En flânant et cherchant des textes d'
André Bucher, dans une librairie…je suis tombée sur ce petit ouvrage où les deux noms de
Guy Boley et de
Pierre Michon m'ont fait un clin d'oeil ! Un très beau souvenir que la lecture de «
Quand Dieu boxait en amateur »…
« le
Funambule majuscule »…qualifié, avec la plus grande admiration, par
Guy Boley , c'est son auteur-référent,
Pierre Michon, qui est comme un « modèle » absolu…Dans cet opus, il nous raconte sa première rencontre avec « son Grand Homme »…dans une librairie de Dijon, où il devait signer un de ses livres, puis suit une lettre de reconnaissance à son encontre, d'hommage et d'évocations personnelles sur le douloureux travail de l'écrivain…qu'il compare à l'art très risqué du Funambule
[ « Art » qu'il a choisi et exercé pendant quelques années…à son corps défendant puisque nous apprenons au fil de ses évocations passées que l'auteur avait le vertige… avait peur de marcher sur les toits… mais, une fois sur son fil, il était dans son élément. Mystère parmi les mystères! ]
Guy Boley évoque sa jeunesse, son amour pour son père, les années 68, son idéalisme, ses espoirs de l'époque, son « boulot de funambule » parmi tous les autres… petits métiers exercés, son désir d'écrire, le choc immense à la lecture des «
Vies minuscules »…ayant fait comme un déclic…dans son parcours de lecteur…, et son parcours, tout court !...
« (...) cet amour d'un bout de fil tendu, cette impossibilité hautaine de pouvoir l'expliquer au -vulgum pecus-., il me semble que ça a quelque chose à voir avec l'écriture. C'est aussi ample, aussi généreux, aussi dangereux, aussi irraisonnable, aussi beau, aussi terrible, aussi orgueilleux et aussi inutile que l'écriture. Et l'on y accède par le même désordre de chemins. » (p. 38)
Pierre Michon et lui, deviennent amis… Pierre M. dans un second temps, répond à la lettre de son admirateur-ami, lui, (nous) raconte une anecdote peu glorieuse de ses débuts d'écrivain à Paris…On constate que pour
Pierre Michon, le travail d'écriture est à la fois « souffrance » et « enchantement »…que nous sommes aussi tous embarrassés par les idées toutes faites quant à « la gloriole » dont le mot d' »Ecrivain » est auréolé. Tour à tour « intellectuel », embourgeoisé, jouant la comédie sociale des salons parisiens, rencontrant
les bonnes personnes, ou « le pauvre gueux » doutant de tout, en marge, disant « NON »… de par, justement, ces images préconçues de l'artiste rebelle, contre l'ordre social ! …Les choses sont à la fois bien plus modestes et dénuées de prestige. Restent le goût immodéré des mots, la souffrance induite par ce travail de l'ECRITURE » et le doute existentiel incessant , exacerbé..!
Une lecture émouvante, respirant toute l'admiration , l'empathie et l'amitié de
Guy Boley, envers son « auteur préféré »,
Pierre Michon….Lecture restant frustrante de par sa brièveté, que nous aurions préféré plus « étoffée », quant aux ressentis face à la « page blanche », à tous les détours que provoque le désir et le besoin d'écrire ! Restent aussi la modestie, l'humilité , la sincérité de
Pierre Michon, écrivain d'immense qualité, n'ayant pas "pris la grosse tête", restant à l'écart de tout "tohu-bohu" médiatique !
[*** intriguée et curieuse du texte de
Jean Genet, "
Le Funambule" évoqué avec enthousiasme par
Guy Boley ]