AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ellane92


C'est difficile de dire en quelques lignes tout le bien que je pense de cet ouvrage. J'ai vraiment adoré, le style, le rythme, l'histoire, les personnages, tout. J'ai replongé le nez dedans pour citer quelques passages, et me suis retrouvée en train de le relire, avec le même plaisir et la même stupeur que la première fois.
Sandrine Bourguignon écrit cette histoire tout en pudeur, en retenue, sans cri, en douceur, dans un style éminemment poétique. L'ouvrage n'est pas structuré en chapitres. Les phrases sont posées, proposées, les unes à la suite des autres, il manque parfois des mots de liaison ou des signes de ponctuation. le résultat en est la connexion entre 2 mots, pour leur sonorité, pour leur sens : « Claire a frémi tremblé failli défaillir ». Les paragraphes forment une suite d'associations avec un fil directeur pas vraiment académique.

Claire laisse, tant qu'elle le peut, de la place à ses patients, du silence, une présence. Et on a l'impression que l'auteure fait la même chose. Au travers de cette écriture, le roman se lit comme on parle, presque à haute voix, et un rythme se crée, comme on psalmodie, laissant la place au lecteur de se projeter sur le texte, avec ses propres idées, associations, connexions. Les mots entrent en résonance avec nos émotions. Ses personnages, Monsieur Zed, le Cyclope, Fatima, Papillon, toutes ces intimités brisées qu'elle croise, sonnent juste (d'après le 4ème de couverture, l'auteure « anime des ateliers d'écritures dans diverses institutions psychiatriques »).
Et au milieu de cette histoire qui nous entraine par son rythme, sa légèreté de style et sa profondeur de propos, des phrases en gras, pleines de démagogie, de chiffres, de mesures, de factuel rationalisant, agressent nos yeux et heurtent la lecture. Ce sont des extrait d'un discours sur « l'asile sécuritaire » dont on saura pour quoi et par qui il a été prononcé à la fin de l'ouvrage. J'ai quand même envie de dire que ce discours a été prononcé à Antony… bien sûr. L'alternance des tons, des propos, agit comme des chocs.
L'ensemble forme un tout sombre et sublime, désespérant mais sobrement révoltant, triste mais si magnifique.

A noter, le titre du livre, qui m'a pas mal intrigué au départ, est tiré d'une chanson de Léo Ferré intitulée « Il n'y a plus rien ».
Commenter  J’apprécie          171



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}