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Critique de JIEMDE


« S'il y a des hommes par ici, c'est que la montagne les tolère ».
Cette montagne où se niche le petit village de Segurian, c'est justement là que Guillaume a choisi de s'installer après avoir bourlingué, pour y élever des brebis dans des pâturages naturels et sains. Une montagne où les espaces, la flore, les pierres, les loups ou les sangliers vivent en harmonie, tolérant les hommes qui n'y sont que de passage.

Reste que les hommes, eux, ont plus de mal à se tolérer les uns les autres. Au pays des taiseux et du « ici c'est chez nous », l'arrivée d'un étranger passe mal. Au pays des chasseurs, l'entrave, même limitée, à leur terrain de jeu habituel est inacceptable. Au pays des chiens, le mouton n'est pas un ami… Les regards se jaugent, l'incompréhension s'installe, l'incident arrive, le ressentiment devient vengeance, la tension monte et les conditions du drame se mettent inexorablement en place.

La certitude des pierres de Jérôme Bonnetto est un livre qui, à défaut de proposer une intrigue originale, parvient à nous immiscer crescendo dans cette atmosphère naturelle et poétique, tendue et sombre qui n'est pas sans rappeler certaines pages de Jourde, Brunet ou même Maupassant quand il écrit sur la chasse. Il y a en outre, une belle étude de caractères et d'analyse des âmes de ces villageois dont la destinée semble inflexible, à l'image du jeune Emmanuel, porteur d'espérances déçues.

Un regret cependant sur le style, certes puissant, souvent enlevé et passionné, mais parfois à l'excès : j'ai eu notamment du mal avec la profusion d'adjectifs et de métaphores, comme si un mot ne pouvait jamais se suffire à lui-même mais se devait d'être systématiquement renforcé ou comparé, avec une répétition du procédé finissant par lasser. Mais pas au point de gâcher une lecture – gentiment transmise par Séverine - où la bêtise de l'homme se révèle dans toute sa petitesse, ne méritant pas que la montagne le tolère plus longtemps…
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