Dominique Bona (de l'académie française) nous offre une agréable et enrichissante immersion dans le monde de Stéphan Zweig. Cette biographie se traverse en sept chapitres et cinquante sept sous chapitres thématiques , en cinq cents dix pages, voilà pour les statistiques. On y parcours la vie, les passions, la nostalgie d'une Autriche cherie et la décadence inéluctable de l'écrivain, le tout exacerbé par une lucidité destructrice.
La vie de Zweig est indissociable du contexte historique des deux grandes guerres. C'est cette Histoire qui viendra à bout d'un des écrivains les plus lu, encore aujourd'hui dans le monde. Son hypersensibilité intellectuelle et émotive touche de nombreux lecteurs et l'a rendu célèbre malgré lui. En effet, Zweig est un anti héros, il ne se perçoit pas comme un grand auteur, ces repères littéraires et personnages, incarnent plutôt des perdants ou condamnés. Ce qui anime son intérêt, ce ne sont pas les personnages qui ont des histoires de succès, mais plutôt la grandeur intrinsèque des hommes et femmes éprouvés par la vie. Comprendre ces personnages, c'est comprendre Zweig le sensible et l'homme dont la lucidité prémonitoire l'accablera. Chacun des personnages de Zweig, le renvoie à lui-même.
Dans cette biographie, je découvre que Zweig est biographe de personnalités tragiques, de Fauché à Marie- Antoinette en passant par Mari-Stuart ou Magellan, il en donne une lecture intimiste sans s'attarder sur ce qui les a rendus célèbre mais en mettant l'accent sur les caractéristiques qui en font des êtres ordinaires dont le destin aura raison d'eux. Zweig se veut défenseur et reabilitateur de ces "Anti-heros", il est humaniste et refuse tout engagement politique, sa neutralité politique lui sera reprochée par plusieurs de ses amis de long date, Romain Rollant, entre autres.
La biographie de Dominique est captivante, elle met l'accent sur les traits de personnalité de Zweig, on comprend que derrière le génie littéraire se cache une personnalité axée sur sa fonction d'écrivain, il n'est pas fait pour une vie de famille. En effet, son épouse (Friderike) fait office de secrétaire, mais s'occupera également de toutes les tâches ménagères, administratives y compris la vente de la demeure familiale de Salzbourg pour laisser une liberté d'action totale à l'écrivain aux multiples aventures amoureuses. À certains égards on peut se demander s'il n'avait pas plus de compassion pour son idéal d'une Europe unie et fraternelle que pour ses des épouses. Il quittera le monde avec sa deuxième épouse.
Avant cette biographie, ma connaissance de Zweig se résumait à la nouvelle "Le Joueur d'échecs", un bijoux! Désormais, Dominique m'a donné l'élan attendu pour poursuivre l'oeuvre de Zweig, ce sera chose faite.