Stéphane Botti signe un texte fin, délicat et puissamment drolatique.
Le jeune narrateur affronte un événement de taille : un long poil vient de lui pousser dans le bas-ventre ! Ce phénomène quelque peu étonnant suscite nombre de questions pour le collégien qui tourne et retourne avec délice toutes les possibilités. Ce nouveau locataire embarrassant serait-il l'indice que l'adolescent est en passe de devenir un héros, tel Batman ou Zidane ? Dans ce cas, il s'agirait d'un honneur tout à fait spécial qui viendrait de lui être fait. Un poil à respecter, tel un trésor. le collégien ferait-il partie d'un clan secret, pouvant se targuer d'être de ceux qui « en ont » contrairement aux imberbes de sa classe ? L'adolescent serait-il en passe de se changer en l'un de ses mannequins velus qui pullulent dans les magazines de mode de sa mère ?
Il lui semble, comme l'écrit si joliment l'auteur, que c'est comme si un « nouveau moi » allait prochainement advenir.
Dans « À un poil près », le jeune narrateur est secret, timide, un brin tourmenté et introverti, ne pouvant se confier à personne sur l'événement le plus important qui vient de lui arriver. Pourtant sa mère et son père sont là mais il est bien entendu impossible d'en parler quand on devient un jeune homme.
En filigrane,
Stéphane Botti décrit avec pudeur et beaucoup de malice tout le mystère de ce moment qu'est l'adolescence. Lorsque le corps se transforme, l'enfant se situe entre deux mondes. Plus tout à fait enfant, pas encore adulte. le corps se déploie, la tête bouillonne. Vers quoi cela mène-t-il ?
Voici un texte que je conseille aux adolescents et aux anciens enfants. On ne peut que se laisser porter par la plume élégante de l'auteur qui manie avec humour les jeux mots pour décrire le souvenir de ce moment charnière. le lien qui relie l'enfance à l'âge adulte est ce fil, ce poil incongru, témoin du passage entre deux mondes.