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Citations sur Rhapsodies (28)

À Alphonse Brot, poète.
MA CROISÉE


Extrait 2

En extase, enivré, je n’ai plus rien d’humain.
Sur mon corps allégi mon âme se déborde,
Goutte à goutte en rosée ; et, semblable à la corde
D’un théorbe d’argent palpitant sous la main
D’un ange prosterné… sous mes pieds fuit la terre :
Je ne suis plus qu’un son ! un reflet ! un mystère !…

Peut-être vous riez tout bas de ce pouvoir
Si magique et puissant d’une voix sur mon âme ?
Le simple frôlement d’une robe de femme
Qui se hâte à lu nuit, suffit pour m’émouvoir.
Une main à bijoux, une gorge où ruissellent
Des perles, des joyaux, me charment, m’ensorcellent !

Ah ! s’il était un cœur ignorant et naïf
Qui n’ait pas ressenti ces philtres, ces ivresses ?
Qui, n’étant pas blasé par le vin, les maîtresses,
Trouve au soleil couchant, un plaisir assez vif…
Qu’il vienne ; je l’attends demain : à ma croisée
Bientôt il sentira sa jeune âme embrasée.

p.56-57
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ADROIT REFUS


Extrait 2

J’aime à bouleverser une bibliothèque,
Fouiller un chroniqueur qu’on a laissé moisir,
Déchiffrer un latin, quelque vieille ode grecque,
Essayer un rondeau, poindre un ange à loisir ;
Puis surtout, d’un festin l’enivrante magie,
L’impudeur effrontée assise en une orgie,
Où s’affaisse mon corps sous le poids du plaisir.

J’aime enfin chevaucher dans les bois, les campagnes,
Sur mon prompt alezan par une nuit d’été.
J’aime des cris de guerre éveillant les montagnes ;
J’aime enfin l’incendie, horrible volupté !
Écraser un tyran sous sa lourde oriflamme !
Au sang de l’étranger retremper une lame,
La lui briser au cœur, en criant liberté !

Ah ! ne m’accusez pas d’être froid, insensible,
D’avoir l’œil dédaigneux, le rire d’un méchant ;
D’avoir un cœur de bronze à tout inaccessible,
D’avoir l’âme fermée au plus tendre penchant.
Vous me devinez peu malgré votre science :
Croyez moins désormais à cette insouciance,
J’aime, et d’un amour vif ; j’en fais l’aveu touchant.

p.12/13
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RÊVERIES


Extrait 3

Autour de moi voyez la foule sourcilleuse
S’ameuter, du néant son haut cœur est marri. —
Dites de ce vieux chêne où va le tronc pourri ? —
Poudre grossir la glèbe. — Et vous, souche orgueilleuse !
Un ogre appelé Dieu vous garde un autre sort !
Moins de prétentions, allons, race servile,
Peut-être avant longtemps, votre tête de mort
Servira de jouet aux enfants par la ville !…
Peu vous importe, au fait, votre vil ossement ;
Qu’on le traîne au bourbier, qu’on le frappe et l’écorne…
Il renaîtra tout neuf, quand sonnera la corne
     Du jugement !
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À ANDRE BOREL.
HYMNE AU SOLEIL

Pauvre bougre !
Jules Janin.


Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
Appeler le sommeil.
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
Je viens user mon écot de soleil !

Là-bas dans la cité, l’avarice sordide
Des chefs sur tout champart :
Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide ;
J’ai payé, j’ai ma part !

Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d’un sire auguste,
Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.

p.49-50
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Hymne au soleil

Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
De mon clandestin mal,
Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
Appeler le sommeil,
Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
Je viens user mon écot de soleil !

Là-bas dans la cité, l’avarice sordide
Des chefs sur tout champart :
Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide ;
J’ai payé, j’ai ma part !

Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste,
Tu verses tes rayons,
Qui ne sont pas plus doux au front d’un sire auguste,
Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.
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Comme une louve ayant fait chasse vaine,
Grinçant les dents, s’en va par le chemin ;
Je vais, hagard, tout chargé de ma peine,
Seul avec moi, nulle main dans ma main ;
Pas une voix qui me dise : A demain.
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Ma jeunesse me pèse et devient importune !
Ah ! que n’ai-je du moins le calme d’un vieillard.
Qu’ai-je à faire ici-bas ?… traîner dans l’infortune ;
Lâche, rompons nos fers !… ou plus tôt ou plus tard.
— Mes pistolets sont là… déjouons le hasard ! ! !
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HEUR ET MALHEUR

À Philadelphe O’Neddy, poète
L’un se fait comte au bas d’un madrigal ;
Celui-ci, marquis dans un almanach.
Mercier.


J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers quand j’étais plus heureux ;
De ma joie ennuyé je la trouvais aride,
J’étais las d’un beau ciel et d’un lit amoureux.
Le bonheur est pesant, il assoupit notre âme.
Il étreint notre cœur d’un cercle étroit de fer ;
Du bateau de la vie il amortit la rame ;
Il pose son pied lourd sur la flamme d’enfer,
Auréole, brûlant sur le front du poète,
Comme au pignon d’un temple un flambeau consacré ;
Car du cerveau du Barde, arabe cassolette,
Il s’élève un parfum dont l’homme est enivré. —
C’est un oiseau, le Barde ! il doit rester sauvage :
La nuit, sous la ramure, il gazouille son chant :
Le canard tout boueux se pavane au rivage,
Saluant tout soleil ou levant ou couchant. —
C’est un oiseau, le Barde ! il doit vieillir austère,
Sobre, pauvre, ignoré, farouche, soucieux,
Ne chanter pour aucun, et n’avoir rien sur terre
Qu’une cape trouée, un poignard et les Cieux ! —
Mais le barde aujourd’hui, c’est une voix de femme,
Un habit bien collant, un minois relavé,
Un perroquet juché chantonnant pour madame,
Dans une cage d’or un canari privé ;
C’est un gras merveilleux versant de chaudes larmes
Sur des maux obligés après un long repas ;
Portant un parapluie, et jurant par ses armes ;
L’électuaire en main invoquant le trépas,
Joyaux, bals, fleurs, cheval, château, fine maîtresse,
Sont les matériaux de ses poèmes lourds :
Rien pour la pauvreté, rien pour l’humble en détresse ;
Toujours les souffletant de ses vers de velours.
Par merci ! voilez-nous vos airs autocratiques ;
Heureux si vous cueillez les biens à pleins sillons !
Mais ne galonnez pas, comme vos domestiques,
Vos vers qui font rougir nos fronts ceints de haillons.
Eh ! vous de ces soleils, moutonnier parélie !
De cacher vos lambeaux ne prenez tant de soin :
Ce n’est qu’à leur abri que l’esprit se délie ;
Le barde ne grandit qu’enivré de besoin !

J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers, quand j’étais plus heureux ;
Maintenant je la hais, et d’elle suis peureux,
Misérable et miné par la faim homicide.
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Fantaisie

(...)
Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Sans nobles, sans conquérants ;
Sans juges à cœur aride ;
Sans famille qui vous bride ;
Et sans héritiers riants !

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Sans honteuse volupté ;
Sans conjugaux esclavages ;
Francs ! volontaires ! sauvages !
Vive votre liberté ! ! !

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !
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Fantaisie

Oiseaux ! oiseaux que j’envie
Votre sort et votre vie !

Votre gentil gouvernail,
Votre infidèle pennage,
Découpé sur le nuage,
Votre bruyant éventail.

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Vos jeux, aux portes du ciel ;
Votre voix sans broderie,
Écho d’une autre patrie,
Où notre bouche est sans fiel1.

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Sans besoin et sans arroi2 ;
Sans ambition qui ronge ;
Sans bastille3 où l’on vous plonge ;
Sans archevêque et sans roi !

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Sans nobles, sans conquérants ;
Sans juges à cœur aride ;
Sans famille qui vous bride ;
Et sans héritiers riants !

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !

Sans honteuse volupté ;
Sans conjugaux esclavages ;
Francs ! volontaires ! sauvages !
Vive votre liberté ! ! !

Oiseaux ! oiseaux ! que j’envie
Votre sort et votre vie !
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