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Critique de Bookycooky


Les années 60, la Russie communiste de Khrouchtchev, et de Brejnev à partir de 1964. Dans un décor burlesque, Iouri Bouïda, campe son enfance dans une petite ville de la région de Kaliningrad, l'ex-Prusse orientale, où le sexe, les toilettes, le barbier...., bref la vie quotidienne dans tout ses états n'est que violence, désolation et débauche, imbibée d'alcool, le tout fortement adouci par un ton fort ironique.
Bouïda, enfant, lit tout ce qui lui tombe sous la main, surtout les livres à brûler que son père, directeur adjoint de la fabrique de papier de la ville, récupère à la Décharge; “tantôt Jules Verne, tantôt Stevenson, Edgar Poe, ou La Plutonie d'Obroutchev. Une fois, il m'a apporté un volume humide et boursouflé du Décaméron de Boccace....J'aimais les mots, surtout les mots nouveaux, les expressions incompréhensibles".
Une histoire autobiographique peuplée de personnages qui semblent échappés de contes russes, ukrainiens, biélorusses .....comme le forestier charitable au trois femmes, le Poids-Lourd, tombeur de femme, sur la tombe duquel trône le volant de son camion astiqué toute une vie, la Cammioneuse, spécialisée en cammioneurs, aux enfants aux différents pedigrees, la grassouillette Mila qui regarde les étoiles chaque soir pour mettre de l'ordre "dans son cosmos personnel ",..... et de femmes très libertines pour le plus grand bonheur de Iouri, dont Xenia, la traînée de la ville qui pour ses beaux yeux cessera de se maquiller impitoyablement.
Négligeant ses études, Bouida quitte les chemins battus, pour prendre le temps de lire et écrire. Sa passion pour la lecture et les rapports humains l'aident à développer, élargir son esprit et l'écriture à survivre, « Écrire des histoires n'était pas seulement pour moi une exigence intérieure (même si c'était avant tout cela), mais aussi un moyen de survivre,......J'étais un homme avec une double citoyenneté.».

A travers la grande farce tragique, pour ne pas dire l'horreur, que fût le communisme, “un enfer sans couleur, sans goût et sans odeur”, auquel d'ailleurs Bouida « participera », pour pouvoir avoir un minimum de niveau de vie décente, c'est l'histoire d'une vie qui n'en est pas moins tragique, truffée d'anecdotes insolites, (comme passer le Nouvel An dans une cabine de camion à côté d'un cadavre, en lisant Montaigne, les pieds posés sur un sac rempli de..., ou la Joconde découpée dans La Petite Flamme), et paradoxalement agrémentée d'une prose pleine de verve. Il fait rire, désole, dégoûte, surprend....aucun temps mort....son optimisme m'a éblouie ! Excellent !


"Quand je lui ai révélé que je voulais devenir écrivain, elle a dit : « C'est un métier de voleur, d'espion et d'assassin.....non seulement je me considérais comme un voleur, un espion et un assassin, mais je l'étais vraiment, je n'étais que cela et rien d'autre.”
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