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Critique de Meps


Si j'éprouve une certaine envie de comparaison avec Asimov quand je lis un auteur, c'est plutôt bon signe. J'aime en effet particulièrement quand la SF se propose de nous interroger philosophiquement sur notre futur et pas seulement de voir des affrontements au pistolet laser ou des voyages inter sidéraux.

Et des réflexions nombreuses, c'est bien ce que nous propose ici Bordage, que je finis enfin par découvrir après en avoir beaucoup entendu parler sur Babelio (il a même un challenge dédié il me semble, c'est dire l'engouement qu'il provoque chez certains). Les questionnements sur les religions, sur l'écologie, sur la sociologie sont très intéressants, et se basent en plus sur une histoire bien menée.

On repassera un peu pour l'originalité du scénario , un vaisseau spatial qui a pour mission d'envoyer coloniser un autre monde parce que le monde d'origine est en train de s'autodétruire, du classique SF. Cependant, la narration est intéressante, avec des en-têtes de chapitre qui reprennent les chroniques écrites de certains personnages témoins, et des chapitres qui sont quasiment autant de nouvelles, instantanés de la vie des héros tout au long de leur voyage dans l'espace. Ce découpage m'a fait un peu penser (on y vient) à la narration utilisée par Asimov dans le cycle de Fondation, où les ellipses permettent d'observer les évènements en se focalisant sur les évènements les plus marquants.

Le choix des personnages principaux est également très intéressant, des criminels sans scrupule face à une ethnie très religieuse, polygame et non-violente, l'opposition vaut le coup d'oeil. le rôle important donné aux personnages féminins, notamment par le biais d'Ellula, est également un choix fort. Même si elles sont malmenées tout au long du récit (ce qui est finalement aussi la dénonciation du sort qui leur est réservé à notre époque), elles sont le plus souvent celles par qui tout parvient à se résoudre, même si je ne doute pas que certains voudront dénoncer certaines scènes de violence particulièrement choquantes.

Les clins d'oeil faits à notre époque sont également nombreux, mais l'auteur sait prendre des contre pieds pour qu'il n'y ait pas analogie complète entre certains des groupes décrits, certaines religions et celles de notre monde. J'ai aussi beaucoup aimé les "pouvoirs" de certains des personnages principaux (je mets des guillemets car vu la façon dont ils les maîtrisent peu, on a du mal à vraiment parler de pouvoir): la prescience du danger de Loello, les visions de l'avenir proche ou du présent d'Ellula (qui en font un peu une Cassandre du futur par moments).

Les personnages sont fragiles, très imparfaits, et donc profondément humains. Même les si formatés moncles, issus d'un projet d'eugénisme par le clonage ne peuvent éviter de dériver, vers un fanatisme pour l'un ou vers l'humanisme pour l'autre.

Etant plus jeune, je m'étais concrètement posé la question de ma candidature pour les missions de colonisation future des planètes éloignées, si jamais notre monde en vient à considérer ce genre de projet comme le seul envisageable. L'aventure me semblait très tentante, peut-être moins maintenant que j'ai fondé une famille. Après la lecture de ce livre, on pourrait se sentir effrayé par les différentes mésaventures survenues aux protagonistes. Mais on peut aussi observer que, malgré les incohérences qu'on peut toujours relever dans ce type de récit, une telle épopée peut également s'envisager en famille, avec le cadeau si l'aventure va au bout que notre descendance soit les pionniers d'un monde à construire, d'une chance de reprendre à zéro en pleine conscience des erreurs commises par les prédécesseurs.
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