Paru en 2022,
Les morts ont la parole est un livre écrit par
Philippe Boxho, un médecin légiste belge.
Le livre se concentre essentiellement sur la narration de cas cliniques rencontrés par l'auteur durant sa carrière.
Force est de reconnaître que le livre n'est pas foncièrement inintéressant.
La médecine légale suscite l'intérêt pour les récits morbides qui sommeille en chacun de nous. L'auteur a très bien compris cela et sait en jouer, à grand renfort de détails tirés de sa longue expérience.
Philippe Boxho vulgarise ainsi un domaine jusqu'alors peu connu du grand public. On apprend ainsi : qu'Interpol a basé son siège à Lyon en hommage à
Edmond Locard ayant fondé en 1910 dans cette même ville le premier laboratoire de police scientifique au monde, qu'il existe des experts en tout, même en parapluies, qu'un homme ayant organisé son suicide a anticipé la livraison de fleurs sur sa tombe, que le cyanure dégage une odeur particulière uniquement perceptible par les personnes génétiquement disposées, etc.
En dépit de ses qualités,
Les morts ont la parole peut ne pas convaincre tous les lecteurs.
L'écriture ne bénéficie pas d'un style très élaboré. L'auteur, qui utilise de manière surprenante un langage plutôt familier, semble ne pas toujours différencier le langage oral du langage écrit.
Dans de nombreux chapitres, l'auteur semble également décrire des situations particulièrement rocambolesques. Dans un des chapitres,
Philippe Boxho relate le décès d'un père aux tendances homophobes voire racistes, ce qui ne peut nécessairement reposer que sur les déclarations de sa fille, reprises à son compte : un mort ne risque pas de contredire
Philippe Boxho (malgré le titre donné à son ouvrage). Dans ce même chapitre, on apprend que la fille de cet individu n'a pas hésité à tirer sur son père pendant son sommeil mais que, miracle, il était en fait déjà décédé quelques heures auparavant d'une rupture d'anévrisme ce qui permet à cette femme d'être acquittée. Sacré coïncidence. Nombreuses sont les histoires difficiles à croire, encore plus quand on sait que
Philippe Boxho est devenu un habitué des plateaux télé où il dispose toujours d'histoires croustillantes à raconter. de là à penser que certaines sont inventées de toutes pièces, il n'y a qu'un pas. Espérons au moins que
Philippe Boxho ne devienne pas le futur
Stéphane Bourgoin.
À noter également quelques faits d'arme du médecin légiste qui peuvent surprendre par leur caractère peu moral. On apprend ainsi que
Philippe Boxho a pu faire acquitter une mère ayant fait ingérer des médicaments à son enfant dans l'objectif sous-entendu de le tuer, au prétexte que leur toxicité n'était pas suffisamment élevée.
Très souvent, l'auteur se perd en lourdeurs, comme quand il critique telle une vieille personne aigrie le rapport des jeunes à leurs téléphones.
Enfin, et c'est probablement le plus gênant tant cela souligne un manque de relecture, l'auteur se répète souvent. Pour cette même raison, je ne peux que déconseiller le deuxième livre de l'auteur sorti un an après
Les morts ont la parole.
Si
Philippe Boxho saura ainsi convaincre des lecteurs occasionnels avides d'histoires macabres, il demeure probable que les réflexions auxquelles celles-ci peuvent amener en laisseront certains dubitatifs.
Philippe Boxho ayant sorti deux livres en deux ans, il sera intéressant de voir si l'auteur ne s'enferme pas dans une écriture effrénée qui l'obligera nécessairement à redoubler d'efforts (ou de vices) pour satisfaire ses lecteurs…
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