Citations sur Je suis mort : Et alors ?... (17)
Vivant j'avais souvent des fourmis dans les jambes. Mort, je n'ai plus de jambe mais les fourmis sont encore là. Ces animaux sociaux me tiennent compagnie, efficaces et silencieux.
Pas si égalitaire la mort : chapelle, buste. A l'épaisseur de la dalle se mesure l'importance de celui qui n'en a plus.
"Encore un peu de morphine ?" Comme s'ils offraient une tasse de thé. Tous les gériatres sont des dealers.
En quelques instants, on passe d'un d'un trois cents mètres carrés résidentiel et sans vis-à-vis aux deux mètres carrés réglementaires d'une sépulture dont les voisins se comptent par milliers. Une dépossession totale organisée dans les plus brefs délais en vertu d'un postulat imaginé par les survivants et selon lequel les morts n'ont plus besoin de rien. (Qui leur a dit ?)
Après la dernière pelletée de terre, les commentaires cessent brusquement comme si mon nouveau voisin était déjà oublié. Grâce à mon périscope, je distingue la retraite du bataillon des veuves officielles et putatives. (…). Certaines marchent bras dessus bras dessous, d’autres se regardent en chiens de faïence. Nul besoin d’être grand clerc pour prévoir que ça se passera mal chez le notaire.
Comme j’étais très travailleur par monts de Vénus et par vaux… Je ne cherchais pas le grand amour qui vous met la tête à l’envers mais les petites idylles qui vous remettent l’ego à l’endroit.
Les prothèses rouillent mais tiennent plus longtemps que le corps.
Qu'est-ce que ça change d'avoir connu l'aisance et la notoriété? Rien sinon de regretter davantage d'en être privé.
La conscience qu'il me reste des millions de jours à passer ne change rien à la façon de les occuper.
(…) la loi le dit expressément « La mort éteint l’action publique ». Je peux donc calomnier, injurier, faire des révélations gênantes sur le compte de tiers encore actifs, je ne risque plus rien.