« Je naquis en Ecosse, au petit matin du 14 décembre 1799. Plus tard ce même jour, l'ancien président des Etats-Unis d'Amérique,
George Washington, mourait à son domicile de Mount Vernon en Virginie. Je veux croire qu'il n'existe aucun lien entre ces deux évènements. Nous sommes à la veille de mon anniversaire ; j'aurai demain quatre-vingt-deux ans.
Ainsi débute l'autobiographie inachevée, décousue et quelque peu déconcertant de Cashel Greville Ross (1799-1882), tombée en ma possession voici quelques années avec des documents connexes.
Qui fut ce Cashel Greville Ross ? Quelle fut la nature de sa vraie vie ? Comment reconstruire son ontologie singulière ? Nous disposons au moins de quelques éléments pour démarrer, mais jusqu'à quel point pouvons-nous nous y fier ?
Aussi, plutôt que de m'escrimer à rédiger une biographie de Cashel Greville Ross, j'ai considéré que l'histoire de sa vie, de sa vraie vie, serait bien mieux servie si on l'écrivait ouvertement, sciemment, honnêtement sous la forme d'un roman. »
Quelle course épuisante autour du monde, c'est un romantique qui ne s'arrête jamais, mais aussi quel bonheur de le suivre dans ces pérégrinations.
Cashel, enfant heureux, vit avec sa tante Elspeth Soutar, suite au décès de ses parents, à Stillwell Court, dans le comté de Cork, en Irlande. Malheureux, un jour il apprend qu'ils doivent déménager en Angleterre, à Oxford, il fait ses études au « collège académique pour jeunes gens du recteur Archibald Smythe ».
Il doit obéir à la lettre aux recommandations de sa tante, sinon ils auront des problèmes. Il n'est plus son neveu, mais son fils, il ne comprend plus rien. Il aura deux frères Hogan et Buckley.
Il se pose beaucoup de questions et un jour, en farfouillant dans les tiroirs fermés à clé, il apprend un secret qui change totalement sa vie. Sous l'effet du Gin, il s'engage dans le 99e régiment d'infanterie du Hampshire comme tambour. Il est logé dans une caserne à Portsmouth. Il participe à la bataille de Waterloo. Retour en Angleterre, suite à une blessure. On le retrouve avec la fonction de lieutenant dans l'armée de la présidence de Madras de la Compagnie anglaise des Indes orientales. A Ooty la verdoyante, la vallonnée, la Suisse de l'Inde australe.
Obligé de partir, il quitte Bombay par bateau, pour revenir à Waterloo et décide d'écrire son histoire, il voyage en France, en Belgique, en Suisse, Paris, Milan, son camp de base pour explorer les alentours, Pise, il se fait des amis, Shelley, lord Byron, les sujets de conversation tournent le plus souvent autour de la littérature.
On le retrouve à Ravenne, attirée par la contessa Rafaella Rezzo « Il voyait à présent que toute sa vie l'avait mené jusqu'à Ravenne. Une complexe alchimie d'embranchements, de diversions, de reculades, de décisions impromptues et de hasards l'avait amené à se trouver dans ce Teatro Municipale près de cette femme fascinante et extraordinaire. »
1832, Cashel se trouve maintenant, propriétaire de la ferme de Willow Creek, à New Banbury, dans le Comté de Middlesex, Massachusetts. Il sera tour à tour fermier, brasseur.
Retour en Angleterre, entre chaque pan de sa vie, il fait une pause, avant d'aborder une autre destination.
1856, de nouveau, son coeur l'entraine à Zanzibar, pour découvrir les sources du Nil. « Lorsqu'on l'approche depuis les hauts fonds des eaux azur, Zanzibar paraît enchanteresse, écrivit Cashel dans son calepin. Sur cette étendue de bleu resplendissant, de petits agrégats de pierre corallienne blanche se découpent en alternance avec le vert éclatant des palmiers, des tamariniers et des figuiers. »
1859, retour à Londres, il persévère dans l'écriture de son livre, il veut prouver au monde qu'il est le premier Européen à avoir vu le grand Nyanza Oukéréoué, que les sources du Nil Blanc se trouvaient bien sur la rive nord du lac Oukéréoué, mais il y a de la concurrence. D'autres veulent avoir le premier rôle.
1864, la vie en Angleterre, l'ennuie, il accepte le poste de consul de la république du Nicaragua à Trieste.
Cashel a toujours écouté son coeur, « Est-ce une grande force ou une terrible faiblesse ? » à vous de le découvrir.
Un magnifique récit qui nous entraine d'un continent à l'autre, sans jamais nous ennuyer. C'est diablement bien écrit. Une aventure dont on ne se lasse pas, tant c'est remuant.
Passionnant,
le Romantique de
William Boyd. 431 pages sur ma liseuse que je n'ai pas vu passer.