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Critique de Talec0904


« Seigneur, aide-moi à terminer mon roman. » (Michail Boulgakov)

C'est l'histoire d'un roman, écrit par un écrivain russe, dit 'le Maitre', qui vit à Moscou sous le règne de Staline. Ce roman pourrait commencer ainsi : « Les ténèbres venues de la méditerranée avaient recouvert la ville que le procurateur haïssait tant ».
Il se déroule à Yerchalaim au mois de Nisan de l'an 28.
Le procurateur romain de Judée, Ponce-Pilate, est chargé de mettre en procès le juif Yeshoua Ha-Nozri. D'autres personnages : Matthieu Lévy qui, selon Yeshoua lui-même, déforme les propos qu'il tient, Juda de Kairoth et Bar-rabbas, Caïphe le Grand Prêtre du Sanhédrin.
Pilate éprouve une étrange attirance pour Yeshoua qui apparaît comme un illuminé. Il ne veut pas l'exécuter mais n'a d'autres choix .Cependant, après l'exécution, sa seule pensée est d'être pardonné par Yeshoua.
« La Lâcheté n'est-elle pas le plus grand crime qui soit ? »
Le style est ample, les descriptions frappantes. Les scènes baignent dans une mélancolie crépusculaire. Celle de la crucifixion est d'une vision poignante et étrange.
Mais c'est dur d'écrire, de publier et encore plus à cette époque.
L'oeuvre du Maitre a été tellement critiquée qu'il a brûlé le manuscrit, puis s'est finalement retrouvé à l'hôpital psychiatrique. Oubliant la belle Marguerite qui était prête à quitter une vie facile pour l'aimer et l'aider.
Heureusement, Satan qui désire le mal mais accomplit le bien, est de passage à Moscou.
Épaulé par son escouade, il s'emploie, avec un dilettantisme jouissif, à ruiner, les fondements de la société soviétique.
On assiste à des scènes dignes des Monty Python, loufoques, le flegme anglais en moins.
Une séance de théâtre qui tourne au désordre le plus complet, des cadavres qui se rendent au bal. Des personnages disparaissent ou se retrouvent en hôpital psychiatrique : à des années-lumière du réalisme socialiste.
Passent à la moulinette : la société soviétique, grotesque, la médiocrité des milieux artistiques, le pouvoir des « bien-pensants ».
Marguerite accepte, en qualité de sorcière, de devenir la reine du bal annuel de Satan.
Et la fin ?
Après avoir conclu cet accord avec succès, elle retrouve le Maître, le manuscrit est reconstitué et, ensemble, ils trouvent un refuge quelque part entre le ciel et l'enfer.
Le chef de la « commission de l'acoustique », devient le « directeur de succursale d'une conserverie de champignons ».
Les services secrets fourniront certainement des explications à tous ces événements étranges.
Bien sur le Livre de Boulgakov est plus subtile que ce que j'ai pu vous présenter pour tenter de le faire lire.
Laissons aux critiques spécialisés la connivence des détails du sexe des anges.
Roman d'une opposition totale à la tutelle d'État sur l'écrivain et la culture, il est aussi d'une construction « diaboliquement » orchestrée.
Un roman foisonnant où le burlesque et le sérieux s'entrecroisent qui ne paraîtra que lors du « dégel ». Mais dans ce monde, on semble ignorer l'existence des ouvriers et des paysans.
Il comprend beaucoup de détails probablement autobiographiques.
Contrairement à d'autres écrivains qui mourront au Goulag, Boulgakov y échappe.
Probablement que l'empire stalinien reposait pour une part, sur la lâcheté des hommes, celle "des hommes ordinaires", et l'auteur ne s'exclut sans doute pas du lot.



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