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Critique de Archie


Autrefois, quand le web n'existait pas, il était impossible, seul chez soi, de chercher des références de livres à lire. Quelques libraires faisaient connaître leurs recommandations, mais ils donnaient souvent le sentiment d'un choix limité et dicté par les éditeurs. Heureusement, il y avait la télé et Apostrophes, une émission que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Dans les années quatre-vingt, j'ai ainsi suivi un conseil inopiné de Bernard Pivot : j'ai acheté, lu et beaucoup aimé un livre d'un jeune écrivain britannique nommé William Boyd. Depuis, j'ai lu ses romans dès leur publication, une bonne quinzaine d'entre eux, en tout cas. le Romantique est le quatrième que je critique.

Le Romantique est une fausse biographie. C'est une fiction, qui raconte la vie, en plein dix-neuvième siècle, d'un Anglo-Irlandais né en Ecosse, répondant au nom de Cashel Greville Ross ; un homme qui aura cherché fortune et bonheur un peu partout en Europe et sur trois autres continents. Il aura croisé quelques figures célèbres — Lord Byron, les époux Shelley — et aura été mêlé à des événements ayant marqué l'Histoire, comme la bataille de Waterloo, ou ayant un jour fait partie de l'actualité, comme une polémique fameuse ayant opposé des explorateurs sur la localisation des sources du Nil.

William Boyd est un excellent conteur et j'ai suivi agréablement les bonnes et les moins bonnes fortunes de Cashel, dans des pérégrinations subies ou choisies, menées depuis son enfance jusqu'au jour de sa mort à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Irrémédiablement idéaliste et naïf, il aura fait partie de ces hommes toujours prêts à se lancer dans des projets nouveaux étonnants et même détonnants. Des aventures qui souvent l'auront dépassé, mais dans lesquelles il aura chaque fois cru s'accomplir, jusqu'au moment où… Se tenant en haute estime, il aura eu tendance à sous-évaluer les écueils susceptibles d'advenir et à ne pas trop se soucier de ses responsabilités personnelles. Mais quoi qu'il lui en ait coûté, il s'en sera toujours tenu au principe d'écouter son coeur et non pas la raison.

Styliste talentueux, William Boyd est capable d'adopter différents partis littéraires. Dans le Romantique, le texte fleure bon son dix-neuvième siècle ; une écriture tout à fait adaptée au genre du roman et traduite en français à la perfection.

Mais !… Mais si elles recèlent leurs lots de rebondissements et d'extravagances attestant de l'imagination débordante de l'auteur et de son humour, les aventures picaresques et amoureuses de Cashell Greville Ross ne sont pas suffisamment captivantes, pour que le roman puisse être considéré comme un chef-d'oeuvre ou comme un « page turner ». Il m'a fallu supporter quelques détails longuets. J'ai parfois eu, avec regret, l'impression que l'auteur n'exploitait pas à fond les intrigues qu'il avait imaginées. C'est notamment mon sentiment pour l'histoire d'amour de Cashel et de Raffaella, qui prétend s'inspirer d'un épisode de la divine Comédie.

J'ai aussi éprouvé une sensation de déjà vu, un phénomène après tout normal quand on suit régulièrement un auteur. William Boyd avait déjà écrit un livre sur un personnage contraint à plusieurs reprises, par les circonstances, à fuir les lieux où il était installé et à abandonner ses proches (L'amour est aveugle). Et ce n'est pas non plus la première fois qu'il utilise des artifices pour faire croire que des personnages de roman ont vraiment existé et qu'ils ont participé activement à des événements réels (Les vies multiples d'Amory Clay).

Voilà donc les quelques raisons pour lesquelles la lecture de ce livre m'a inspiré une légère déception. Une réaction personnelle, un peu égoïste. Car le Romantique a tout pour séduire celles et ceux qui souhaiteront découvrir William Boyd, son grand talent littéraire et sa maîtrise de l'art romanesque.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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