AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Rhapsodies (28)

Tous bas, mon âme honteuse
Bénissait ta voix flatteuse.
Commenter  J’apprécie          10
J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers quand j’étais plus heureux ;
De ma joie ennuyé je la trouvais aride,
J’étais las d’un beau ciel et d’un lit amoureux,
Le bonheur est pesant, il assoupit notre âme.
Commenter  J’apprécie          10
RÊVERIES


Extrait 2

Tous, oui ! tous, du grand œuvre, œuvre faible et pâture :
Du détriment jaillit la reproduction
Qui si tôt s’achemine à la destruction. —
Naître, souffrir, mourir, c’est tout dans la nature
Ce que l’homme perçoit ; car elle est un bouquin
Qu’on ne peut déchiffrer ; un manuscrit arabe
Aux mains d’un muletier : hors le titre et la fin,
Il n’interprète rien, rien, pas une syllabe. —
On dit l’homme, ici-bas, pèlerin aspirant :
Soit ! mais quelle est sa Mecque ou bien son Compostelle ?
Les cieux !… auberge ouverte à son âme immortelle…
     Non ! le néant !

Commenter  J’apprécie          10
ISOLEMENT
À Gérard, poète


Sous le soleil torride au beau pays créole,
Où l’Africain se courbe au bambou de l’Anglais,
Encontre l’ouragan, le palmier qui s’étiole
Aux bras d’une liane unit son bois épais.

En nos antiques bois, le gui, saint parasite,
Au giron d’une yeuse et s’assied et s’endort ;
Mêlant sa fragile herbe, et subissant le sort
Du tronc religieux qui des autans l’abrite.

Gui ! liane ! palmier ! mon âme vous envie !
Mon cœur voudrait un lierre et s’enlacer à lui.
Pour passer mollement le gué de cette vie,
Je demande une femme, une amie, un appui !

— Un ange d’ici-bas ?... une fleur, une femme ?...
Barde, viens, et choisis dans ce folâtre essaim
Tournoyant au rondeau d’un preste clavecin. —
Non ; mon cœur veut un cœur qui comprenne son âme.

Ce n’est point au théâtre, aux fêtes, qu’est la fille
Qui pourrait sur ma vie épancher le bonheur :
C’est aux champs, vers le soir, groupée en sa mantille,
Un Werther à la main sous le saule pleureur.

Ce n’est point une brune aux cils noirs, l’air moresque ;
C’est un cygne indolent ; une Ondine aux yeux bleus
Aussi grands qu’une amande, et mourants, soucieux ;
Ainsi qu’en réfléchit le rivage tudesque.

Quand viendra cette fée ? — En vain ma voix l’appelle ! —
Apporter ses printemps à mon cœur isolé.
Pourtant jusqu’aux cyprès je lui serais fidèle !
Sur la plage toujours resterai-je esseulé ?

Sur mon toit le moineau dort avec sa compagne ;
Ma cavale au coursier a donné ses amours.
Seul, moi, dans cet esquif, que nul être accompagne,
Sur le torrent fougueux je vois passer mes jours.
Commenter  J’apprécie          10
L’Aventurier
À D. Krafft.

Ne puis-je donc aller fumer où il me plaira le
cigare de mon existence ?
AUTEUR CONNU.

Ce désert étouffant est donc infranchissable ?…
Voilà bientôt deux nuits que j’ai quitté les bords ;
De l’aube à l’Occident je marche, et n’en suis hors.
Mes deux pieds lourdement s’enfoncent dans le sable,
Et mon bambou se rompt sous le poids de mon corps.

Harassé, je m’assieds, mourant solitaire,
Ainsi qu’une ombre errante aux débris d’un château.
Rien ! pas un seul carbet sur ce vaste plateau.
D’un stupide regard je mesure la terre,
Qui se déploie au loin comme un large manteau.

Rien, que ma soif et moi : quel horrible silence !
Je n’entends que mon râle et le bruit de mon cœur.
Je penche, je faiblis courbé par la douleur.
Dieu ! que l’homme est piteux en un désert immense !
Dieu ! que l’homme est débile au souffle du malheur !

Blasphème, aventurier, pleure, et te désespère,
Au réveil trop cruel d’un trop court songe d’or…
Mon sort est mérité, peut être pire encor ;
Dans la tombe en partant j’ai poussé mon vieux père :
Je voulais l’opulence, et j’embrasse la mort.

Commenter  J’apprécie          10
En extase, enivré, je n’ai plus rien d’humain ;
Sur mon corps allégi mon âme se déborde,
Goutte à goutte en rosée ; et semblable à la corde
D’un théorbe d’argent palpitant sous la main
D’un ange prosterné… sous mes pieds fuit la terre,
Je ne suis plus qu’un son ! un reflet ! un mystère !…
Commenter  J’apprécie          00
À Jules Vabre, architecte

De bonne foi, Jules Vabre,
Compagnon miraculeux,
Aux regards méticuleux
Des bourgeois à menton glabre,
Devons-nous sembler follet
Dans ce monde où tout se range !
Devons-nous sembler étrange,
Nous, faisant ce qu’il nous plaît !

Dans Paris, ville accroupie,
Passant comme un brin sur l’eau,
Comme un vagabond ruisseau
Dans une mare croupie.
Bohémiens, sans toits, sans bancs,
Sans existence engaînée,
Menant vie abandonnée,
Ainsi que des moineaux francs
Au chef d’une cheminée !

Chats de coulisse, endêvés !
Devant la salle ébahie
Traversant, rideaux levés,
Le théâtre de la vie.
Commenter  J’apprécie          00
RÊVERIES


Extrait 1

Tout meurt.
Gérard

Le monde est un pipeur…
Imitation de J.-C. traduction en vers de P. Corneille.


La mort sert de morale aux fables de la vie.
La vie est un champ clos de milliaires semé,
Où souvent le champion se brise tout armé
À l’unième… Or, voilà le destin que j’envie !
Le monde est une mer où l’humble caboteur,
Pauvre, va se traînant du cirque au promontoire ;
Où le hardi forban croise sous l’équateur,
Gorgé du sang du faible, et d’or expiatoire. —
Mort, suprême bourreau !… non, plutôt vide, rien,
Basse fosse où tout va… mort sourde au cri du lâche !
Tous les êtres sont pairs devant ta juste hache,
     L’homme et le chien !
Commenter  J’apprécie          00
Je ne puis l’oster de mon âme,
Non plus que vous y recevoir.
MALHERBE.

Elle étoit de l’âge d’un vieil breuf,
désirable el fraîche.
Béroalde de Verville.


ADROIT REFUS
Extrait 1

Ah ! ne m’accusez pas d’être froid, insensible ;
D’avoir l’œil dédaigneux, le rire d’un méchant ;
D’avoir un cœur de bronze à tout inaccessible ;
D’avoir l’âme fermée au plus tendre penchant.
Vous me devinez peu malgré votre science :
Croyez moins désormais à cette insouciance,
J’aime, et d’un amour vif ; j’en fais l’aveu touchant.

J’aime, en un manoir sombre et carlovingiaque,
Sillonné vers le soir par de rouges éclairs,
Seul, au balcon hardi, d’un luth élégiaque,
Éveiller des accords frémissants dans les airs.

Caché, j’aime à compter les baisers d’une amante ;
À contempler le ciel dans une onde dormante,
Et la lune bercée argentant des flots clairs.

J’aime de cent chasseurs voir la tourbe effrayante ;
La voix rauque des cors tonnant au fond des bois ;
Le hahé des valets à la meute aboyante ;
Puis l’hallali joyeux, les déchirants abois.
Puis, j’aime voir après, quand le soleil décline,
Quelques bons montagnards, au pied delà colline,
Naïvement danser aux chansons d’un hautbois.

J’aime à brûler parfois l’oliban et la manne ;
À savourer aux champs le parfum d’une fleur.
J’aime nonchalamment, sur la molle ottomane,
M’étendre, demi-nu, quand darde la chaleur ;
Prolonger jusqu’au soir la sieste favorite ;
Fumer le calumet, l’odorant cigarite,
Et d’un thé délicat égayer ma douleur.


p.11-12
Commenter  J’apprécie          00
À Eugène Bion, statuaire.


LE RENDEZ-VOUS
Extrait 4

Soudain, il voit une lumière
Qui vers le manoir passe et fuit ;
Un cercueil entre au cimetière,
Un blanc cercueil. — Eh ! qui le suit ?
Horreur ! eh ! n’est-ce pas ton père
Qui hurle ainsi, se traîne à terre ?…
Je t’accusais !… tiens, à genoux :
Poignard que mon sang damasquine
Frappe, déchire ma poitrine !…
Je te rejoins au rendez-vous !!!


p.19
Commenter  J’apprécie          00




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (15) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1230 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}