive, la cuisson des grenouilles ( là, j'ai moins aimé :), le bruit des locomotives à charbon ...
Puis le progrès s'installe, transformant toutes les choses.
Par moment, on a l'impression d'être comme " immergé " dans un poème, le roman n'est pas triste malgré le deuil et la douleur évoqués dans ce livre.
On ressent beaucoup d'amour dans ce roman, l'amour des parents, du milieu de la forge ...
L'écriture est sublime.
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