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Jérôme Le Thor (Autre)
EAN : 9782235002837
316 pages
Tallandier (30/11/-1)
3.78/5   63 notes
Résumé :
Rois de la débrouille, ces combattants du petit bonheur, Phonphonse, Musique, Neunoeil, Milo, nouveaux Pieds-Nickelés, traversent les noires années de guerre armés de cet esprit de drôlerie qui en fera des héros malgré eux. Voici le vol de la bicyclette d'un feldgendarme, larcin bien encombrant. Voici de méchantes explications nocturnes dans la rue, avec des copains passés de l'autre côté. Voici aussi le coup de projecteur inattendu sur l'enfance abandonnée du petit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Curieusement, c'est la saga des Sadorsky de Romain Slocombe qui m'a donné envie de lire le roman autobiographique d'Alphonse Boudard, et plus précisément l'ouvrage intitulé - L'inspecteur Sadorsky libère Paris -, un livre fruit de recherches sur la libération de la capitale en août 1944 et la volonté romanesque de donner une suite aux aventures de son personnage principal.

J'avais chroniqué en son temps ce livre de Slocombe - le moins bon, à mon sens -, dans lequel le petit inspecteur adjoint, flic gestapiste, criminel multirécidiviste, collabo antisémite... j'en passe et pas des plus reluisantes ..., était au coeur, au centre devrais-je dire, de cet évènement historique.
Slocombe avait eu l'idée - à défaut je suppose d'en avoir trouvé une meilleure -, de faire courir à pied ou sprinter à bicyclette à travers Paris le fâcheux afin qu'il se retrouve "instantanément" sur place, qu'il entende ou qu'il voie de manière panoramique l'intégralité des évènements qui marquèrent cette libération historique.

Le résultat fut que cet excès rendit grotesque le narratif de cet évènement majeur de notre histoire, créa un effet Bip-Bip ( vous savez le coyote dans le dessin animé...), un mélange almanach encyclopédie pour les nuls... mais aussi un besoin - un mal pour un bien - d'aller à la rencontre d'un témoin authentique ayant vécu et participé à cette libération. Mais pas un personnage historique d'envergure, non, un gamin de Paris, un petit poulbot de Paname, un môme du XIIIème. Pas un Gavroche - trop romantique -, non, un quidam, un inconnu, un anonyme mais pourtant ...
Et voilà comment je me suis retrouvé me délectant de l'histoire vraie, elle, d'Alphonse Boudard.

Boudard se balade en voiture à la fin des années 70 dans son Paris qu'il ne reconnaît plus ; beaucoup de commerces ont été remplacés par des cinémas pornos, des sex shops, des grandes surfaces... là, avant la guerre il y avait...
Et nous voilà plongés en 1938 dans le XIIIème arrondissement de Paris.
C'est encore pour beaucoup l'insouciance, le désir farouche de ne pas y croire... mais le bruit de bottes se rapproche.
La drôle de guerre s'invite, puis c'est la débâcle, l'exode, le retour dans Paris occupé.
Quatre longues années de "Maréchal nous voilà" avant que le géant de la France libre boute, avec l'aide des alliés et de la résistance, les Allemands hors de Paris ...
"Nous sommes ici chez nous dans Paris levé. Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière ; c'est-à-dire de la France qui se bat."

Boudard la gouaille libre et insolente, Boudard l'argot littéraire ( j'insiste !) nous offre l'occasion de feuilleter son album de souvenirs qui vont de 1938 jusqu'à la libération de Paris.
C'est un témoignage touchant, drôle, bouleversant de sincérité qu'il nous offre à hauteur "d'homme".
Ça grouille de vie et de vies... C'est l'histoire écrite à l'encre de ces vies oubliées aujourd'hui mais qu'il réussit à faire revivre avec un souffle balzacien, un souffle cinématographique qu'auraient mis en scène un Carné, un Renoir, un Duvivier et dont il aurait lui-même écrit les dialogues.

Ce roman autobiographique est une pépite de vie dans une époque où la mort était élevée en idéal suprême. Cette vie nous est rapportée à travers le regard et le vécu d'un jeune adolescent plus préoccupé par les fesses des femmes que par la place qu'il laissera dans l'histoire.

L'argot d'Alphonse Boudard est un peu déroutant, incommodant, en tout début de lecture, puis s'installe et finit par s'imprégner... au point qu'au sortir du bouquin on l'entend encore qui chante dans notre tête et l'on se prend à regretter de ne pas maîtriser une si belle langue...

Un livre majeur pour qui aime les mots, les grands livres, les grands auteurs, l'histoire à hauteur d'êtres humains.



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Titre : Les combattants du petit bonheur

Auteur : Alphonse Boudard

Année : 1977

Résumé : L'engagement dans les rangs des FTP, la résistance, la libération de Paris, par une bande de pieds nickelés.

Mon humble avis : Quel plaisir, quelle découverte, quel style ! Il y avait très longtemps que je n'avais pas lu un texte aussi original, abouti, burlesque, haut en couleur. de Boudard, je ne connaissais pas grand chose, seulement quelques impressions glanées ça et là. Et puis la lecture, le plaisir immédiat. Dès les premières pages, j'ai été happé par un langage fleuri, un style incomparable. Il y a du Céline chez Boudard, du Céline saupoudré de tendresse, d'humour, du Céline light si je peux me permettre cette expression. C'est truculent, cruel, argotique, ça déborde, ça défouraille dans tous les coins. Il y a du cul, du sang, des destins qui basculent par hasard, par lâcheté. La frontière entre héros et collabos était tenue, et l'auteur Parisien est là pour nous le rappeler. À priori, Boudard est un auteur oublié, un écrivain du siècle dernier qui n'intéresse plus personne. Si ces quelques lignes pouvaient modestement participer à ce que la jeune génération se penche sur son cas, j'en serais ravi et honoré. Découvrez Boudard les amis, vous ne le regretterez pas.

J'achète ? : Évidemment que oui. Pour ma part, je me lance dans la lecture d'une autre oeuvre de Boudard et croyez-moi, j'ai hâte ! Sur le même sujet, je ne peux que vous conseiller cet article brillantissime d'un ami blogueur : thebinarycoffee.blogspot.com .
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Les Combattants du Petit Bonheur/Alphonse Boudard/Prix Renaudot 1977
« …Cette situation d'enfant naturel, ça m'a pas trituré métaphysique. Je suis le fils de rien, de personne…je ne m'en sens que plus libre de mes mouvements…je m'en suis toujours parfaitement arrangé. Pourtant en ce temps, c'était une sorte de tare. On était le produit de l'amour défendu…J'ai appris très vite à tricher… Dès le début, à la communale avenue De Choisy, je me suis toujours abouché, acoquiné avec la fine fleur du ruisseau. Mes classes je les ai suivies dans le fond, près du poêle…en compagnie des attrapeurs de mouches, des idiots, des malpolis, ceux qui jactent l'argomuche… »
Dès l'entame de ce récit conduit avec une verve argotique incomparable, Alphonse Boudard nous confie la tache de sa biographie, celle qu'on ne peut jamais effacer, mais dont il a su s'affranchir sans état d'âme. de 1938 à 1944, il a vécu sept années avec sa bande de copains et nous offre alors un récit plein d'humour, d'ironie et d'émotion de cette période, une chronique de temps de guerre quand on a entre 13 et 19 ans. Roi de la débrouille et as du marché noir pour survivre, il vécut l'Exode avant de rejoindre plus tard les maquisards dans la région de Pithiviers. Il a des rêves de grandeur plein la tête, et aussi des petits projets crapoteux, car il aime le risque et souventes fois il a le trouillomètre à moins quarante. Ne dédaignant pas de fréquenter les maritornes et autres filles faciles des bas quartiers, il est comme ses copains obsédé par le sexe…ce qui nous vaut des passages d'une haute tenue quant à la façon de s'y prendre pour faire cela dans un recoin de porte cochère.
En fait Boudard n'écrit pas, il nous parle à chacun d'entre nous, nous prend à témoin sur le ton de la confidence : « Pour bien vous narrer, chalands attentifs…vous faire aussi marrer, j'espère, il faut que je remette un peu d'ordre dans la chronologie des choses… » Les clins d'oeil ne manquent pas, aussi bien à Brassens qu'à Baudelaire et même Sartre et bien d'autres écrivains et hommes célèbres.
le temps passe, la guerre se poursuit, il faut être blindé contre la chtourbe et ruser pour la vaincre au jour le jour, et notre héros veut à tout prix rejoindre la Résistance avec son groupe de copains. Ils sont bien là les combattants du petit bonheur, farauds, bravaches avec leurs pétoires démodées, derrière les sacs de sable…le doigt sur la détente ! L'époque est à la méfiance et on se défie de tout nouvel arrivant qui peut être un sycophante déguisé. Et puis il faut bien se donner du bon temps avec les pavutes racoleuses même en temps de guerre qui voit les Parisiens comme les autres s'envoyer en l'air : « La constante … les catastrophes…guerres…inondations…tremblements de terre…le bipède trouve l'occase de copuler…que son sperme jaillisse joyeux ! L'instinct toujours…le bas…tant pis ! » Et puis il y a la façon de faire avec l'expérience : « je pense à présent qu'il faut se conduire toujours en homme du monde avec les putes et souvent en julot avec les bourgeoises. »
Au delà de son aventure personnelle durant la libération de Paris, Boudard nous montre la face cachée ou tue de cet épisode parfois rocambolesque, une incroyable pagaille dans l'incohérence la plus totale durant laquelle chacun faisait un peu n'importe quoi en jouant au héros gradé : « …tellement à présent il y a de colonels qu'on s'y retrouve plus…super-colonel F.F.I…le nouveau grade !
Et puis les Américains sont entrés dans Paris : « À pinces je suis remonté à travers le populo qui se massait sur le passage des Amerloques. Jamais vu pareilles réjouissances publiques…Ç'aurait pu être la fête la plus extraordinaire, la plus grandiose sans conteste…Seulement la grande chasse aux traitres, aux collabos était ouverte. Tout un secteur de vilenies, de reniements, de délations, d'atrocités. C'est devenu très vite immonde, impitoyable, injuste très souvent, sans rapport avec les actes reprochés. Les plus mouillés, les plus marles n'avaient pas attendu qu'on vienne les chercher à domicile au petit jour. Restaient alors les imbéciles, les gogos, le menu fretin. La France avait tout de même besoin d'exorciser ses gros péchés maréchalistes, de se les laver dans le sang si possible. Il lui fallait des victimes expiatoires. Les premières, les plus faciles, ce furent les femmes, les collaboratrices du lit de l'occupant, les horizontales…Autour, il y avait, parmi les hurleurs, les bourreau, d'affreux petits mâles complexés, déçus…bien des rancoeurs de calcif…des instincts sadiques qui se réveillaient…se donnaient libre cours…des choses qui remontaient du fond de l'égout… » Une triste époque évoquée avec une verve inimitable, pleine d'un humour des rues, une chronique sans concession, un témoignage vécu au plus près de l'action par des héros malgré eux, un livre émouvant et prenant.
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Les combattants du petit bonheur : comme ce titre sonne bien, comme il vibre bien avec le contenu. On a tous lu des livres racontant la seconde guerre mondiale. je trouve que celui-ci nous éclaire bien sur le quotidien des civils à Paris durant cette période. Pas d'emphase ni de grandiloquence, pas de mélo juste de la lucidité et du rire à la sauce Boudard. Pauvre France que cette France pauvre, voire très pauvre, vivant d'expédients, de combines un peu louches, très machiste. Rien n'était rose surtout pas pour les femmes. Mais Boudard nous fait rire avec son argot truculent mêlé de mots relevés et d'allusions littéraires. Il a l'honnêteté d'analyser les situations et de dire combien le hasard pouvait faire pencher la balance d'un côté ou d'un autre : collabo, résistant, les deux, rien du tout, opportuniste. Il écrit en 1977. Il regarde avec l'oeil ironique ou désolé de celui qui s'est extirpé de la mêlée.
Cela reste ses années de jeunesse, celles que l'on oublie pas, où on est à la recherche des petits bonheurs, du petit bonheur, au petit bonheur la chance.
Les amoureux de la langue, des langages et des mots aimeront Boudard.
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La Résistance et ses jactances, l'Occupation et ses truandages, l'engagement au petit bonheur - avec les petits potes, joie et désir -, la vie d'un quartier populaire, le XIII, avec sa misère et sa mémoire des luttes. Dans une langue fleurie, délicieusement argotique et avec la gouaille et le sens insoumis de la provocation allant de pair, Alphonse Boudard donne à voir, sentir et toucher, une époque. Les combattants du petit bonheur s'offre comme un témoignage précieux qui parfois s'égare dans le relativisme moral d'une comparaison un rien trop automatique avec son époque d'écriture.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
" Le progrès, je le rencontre bien chaque jour avec ses brosses à dents électriques, ses machines à laver les pieds de cochon, ses petits gadgets, ses médicaments miracle, ses mouchoirs en papier cul... seulement, dans les moeurs, ça ne paraît pas éclatant de lumière ce que nous avons gagné depuis deux trois siècles. On ne torture plus en place de grève certes, ce n'est plus permis, mais on se rattrape au fond des caves en hypocrite. Les guerres nouvelles, tout y est bon, tous les coups pour anéantir l'ennemi... Les villes rasées au napalm, les camps d'extermination, les otages, le terrorisme... les bombes à retardement dans les voitures d'enfant. Plus de civils, plus de femmes, plus d'uniformes! On se tue de face, de profil, par-derrière, à droite à gauche, par en-dessous... sur le palier... entre la cuisine et la chambre... à même la famille! On pend les vaincus au nom du père et du petit père et de l'Oncle Sam."
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Bec d'Aigle...dont je ne sais plus le vrai blase... à la libération il s'est fait coincer, alpaguer par une foule furieuse... en uniforme de la milice. Châtié séance, sans tribunal, sans appel... roué de coups, lynché... jeté pantelant, déjà quasi mort sous les chenilles d'un char Sherman, le 25 août 1944. Il ne lui reste donc même plus trois ans à vivre, ce soir-là ! Il a raison, il croit, il est beau comme un blockhaus ! ... sûr de ce qu'il dit ... sincère con et déjà vaincu dans les astres ! Il aura pas le temps de faire ouf, de leur expliquer aux vengeurs du 25 août qu'il est socialiste, révolté anti-bourgeois... les chenilles judéo-anglo-saxonnes le réduiront encore plus bouillie qu'il aurait pu me réduire avec ses copains si j'avais pété de traviole. Difficile maintenant de l'accabler, son sang s'est confondu avec celui des autres, ses ennemis et puis ceux d'avant... de la commune !... le sang des pauvres et des imbéciles qui se trouvaient là au mauvais moment !
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...et puis le miracle...la Môme Piaf à ses débuts...Il se passait quelque chose d'inoui lorsqu'elle attaquait La fille de joie est triste au coin de la rue là-bas ! Un silence dans la salle...l'émotion retenue en suspens. On était littéral sous le charme...ça participait de la magie. Des moments que je retrouve encore un peu lorsque sa voix sort d'un poste de radio à l'improviste. La voix, dirait-on, des entrailles de la rue, de Paris...la voix des sombres histoires de malfrats et de putes, de bonniches séduites par le charmeur de pacotille... des amours toujours à la musique de fête foraine...le cœur pain d'épice percé d'une flèche en sucre ! Les pauvres sentiments des pauvres qui ne peuvent s'exprimer qu'à la goualante naïve de la rue sans joie.
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Ça tient, les options politiques, l'engagement dans un sens, dans l'autre, parfois du hasard. On était tel jour, tel endroit... On a rencontré celui-là plutôt que celui-ci, et tout est joué.
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Comment s'appelait-il autrefois ce cinéma ? Je me gratte...n'arrive plus à me souvenir. Il fait l'angle de la rue du Moulin de la Pointe et de la rue du Docteur Laurent. J'y allais souvent le samedi soir, comme dans la chanson, après le turbin.
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Videos de Alphonse Boudard (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alphonse Boudard
21 novembre 2009 :
Mot de l'éditeur :
« Je regrette de ne pas lavoir butée pendant quil en était encore temps. Nul besoin de réfléchir ni délaborer le crime parfait. Plus cest gros mieux ça passe.

Elle faisait le ménage monsieur le commissaire. Elle a dû glisser sur le carrelage quelle venait dastiquer. On pouvait lui reprocher bien des choses, mais une vraie petite fée du logis, une maîtresse-femme. Quest-ce qui sest passé? on ne le saura jamais. Mauvais contrôle du pied dappui, fort justement monsieur le commissaire, le coup du lapin. La faute à pas de chance, encore une fois.

Jaurai dû lui mettre un grand coup derrière sa gueule alors que tout le monde ignorait encore notre différent. Les Boulard ? Un exemple pour tous les couples modernes. Jamais un mot plus haut que lautre, aimables avec les voisins, bonjour et bonsoir. Jaurai utilisé le cendrier en granit de Bénodet. Jaurai pris mon élan, de toutes mes forces et de toute ma rage, pour la frapper à larrière de son crâne vide. Plus tard, bien plus tard, jaurai appelé le SAMU. Oui, ça a dû se passer il ny a pas bien longtemps docteur. Mais jétais en train de bricoler dans le garage, je nai rien entendu parce je perçais des trous dans de la tôle. Cest que je construis un cabanon pour abriter les outils de jardin. Ce nest pas que jai beaucoup de terrain, mais ça me détend de pratiquer lart potager. Et puis, cest pas les légumes quon trouve dans le commerce. Des saveurs et des parfums incomparables. Ah oui, ma femme. Quand jai constaté, il devait déjà être trop tard. Enfin, je ne suis pas médecin. Je ne peux pas juger, mais elle était très pâle. Quest-ce que vous en pensez docteur?

Lélectrocution à la machine à laver, cest pas mal non plus. Combien de femmes disparaissent chaque année alors quelles accomplissaient leurs tâches domestiques? Elle avait grand soif, mais elle avait la manie de stocker les produits pour déboucher les cabinets dans des bouteilles deau minérale. Elle faisait les vitres au troisième étage un jour de grand vent. Elle préférait le bain à la douche, pourtant elle sétait toujours refusée à apprendre à nager. Elle avait la manie de garder près delle une bougie pour la sieste.

Ca fait trois lignes, dans les journaux, à la page des faits divers. Personne ne sen émeut. Sinon les proches, évidemment, car le plus dur cest toujours pour ceux qui restent.
elle est tombée à la renverse, sa tête a porté contre le rond des chiottes. Une belle mort, elle ne sest pas vue partir. Exactement, comme vous dites »

Lorsquil écrit, lorsquil se laisse porter par le jaillissement des mots, Serge le Vaillant ne manque pas de soumettre ses textes à lépreuve du « gueuloir » de Flaubert, de les lire à haute voix pour mieux les fignoler. Ancien capitaine au long cours, grand homme de radio, grand chef dorchestre des nuits de France Inter, cet orpailleur de la langue française, quelle soit verte ou noire, est un magicien. Il na pas seulement le talent de conteur dun Gérard Sire ou dun Jean-Pierre Chabrol. le culte des mots ciselés, des mots torchés, la faconde dune prose féconde, le sens de lorgie verbale.
Ses textes ont le verbe acide et tendre, le verbe au goût de pomme dApi, celui qui baptise et qui tue, qui bénit et qui excommunie, qui conjure et qui absout, qui enfante et qui explose, qui hurle et qui chuchote, qui pleure et qui pavoise. Serge Levaillant appartient à la lignée des Rabelais, des Villon, des Rostand, et plus près de nous des Céline, Léon Bloy, Auguste le Breton , Albert Simonin, Francis Blanche, Alphonse Boudard, Michel Audiard, et autres Frédéric Dard. Il est un magicien, un orpailleur de la langue, quelle soit verte ou noire, ciselée ou torchée : avec lui les mots croustillent. Ils mordent, ils aboient, ils cajolent. Ils sont tour à tour tendres et cruels, nourris de vinaigre et de miel, de gifles et de caresses. Ils décapent. Ils émeuvent. Ils déchaînent des crises de rires et de jubilation. Ils touchent à la fois nos coeurs et nos zygomatiques.
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