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Critique de Alcapone


Toutes les nouvelles de ce recueil sont inspirées des expériences personnelles de Mikhaïl Boulgakov. Écrits entre 1916 et 1926, ces textes témoignent d'un esprit profondémment angoissé. Comme s'il n'avait retenu que l'absurdité et l'horreur des événements marquants de cette Russie alors en plein déclin (chute du tsarisme et guerre civile en Ukraine en 1919), Boulgakov traduit avec désarroi les doutes qui ne cessent de hanter son âme. Abandonnant son scalpel au profit de la plume, le médecin devenu auteur, livre dans ce recueil des récits sur lesquels plane dangereusement l'ombre de la folie. " Ainsi a pu naître, chez l'écrivain soviétique, ce que l'on a appelé son " fantastique noir ", c'est à dire la prolifération de formes sombres, insolites et déroutantes, parfois hallucinatoires et diaboliques, un monde de fantasmagories d'une angoissante absurdité que pourrait illustrer la célèbre phrase de Goya " le sommeil de la raison engendre les monstres " (extrait de la préface de Nicole Chardaire).

De ces cinq nouvelles où la fiction le dispute au réalisme, celles que j'ai préféré sont La couronne rouge et L'éruption étoilée. J'imagine que ce ne sont pas les textes les plus significatifs du " fantastique noir " de Boulgakov mais ils m'ont semblé refléter les traumatismes et les tourments de l'auteur : culpabilibité, folie, désespoir pour La couronne rouge (publié en 1922) et solitude et maladie pour L'éruption étoilée (rédigé au début des années 1920 mais publié en 1926), ces deux textes marquent deux événements décisifs dans la carrière de Boulgakov. L'éruption étoilée qui évoque sa vie de jeune médecin à la campagne annonce en effet sa spécialisation dans la vénérologie (on notera cependant que contrairement à d'autres textes, cette nouvelle ne sera pas intégrée aux Récits d'un jeune médecin). La couronne rouge qui sera intégrée à un chapitre historique du roman Maître et Marguerite, signe quant à elle, la reconversion définitive de Boulgakov à l'écriture. Bien que ces textes soient courts, j'en ai apprécié le ton et la portée car ils se réfèrent implicitement à l'histoire d'une Russie alors minée par la Révolution bolchévique et divisée par la guerre civile (russes rouges contre russes blancs). Je n'ai pas trouvé ces nouvelles percutantes (peut-être Boulgakov s'est-il auto-censuré ?) mais à la manière d'une invitation timide, elles incitent à approfondir la lecture de l'écrivain russe qui venait de Kiev...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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