Blois, avril 1545.
"Je la vis, j'en fus fou". Ainsi
Ronsard parle-t-il de Cassandre Salviati. C'est elle pourtant qui raconte l'histoire : celle de leur relation qui révèle un amour fou et impossible.
Ronsard, clerc tonsuré, se destine en effet au célibat. Leur amour sera ainsi jalonné d'épines : celles des roses auxquelles
Ronsard a parfois comparé Cassandre et les autres muses (Marie, Hélène) qui lui ont succédé, sans jamais la supplanter dans son coeur. Cassandre a beau déclarer à Pierre : "Je serai toujours vôtre sans jamais être à vous", ils connaîtront trois mois de passion charnelle. L'Esprit est ardent, mais la chair est faible... D'ailleurs, le mystère demeure entier sur l'identité du père de sa fille...
Les amours blessées est ainsi le récit captivant que
Jeanne Bourin a imaginé à partir d'éléments réels, lieux (Vendôme, Blois, la vallée du Loir), personnages (de
Francois Ier à Henri III,
Joachim du Bellay,
Agrippa d'Aubigné), faits connus (massacre de la St-Barthélémy en 1572), en s'appuyant sur des vers de
Ronsard choisis avec pertinence pour le rendre crédible : l'auteur imagine dans cet ouvrage les circonstances qui ont pu conduire
Ronsard à écrire tel ou tel vers. L'effet est réussi. Bien sûr, il s'agit d'un roman, mais les ingrédients utilisés rendent le tout très plausible.
Introduction à l'oeuvre de
Ronsard, ce roman est aussi un double hommage : celui que l'auteur,
Jeanne Bourin, adresse à
Ronsard ; celui, bien sûr, de
Ronsard à Cassandre. En 1585, à l'heure de la mort de
Ronsard, "cet homme grâce auquel l'amour est entré dans ma vie pour la marquer à jamais" (page 23), Cassandre est prise de regrets ("J'ai manqué ma vie), et, pire, de remords ("et fait manquer à Pierre la sienne"). Elle se consolera en se remémorant un de ses vers : "Votre affection m'a servi de bonheur". Cassandre occupera en effet les pensées du poète, de leur première rencontre jusqu'à ce qu'il meure et lui inspirera certains des plus beaux poèmes d'amour de la littérature française.