Citations sur Le maître des peines, tome 3 : Le salut du corbeau (12)
Vous vous souvenez sans doute encore de ce qu'a dit Gilles de Rome au sujet des femmes : il déplorait leur incessant caquetage et en justifiait l'existence par la faible raison de ce sexe. C'est ce genre de réflexion qui va graduellement nous aliéner toute une moitié du genre humain...
- C'est notre peur des femmes qui nous fait ainsi déraisonner. Et nous autres, hommes d'Église, sommes bien davantage soumis à cette tournure d'esprit, puisque nous devons nous défendre d'elles ainsi que des désirs provoqués par leur présence. Mais Gilles de Rome oublie une chose : la grande majorité des femmes ne savent ni lire ni écrire ; il est donc primordial que leur héritage de connaissances se transmette de façon orale.
- La femme au stade de la maternité sait mieux que quiconque renoncer à elle-même pour étendre sa sollicitude aimante vers une autre créature. Elle est la dépositaire de tout savoir, de toute bonté et de tout dévouement.
- Mais oui. Une mère oriente ses dons non plus vers son propre accomplissement personnel, mais vers celui de son enfant, vers l'autre, vers la protection et les progrès de l'autre. Ce qu'il advient d'elle ne lui importe plus autant. L'amour qui naît de la maternité n'est pas seulement le plus intense, mais aussi le plus universel...
Voilà qui est tout à fait typique des Ruest. J'ai depuis longtemps renoncé à combattre un tel orgueil. Peu importent les obstacles qu'il trouve devant lui, le ru va son chemin. Il creusera le roc durant des millénaires s'il le faut, mais il finira par passer là où il le veut. Que d'admirable entêtement il peut y avoir dans la puissance de l'eau ! Et vous portez tous les deux son nom.
Depuis toujours, on percevait les vieillards comme étant détenteurs de sagesse. Les vieilles femmes, quant à elles, devenaient des sorcières. C’était comme ça. Le retour d’âge rendait la femme stérile, lui faisant perdre le seul rôle pour lequel on lui accordait une quelconque valeur ; la société se mettait donc à la percevoir comme un élément inutile, voire nuisible et possiblement malfaisant.
Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent.
...il ne peut exister d’homme complètement mauvais, même s’il détient un potentiel d’inhumanité par l’effet même de son humanité.
Un comportement soumis pouvait être trompeur, il pouvait aisément être perçu comme étant à l’opposé d’un comportement dominateur, alors qu’en fait, tous deux sortaient du même creuset ; tous deux étaient dus au même sentiment d’impuissance vitale.
Même si la cruauté pouvait s’exprimer autrement que par la passion du contrôle absolu, sans limites, et par l’imposition d’une douleur physique, ces choses-là n’étaient que différentes manifestations de ce désir d’omnipotence.
L’exercice d’un contrôle absolu sur un autre être, l’omnipotence que l’on éprouve à l’égard de cet être, voilà qui crée l’illusion de dépasser les restrictions de cette condition. C’est particulièrement vrai pour un individu comme Louis, dont l’âme ne connaît pas la joie.
La nuit trop noire s’amusait à déguiser l’homme en une sorte de spectre dont seuls les mains et le visage pétrifié étaient visibles.
Rien ne saurait être pire que la vacuité que j’ai connue jusqu’à présent. Je veux que mon cœur soit à nouveau capable de tout, qu’il soit, comme l’a dit un sage, "prairie pour les gazelles et couvent pour les moines".