Ça tient, les options politiques, l'engagement dans un sens, dans l'autre, parfois du hasard. On était tel jour, tel endroit... On a rencontré celui-là plutôt que celui-ci, et tout est joué.
" Le progrès, je le rencontre bien chaque jour avec ses brosses à dents électriques, ses machines à laver les pieds de cochon, ses petits gadgets, ses médicaments miracle, ses mouchoirs en papier cul... seulement, dans les moeurs, ça ne paraît pas éclatant de lumière ce que nous avons gagné depuis deux trois siècles. On ne torture plus en place de grève certes, ce n'est plus permis, mais on se rattrape au fond des caves en hypocrite. Les guerres nouvelles, tout y est bon, tous les coups pour anéantir l'ennemi... Les villes rasées au napalm, les camps d'extermination, les otages, le terrorisme... les bombes à retardement dans les voitures d'enfant. Plus de civils, plus de femmes, plus d'uniformes! On se tue de face, de profil, par-derrière, à droite à gauche, par en-dessous... sur le palier... entre la cuisine et la chambre... à même la famille! On pend les vaincus au nom du père et du petit père et de l'Oncle Sam."
Comment s'appelait-il autrefois ce cinéma ? Je me gratte...n'arrive plus à me souvenir. Il fait l'angle de la rue du Moulin de la Pointe et de la rue du Docteur Laurent. J'y allais souvent le samedi soir, comme dans la chanson, après le turbin.
L'Histoire, lorsqu'on a le nez dessus... dedans, je dirais même, on n'y voit rien, on ne s'occupe que des détails.
Sans la pilule ça serait encore un gros péché de tringler hors des liens conjugaux... sans papa Fleming, sa pénicilline, certaines maladies seraient encore honteuses, ô combien!
Je pense à présent qu'il faut se conduire toujours en homme du monde avec les putes et souvent en julot avec les bourgeoises.
...et puis le miracle...la Môme Piaf à ses débuts...Il se passait quelque chose d'inoui lorsqu'elle attaquait La fille de joie est triste au coin de la rue là-bas ! Un silence dans la salle...l'émotion retenue en suspens. On était littéral sous le charme...ça participait de la magie. Des moments que je retrouve encore un peu lorsque sa voix sort d'un poste de radio à l'improviste. La voix, dirait-on, des entrailles de la rue, de Paris...la voix des sombres histoires de malfrats et de putes, de bonniches séduites par le charmeur de pacotille... des amours toujours à la musique de fête foraine...le cœur pain d'épice percé d'une flèche en sucre ! Les pauvres sentiments des pauvres qui ne peuvent s'exprimer qu'à la goualante naïve de la rue sans joie.
A la dérobade, tout de même, je frime la noiraude... sa dégaine...elle est en pantalon. A l'époque c'est rare une gonzesse avec un futal comme un homme...mal vu...ça prête aux interprétations...qu'elle croque de la gousse. Elle a pas du tout l'air mimi-pince-fesses.
C'est, il me semble, dans les bonnes manières de faire sentir aux jolies mômes la dureté de son affection, toute son ardeur bandative !
Ce qui nous a changés, à vrai dire... enfin, dans les signes extérieurs, les coutumes, la morale, c'est plutôt le train, l'automobile, l'électricité, le butagaz... la brosse à dents... la publicité de savon pur odor qui nous a poussés à nous laver le fion.