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"J'ai tué" est un recueil de six nouvelles de Mikhaïl Boulgakov parues dans différentes publications soviétiques entre 1922 et 1926, soit aux débuts de sa 'carrière' littéraire. le choix des nouvelles est pertinent. Il permet d'aborder les thèmes majeurs de l'auteur, notamment ceux développés dans "la Garde blanche" dont la publication périodique a débuté en 1926. Boulgakov a trouvé la matière de ses nouvelles dans ses expériences personnelles les plus marquantes.

C'est le cas dans la nouvelle ''j'ai tué'' où le narrateur, un jeune médecin, se voit réquisitionné par l'armée en déroute de Pétlioura. Les soldats sèment la terreur dans les rues de Kiev.

Deux autres récits sont inspirés par la guerre civile :
- "la couronne rouge" : un homme part au front chercher son frère. Il le laisse mener un dernier assaut qui lui sera fatal. Evènement qui le traumatisera et lui fera perdre la raison,
- "le raid" raconte l'attaque de sentinelles par des soldats de Pétlioura. L'une des sentinelle, guidée par la lumière d'une lanterne, parviendra à survivre.

Quant à "l'éruption étoilée", la nouvelle est présente dans le recueil "récits d'un jeune médecin". Tout juste diplômé en médecine, Boulgakov a travaillé plusieurs mois dans un hôpital de campagne. Il raconte comment un jeune médecin, sûr de son diagnostic, parvient à guérir de la syphilis des paysans réfractaires.

Dans "Le feu de khan Tougaï", un noble revient secrètement dans son palais au cours d'une visite guidée, quelques années après la Révolution. Il est horrifié par l'irrespect des autres visiteurs et par le projet de transformer certaines pièces en bibliothèque. Prenant conscience que le changement est irréversible, il préfère mettre le feu à son palais.

Le dernier récit est le plus surprenant par sa douceur et sa simplicité. Dans un logement communautaire, un homme accueille le fils d'une voisine, il tente de faire prendre conscience à la mère que son conjoint ne reviendra pas et lui propose de s'unir à lui.

Pour conclure, ce recueil est une excellente introduction à l'oeuvre de Boulgakov. Les nouvelles sont accessibles, variés et d'une grand qualité littéraire.
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"Tuer un chien méchant est même une très bonne action" (*)

Boulgakov est alors médecin dans cette période post- révolutionnaire russe qui ouvre à la guerre civile. Il conçoit à partir de ces bouleversements vécus, en tant qu'écrivain cette fois en 1926 sa nouvelle semi-autobiographique sur le choix fatal de son protagoniste de passer à l'action. L'ambiguité de sa situation, de la situation, repose sur des forces antagonistes qui s'affrontent en Ukraine avec une violence extrême, les troupes de Petlioura, les bolcheviks et les troupes blanches de Denikine. Eu égard à cette abomination qui s'abat sur son pays, les bolcheviks lui apparaissent plus enclins à l'entendre, ce sont les premiers à déloger les séparatistes ukrainiens. de deux maux le moindre.

C'est dans cet imbroglio total que l'homme apparaît : le docteur Iachvine face à son destin, il ne se résigne nullement à son sort, et va justifier son action dans le crime, le crime commis sur un colonel, sinistre individu aux ordres de Petlioura. L'intellectuel Iachvine s'efface devant le combattant et nous révèle sa vérité ..

L'entrée en matière s'opère comme dans un univers gogolien et au fil des pages Boulgakov décline sa prose singulière. envoutante..

Pour la petite histoire, Boulgakov abandonne son activité de médecin pour celui d'écrivain dans les années 1920. il s'essaie à la nouvelle et pas qu'un peu, considérons ses premières comme des exercices parfois brillants comme ici, son témoignage, son regard sur l'époque tant débattue est de premier ordre. Il faut lire les nouvelles russes, elles permettaient de se faufiler dans les revues à bon compte et n'étaient nullement conçues comme ici : seul le nombre de pages permettait de les identifier, elles recueillaient un franc succès auprès des russes et furent bien souvent un moyen de subsistance.. (Tchekhov gagnait plus à écrire qu'à exercer sa médecine). Alors qu'ici on la considérait comme un genre mineur, cela se voit moins de nos jours où le genre roman est mis à toutes les sauces et laminé par sa médiocrité..

(*) Guerre et Paix, Tolstoï
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Toutes les nouvelles de ce recueil sont inspirées des expériences personnelles de Mikhaïl Boulgakov. Écrits entre 1916 et 1926, ces textes témoignent d'un esprit profondémment angoissé. Comme s'il n'avait retenu que l'absurdité et l'horreur des événements marquants de cette Russie alors en plein déclin (chute du tsarisme et guerre civile en Ukraine en 1919), Boulgakov traduit avec désarroi les doutes qui ne cessent de hanter son âme. Abandonnant son scalpel au profit de la plume, le médecin devenu auteur, livre dans ce recueil des récits sur lesquels plane dangereusement l'ombre de la folie. " Ainsi a pu naître, chez l'écrivain soviétique, ce que l'on a appelé son " fantastique noir ", c'est à dire la prolifération de formes sombres, insolites et déroutantes, parfois hallucinatoires et diaboliques, un monde de fantasmagories d'une angoissante absurdité que pourrait illustrer la célèbre phrase de Goya " le sommeil de la raison engendre les monstres " (extrait de la préface de Nicole Chardaire).

De ces cinq nouvelles où la fiction le dispute au réalisme, celles que j'ai préféré sont La couronne rouge et L'éruption étoilée. J'imagine que ce ne sont pas les textes les plus significatifs du " fantastique noir " de Boulgakov mais ils m'ont semblé refléter les traumatismes et les tourments de l'auteur : culpabilibité, folie, désespoir pour La couronne rouge (publié en 1922) et solitude et maladie pour L'éruption étoilée (rédigé au début des années 1920 mais publié en 1926), ces deux textes marquent deux événements décisifs dans la carrière de Boulgakov. L'éruption étoilée qui évoque sa vie de jeune médecin à la campagne annonce en effet sa spécialisation dans la vénérologie (on notera cependant que contrairement à d'autres textes, cette nouvelle ne sera pas intégrée aux Récits d'un jeune médecin). La couronne rouge qui sera intégrée à un chapitre historique du roman Maître et Marguerite, signe quant à elle, la reconversion définitive de Boulgakov à l'écriture. Bien que ces textes soient courts, j'en ai apprécié le ton et la portée car ils se réfèrent implicitement à l'histoire d'une Russie alors minée par la Révolution bolchévique et divisée par la guerre civile (russes rouges contre russes blancs). Je n'ai pas trouvé ces nouvelles percutantes (peut-être Boulgakov s'est-il auto-censuré ?) mais à la manière d'une invitation timide, elles incitent à approfondir la lecture de l'écrivain russe qui venait de Kiev...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Courtes nouvelles sur la cruauté de chefs de guerres sanguinaires sévissant en Ukraine au début du siècle dernier, sur la rébellion et sur l'humanité du médecin, incarné par Boulgakov lui-même qui exerça dans des contrées paysannes de Russie.
Il y a une grande profondeur candide dans les écrits de Boulgakov. Un écrivain qui mérite d'être connu.
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Écrivain de la première partie du 20e siècle, Mikhaïl Boulgakov est surtout connu pour son roman le maître et Marguerite, que certaines des nouvelles de ce recueil préfigurent.

Les six nouvelles qui composent l'édition le livre de poche ont été écrites au début des années 20, et explorent des thèmes récurrents tels que la guerre civile russe et ses répercussions sur le sol ukrainien, les exactions des différents camps : la mort et la violence sont omniprésentes. le thème de la position du médecin face à la barbarie de la guerre ou à l'ignorance des petites gens est également abordé.

J'ai beaucoup apprécié ces nouvelles courtes mais intenses, rédigées d'une plume poétique dont on ressent la nostalgie des firmaments ukrainiens. Une excellente introduction à Boulgakov, dont je vais lire le maître et Marguerite !
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Ce recueil est un ensemble de courtes nouvelles écrites par Boulgakov, elles ne sont pas rassemblées dans l'ordre chronologique, ni sur un critère thématique non plus. En Russie, celles qui ont été publié dans un journal médical à l'origine sont rassemblées dans un recueil appelé Récits d'un jeune médecin. Il y a d'autres récits que Psaume sur le thème du logement mais je ne crois pas qu'ils aient été traduits. Les autres récits sont plus ou moins toujours liés à des événements historiques : la guerre de 14, la Révolution, la guerre civile. Je trouve que dans cet ordre ils ne sont pas mis en valeur, le résultat est disparate. Par contre les courtes explications qui précèdent chaque nouvelle sont bienvenues et permettent de situer chacune d'entre elle.
Le feu du Khan (1924) : histoire d'un noble revenant avec un groupe de touristes dans son ancienne propriété, et y mettant le feu en murmurant « Rien ne reviendra plus. Tout est fini. A quoi bon se mentir… Eh bien, nous emporterons tout cela avec nous... ». le récit est écrit sur le mode d'un récit fantastique.
J'ai tué (1926) : récit probablement autobiographique qui raconte les circonstances dans lesquelles un médecin tue délibérément quelqu'un qu'il était censé soigner.
Le raid (1922) : récit d'un épisode dramatique de la guerre civile vu à la lumière d'une lanterne (d'où le sous-titre «Dans la lanterne magique »)
La couronne rouge (1922) : récit non autobiographique où l'on retrouve des thèmes majeurs chez l'auteur : l'image du frère cadet mort pendant la guerre civile (qui reviendra dans d'autres nouvelles et dans « La garde blanche », le thème de la lâcheté, de la culpabilité et de l'expiation (qui prendront leur plein développement dans « Le Maître et Marguerite »)
Psaume (1926) : texte satirique sur les appartements communautaires, très bref, tout en dialogues
L'éruption étoilée (1926) : récit inspiré par sa première année de médecin dans la Russie profonde en 1916, et par sa lutte contre la syphilis dans les campagnes. Effarant.
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J'ai bien aimé.
On retrouve un peu le style des autres auteurs russes que j'ai pu lire.

Je ne suis pas trop déçu, en fait, si un peu, c'était trop court.

Sinon il y a aussi l'une des nouvelles, qui, je pense il m'aurait fallu connaître un peu plus quelques ouvrages de Jules Verne.
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Le choix, encore, d'un recueil de nouvelles pour rencontrer un auteur russe, n'ayant jamais lu le Maître et Marguerite ou La Garde Blanche, roman pour lequel je suis maintenant décidée. Car la lecture de ce recueil J'ai tué aux éditions Livre de Poche s'est parfaitement prêtée à la découverte de l'univers romanesque de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940). Cette édition ressemble à une anthologie. Elle propose six nouvelles qui sont chacune présentée en introduction; présentation du projet littéraire, du contexte historique du récit et le contexte éditorial, l'inscription dans l'oeuvre et ses thèmes majeurs déclinés ainsi que quelques informations biographiques en relation.

Il est précisé que la plume de Mikhaïl Boulgakov est réputée pour son ton satirique et politique (à maintes reprises censurée par le pouvoir soviétique ). Ce que je n'ai pas lu dans les nouvelles de ce recueil. Si elles sont engagées en témoignage de la fin d'un monde ainsi que des violences et séquelles de la guerre civile qui suivit la révolution bolchevique, l'aiguisée de cette plume pointe la souffrance et l'humanité dans les textes proposés; le trait est plus intimiste.

Parmi ces nouvelles, j'ai été impressionnée la force narrative de celle intitulée le Raid, par la façon dont l'auteur nous plonge dans l'horreur crue d'une attaque de trois sentinelles surprises par un détachement de cavalerie des forces nationalistes de Pétlioura ( " armée " tragiquement connue pour ses exactions et son antisémitisme ). L'auteur parvient à joindre à l'extrême réalité de son propos tout le terrifiant et l'absurde de cette heure nocturne en racontant à travers les yeux d'une des sentinelle aveuglée par la bouillie noire de la tempête de neige et par des lumières en éclats syncopés.

" Des yeux d'Abram s'écoulaient des larmes qui ne lui causaient ni irritation ni douleur, sa bouche déchirée s'était figée en une sorte de sourire. Sa capote déboutonnée s'était ouverte et, sans savoir pourquoi, il s'accrochait des mains au passepoil de son pantalon noir, se taisant et regardant l'oeil proéminent et sa pupille aveuglante. " Voilà, tout est fini. Plus jamais je ne reverrai l'aquarelle ni le feu. Il n'y a plus rien à attendre. Rien ne peut plus arriver. C'est la fin. "

- Alors ?! guettait-on dans les ténèbres.

Le cône de lumière se déplaça, l'oeil passa sur la gauche, et dans l'obscurité, faisant face aux deux sentinelles, se leva la bouche sombre des fusils où était tapie la fin noire. Abram soudain s'affaiblit et se mit à glisser, les pieds en avant. C'est pourquoi il ne sentit rien de l'éclair scintillant de la fin. "

La dernière nouvelle - L'éruption étoilée - permet de découvrir Boulgakov médecin ( il exerça jusqu'en 1917 ) et son ouvrage Récits d'un jeune médecin relatant son expérience de praticien citadin débutant dans la campagne russe. le ton y est passionné, emporté et emportant, pour raconter ce docteur luttant à la fois contre les ravages de la syphilis, contre la contagion au sein des familles n'épargnant pas les enfants - " Je le sais, je le devine, j'ai compris où se trouvait chez le petit garçon de deux ans, le chancre primaire sans lequel il n'y a pas de syphilis secondaire. Il se trouvait dans la bouche, et une petite cuillère avait suffit pour lui transmettre la maladie " - , et contre l'ignorance de la population rurale, malades refusant ce diagnostic, ne le comprenant pas, ne s'en inquiétant pas, qu'il faut convaincre de suivre le long traitement et pas simplement traiter les symptômes ponctuels comme un mal de gorge, tout en affirmant sa crédibilité parce que trop jeune docteur, moscovite... - " Je découvris que la syphilis, ici, avait ceci d'effrayant qu'elle n'effrayait personne. Et c'est pourquoi, au début de ce récit, je me suis souvenu de cette femme aux yeux noirs. Je me suis souvenu d'elle avec une sorte de chaleureux respect - précisément parce qu'elle avait eu peur. Mais elle était la seule ! ". -
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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Pour être franc, je suis passé à côté. J'ai trouvé ces nouvelles fades, aucun ressenti, à moitié rien compris. Cette critique est donc assez injuste. Mais si certains livres nous sortent du présent pour nous faire pénétrer dans leur monde, celui-ci n'y a pas réussi.
A part sur ça : Abram voulait ôter de son cerveau la flamme jaune qui le torturait, s'en débarrasser, mais elle s'entêtait à rester, brûlant tout à l'intérieur de sa tête devenue sourde. Puis l'aiguille de glace dans son coeur semblait se détraquer, et les heures de la vie se mettaient à tourner d'étrange façon, s'égrenant à l'envers - la chaleur cédait la place au froid qui passait de la tête vers les pieds, la bougie se déplaçait vers la tête et la flamme jaune vers le coeur ; le corps cassé d'Abram était secoué en tierce de brefs tremblements, à contre-mesure des battements de la vie. La peau de mouton devenait alors insuffisante, il avait envie d'entasser des fourrures jusqu'au plafond, de se recroqueviller et de se coucher à même les briques brûlantes.
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Dans ce recueil de 6 nouvelles dont J'ai tué est le titre phare, Mikhaïl Boulgakov explore un domaine qui lui est proche, le domaine médical. C'est un fait que j'ignorais (pour ne jamais avoir eu la curiosité d'aller me renseigner) Mikhaïl Boulgakov était médecin, médecin de guerre (1ere Guerre, révolution russe et guerre civile russe) avant de devenir écrivain.

Et dans ces nouvelles, la thématique principale est la médecine et le traitement de Mikhaïl Boulgakov est assez réaliste, comme une sorte de témoignage, une façon d'expurger son passé des ombres qui le hantent ou l'obsèdent.

Je n'ai pas trop aimé l'ambiance qui se dégage de ce recueil. Ces nouvelles sont restées à l'état de chroniques sans intensité. Écrites pour la plupart dès le début de sa reconversion littéraire, elles ne portent pas l'empreinte du style que j'avais beaucoup aimé dans son roman culte, le Maître et Marguerite.

Je ne peux donc conseiller ce recueils de nouvelles J'ai tué aux éditions le livre de poche bien que je leur concède d'avoir fait une belle sélection éditoriale, très pertinente car il se dégage de J'ai tué une unité indéniable.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/j-ai-tu..
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