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Le romantique, c'est Cashel Greville Ross, aventurier d'origine irlandaise qui n'aura passé que peu de temps sur sa terre natale. Son histoire débute sur un secret de famille, qui le pousse d'abord à s'engager dans l'armée. Héros de la bataille de Waterloo, le goût de l'aventure et des voyages le mènent ensuite vers d'autres contrées tout au long de sa vie, des Indes orientales au Massachusetts, en passant par l'Italie, la France, l'Autriche et un peu l'Angleterre. Tantôt soldat, écrivain, brasseur, explorateur ou encore diplomate, Cashel n'aura de cesse de penser à Raffaella, son amour de jeunesse perdu, qu'il ne peut oublier.

L'auteur, par le biais de Cashel et ses nombreuses (més)aventures, nous fait traverser le XIXe siècle en long, en large et en travers. L'Histoire, avec un grand H, y a sa place et son rôle à jouer (faits historiques, progrès, culture). En cela, on ne peut lui reprocher d'avoir mal campé ses personnages. Au contraire, on s'y croirait, tellement tout est bien dépeint et implanté.

Il m'a fallu tout de même un peu de temps pour rentrer complètement dans cette histoire (après un bon premier tiers), pourtant riche en aventures, mésaventures et rebondissements divers. Tout est pourtant bien écrit et décrit, peut-être de manière un peu trop détachée en revanche, ce qui fait que je ne me suis pas liée à Cashel immédiatement. Mais Cashel est un personnage trop bien travaillé pour qu'on ne s'y intéresse pas. J'ai même fini par m'y attacher, et de là, j'ai englouti le roman page après page.

Et côté intrigue, j'ai suivi le même chemin : si j'ai trouvé le début pas plus passionnant que ça (mais toujours très bien développé), c'est captivée et harponnée que j'étais ensuite, en n'ayant plus du tout envie que ça se termine. D'autant que j'ai croisé des personnages (réels et fictifs) hauts en couleur et que j'étais totalement imprégnée par l'atmosphère 100% XIXe siècle.

Un départ difficile donc mais que j'ai vite oublié. Tout y est si bien développé que je ne pouvais rester longtemps indifférente, ni à une intrigue riche en aventures et événements, ni à des personnages travaillés, ni à un contexte historique approfondi, et non plus à une écriture fine et minutieuse (qui manque tout de même un peu de sentiments).

Grâce à ce roman historique complet, foisonnant et bien plus captivant qu'il n'y paraît au premier abord, j'ai passé un très bon moment de lecture.
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Autrefois, quand le web n'existait pas, il était impossible, seul chez soi, de chercher des références de livres à lire. Quelques libraires faisaient connaître leurs recommandations, mais ils donnaient souvent le sentiment d'un choix limité et dicté par les éditeurs. Heureusement, il y avait la télé et Apostrophes, une émission que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Dans les années quatre-vingt, j'ai ainsi suivi un conseil inopiné de Bernard Pivot : j'ai acheté, lu et beaucoup aimé un livre d'un jeune écrivain britannique nommé William Boyd. Depuis, j'ai lu ses romans dès leur publication, une bonne quinzaine d'entre eux, en tout cas. le Romantique est le quatrième que je critique.

Le Romantique est une fausse biographie. C'est une fiction, qui raconte la vie, en plein dix-neuvième siècle, d'un Anglo-Irlandais né en Ecosse, répondant au nom de Cashel Greville Ross ; un homme qui aura cherché fortune et bonheur un peu partout en Europe et sur trois autres continents. Il aura croisé quelques figures célèbres — Lord Byron, les époux Shelley — et aura été mêlé à des événements ayant marqué l'Histoire, comme la bataille de Waterloo, ou ayant un jour fait partie de l'actualité, comme une polémique fameuse ayant opposé des explorateurs sur la localisation des sources du Nil.

William Boyd est un excellent conteur et j'ai suivi agréablement les bonnes et les moins bonnes fortunes de Cashel, dans des pérégrinations subies ou choisies, menées depuis son enfance jusqu'au jour de sa mort à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Irrémédiablement idéaliste et naïf, il aura fait partie de ces hommes toujours prêts à se lancer dans des projets nouveaux étonnants et même détonnants. Des aventures qui souvent l'auront dépassé, mais dans lesquelles il aura chaque fois cru s'accomplir, jusqu'au moment où… Se tenant en haute estime, il aura eu tendance à sous-évaluer les écueils susceptibles d'advenir et à ne pas trop se soucier de ses responsabilités personnelles. Mais quoi qu'il lui en ait coûté, il s'en sera toujours tenu au principe d'écouter son coeur et non pas la raison.

Styliste talentueux, William Boyd est capable d'adopter différents partis littéraires. Dans le Romantique, le texte fleure bon son dix-neuvième siècle ; une écriture tout à fait adaptée au genre du roman et traduite en français à la perfection.

Mais !… Mais si elles recèlent leurs lots de rebondissements et d'extravagances attestant de l'imagination débordante de l'auteur et de son humour, les aventures picaresques et amoureuses de Cashell Greville Ross ne sont pas suffisamment captivantes, pour que le roman puisse être considéré comme un chef-d'oeuvre ou comme un « page turner ». Il m'a fallu supporter quelques détails longuets. J'ai parfois eu, avec regret, l'impression que l'auteur n'exploitait pas à fond les intrigues qu'il avait imaginées. C'est notamment mon sentiment pour l'histoire d'amour de Cashel et de Raffaella, qui prétend s'inspirer d'un épisode de la divine Comédie.

J'ai aussi éprouvé une sensation de déjà vu, un phénomène après tout normal quand on suit régulièrement un auteur. William Boyd avait déjà écrit un livre sur un personnage contraint à plusieurs reprises, par les circonstances, à fuir les lieux où il était installé et à abandonner ses proches (L'amour est aveugle). Et ce n'est pas non plus la première fois qu'il utilise des artifices pour faire croire que des personnages de roman ont vraiment existé et qu'ils ont participé activement à des événements réels (Les vies multiples d'Amory Clay).

Voilà donc les quelques raisons pour lesquelles la lecture de ce livre m'a inspiré une légère déception. Une réaction personnelle, un peu égoïste. Car le Romantique a tout pour séduire celles et ceux qui souhaiteront découvrir William Boyd, son grand talent littéraire et sa maîtrise de l'art romanesque.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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« Il nous faut accepter les vies que nous avons menées, et non imaginer celles que nous aurions pu mener. »
C'est pourtant ce que fait William Boyd, à partir d'une mèche et de cartes. Il imagine une vie et quelle vie ! Celle d'un voyageur passionné, d'un érudit romantique.
Né en Irlande, tambour à Waterloo, soldat aux Indes, brasseur aux États Unis, Cashel Greville Ross a vécu mille existences, entraînant ses proches dans ses passions, côtoyant Shelley et Byron, aimant avec une belle constance l'élue de son coeur.
Toujours rêveur, toujours exalté.
Un récit haut en couleur, romanesque à souhait, qui explore le 19e siècle avec gourmandise et enthousiasme (comme son héros 😉).
La plume est fluide, l'histoire toujours flamboyante, à la manière des auteurs feuilletonistes classiques.
Une chouette découverte !
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C'est la biographie romancée de Castel Greville Ross . Nous le suivons de son pays natal , l'Irlande à l'angleterre où il s'enrôle dans l'armée. Tout au long du 19ème siècle , de péripéties en péripéties cet aventurier-écrivain nous entraîne de Waterloo aux Indes ,il arpente la France et l'Italie . On ne s'ennuie pas . Il se lie d'amitié avec Byron et Shelley avant de tomber amoureux de la mystérieuse Raffaella.
Un coup de coeur pour moi qui découvre avec plaisir cet auteur Je n'en resterai ,pas là car cest très bien écrit, très bien traduit par Isabelle Perrin .
Je me suis régalée. Je vous conseille ce livre pour passer un très bon moment .
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Il y a quelque chose de merveilleux à lire William Boyd. Oui, c'est ça, un pur émerveillement de lecture.
Le Romantique correspond à tout ce que j'aime dans le genre romanesque et, cerise sur le pudding, boucle une sorte de grand oeuvre ( un peu comme La Recherche) initiée par Un anglais sous les Tropiques, il y a presque 40ans
J'ai donc dégusté chaque chapitre lentement, ce fût un pur délice.
À partir de quelques éléments biographiques moyennement intéressants, William Boyd va imaginer la vie picaresque d'un certain Cashel Greville Ross . Né en Écosse en décembre 1799, élevé en Irlande puis à Oxford, Cashel est décédé en 1882 dans de troublantes circonstances !
L'auteur nous rappelle judicieusement que n'importe lequel d'entre nous sera oublié totalement après…3 ou 4 générations. Diable, je n'avais jamais vu les choses comme ça…
Mais ce ne sera pas le cas de Cashel (Appelons-le par son prénom !) qui, grâce à cette vraie-fausse biographie, passera à la postérité.

Nous allons donc le suivre dans un extraordinaire périple, difficile à décrire sans spolier. Contentons nous des lieux : Oxford donc, Portsmouth, Waterloo, Madras, Ceylan, Pise, Florence, Ravenne, Arles, Londres, Boston, Londres, Zanzibar, la Tanzanie, Londres encore, Milan, Trieste, Venise !
Il ira de magnifiques réussites en cruelles désillusions, rebondira toujours, tâtera de la prison et du palais…
Il aimera beaucoup mais, au final, sera l'homme d'une seule femme.
Cashel est bien un romantique, privilégiant le coeur à la raison.

On retrouve dans ce fabuleux roman les thèmes chers à Boyd : l'héroïsme, la déchéance, la maladie, la confusion des sentiments et une sorte de best-of de tous les aléas de la contingence.
William Boyd, en spinoziste émérite, joue les destinées sur un coup de dés…qui jamais n'abolira le hasard !
C'est souvent très drôle, érudit et au final totalement jubilatoire. On apprend beaucoup de choses sur l'occident du XIXe siècle, dans le quotidien de nombreuses classes sociales, version british bien sûr. C'est à dire arrosé d'humour, de Brandy, et d'une désarmante trivialité.
Et pour ne rien gâter, la traduction est remarquable.

Ne ratez surtout pas le Romantique cet été, c'est très loin des filegoude qui sentent le sable chaud et la crème solaire, mais c'est un splendide roman d'aventures et d'amour. Un roman romantique en somme, au sens le plus radical du terme !
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« Je naquis en Ecosse, au petit matin du 14 décembre 1799. Plus tard ce même jour, l'ancien président des Etats-Unis d'Amérique, George Washington, mourait à son domicile de Mount Vernon en Virginie. Je veux croire qu'il n'existe aucun lien entre ces deux évènements. Nous sommes à la veille de mon anniversaire ; j'aurai demain quatre-vingt-deux ans.
Ainsi débute l'autobiographie inachevée, décousue et quelque peu déconcertant de Cashel Greville Ross (1799-1882), tombée en ma possession voici quelques années avec des documents connexes.
Qui fut ce Cashel Greville Ross ? Quelle fut la nature de sa vraie vie ? Comment reconstruire son ontologie singulière ? Nous disposons au moins de quelques éléments pour démarrer, mais jusqu'à quel point pouvons-nous nous y fier ?
Aussi, plutôt que de m'escrimer à rédiger une biographie de Cashel Greville Ross, j'ai considéré que l'histoire de sa vie, de sa vraie vie, serait bien mieux servie si on l'écrivait ouvertement, sciemment, honnêtement sous la forme d'un roman. »

Quelle course épuisante autour du monde, c'est un romantique qui ne s'arrête jamais, mais aussi quel bonheur de le suivre dans ces pérégrinations.

Cashel, enfant heureux, vit avec sa tante Elspeth Soutar, suite au décès de ses parents, à Stillwell Court, dans le comté de Cork, en Irlande. Malheureux, un jour il apprend qu'ils doivent déménager en Angleterre, à Oxford, il fait ses études au « collège académique pour jeunes gens du recteur Archibald Smythe ».

Il doit obéir à la lettre aux recommandations de sa tante, sinon ils auront des problèmes. Il n'est plus son neveu, mais son fils, il ne comprend plus rien. Il aura deux frères Hogan et Buckley.

Il se pose beaucoup de questions et un jour, en farfouillant dans les tiroirs fermés à clé, il apprend un secret qui change totalement sa vie. Sous l'effet du Gin, il s'engage dans le 99e régiment d'infanterie du Hampshire comme tambour. Il est logé dans une caserne à Portsmouth. Il participe à la bataille de Waterloo. Retour en Angleterre, suite à une blessure. On le retrouve avec la fonction de lieutenant dans l'armée de la présidence de Madras de la Compagnie anglaise des Indes orientales. A Ooty la verdoyante, la vallonnée, la Suisse de l'Inde australe.

Obligé de partir, il quitte Bombay par bateau, pour revenir à Waterloo et décide d'écrire son histoire, il voyage en France, en Belgique, en Suisse, Paris, Milan, son camp de base pour explorer les alentours, Pise, il se fait des amis, Shelley, lord Byron, les sujets de conversation tournent le plus souvent autour de la littérature.

On le retrouve à Ravenne, attirée par la contessa Rafaella Rezzo « Il voyait à présent que toute sa vie l'avait mené jusqu'à Ravenne. Une complexe alchimie d'embranchements, de diversions, de reculades, de décisions impromptues et de hasards l'avait amené à se trouver dans ce Teatro Municipale près de cette femme fascinante et extraordinaire. »

1832, Cashel se trouve maintenant, propriétaire de la ferme de Willow Creek, à New Banbury, dans le Comté de Middlesex, Massachusetts. Il sera tour à tour fermier, brasseur.

Retour en Angleterre, entre chaque pan de sa vie, il fait une pause, avant d'aborder une autre destination.

1856, de nouveau, son coeur l'entraine à Zanzibar, pour découvrir les sources du Nil. « Lorsqu'on l'approche depuis les hauts fonds des eaux azur, Zanzibar paraît enchanteresse, écrivit Cashel dans son calepin. Sur cette étendue de bleu resplendissant, de petits agrégats de pierre corallienne blanche se découpent en alternance avec le vert éclatant des palmiers, des tamariniers et des figuiers. »

1859, retour à Londres, il persévère dans l'écriture de son livre, il veut prouver au monde qu'il est le premier Européen à avoir vu le grand Nyanza Oukéréoué, que les sources du Nil Blanc se trouvaient bien sur la rive nord du lac Oukéréoué, mais il y a de la concurrence. D'autres veulent avoir le premier rôle.

1864, la vie en Angleterre, l'ennuie, il accepte le poste de consul de la république du Nicaragua à Trieste.

Cashel a toujours écouté son coeur, « Est-ce une grande force ou une terrible faiblesse ? » à vous de le découvrir.

Un magnifique récit qui nous entraine d'un continent à l'autre, sans jamais nous ennuyer. C'est diablement bien écrit. Une aventure dont on ne se lasse pas, tant c'est remuant.

Passionnant, le Romantique de William Boyd. 431 pages sur ma liseuse que je n'ai pas vu passer.
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Voici un récit haut en couleurs, des plus romanesques, explorant avec brio , gourmandise et enthousiasme semblable à son héros, Cashel Greville Ross , né en 1799 , apogée de l'époque victorienne , tout jeune tambour dans l'armée anglaise à la bataille de Waterloo , lieutenant de l'armée des Indes brasseur aux États - Unis , dans le Massachusetts, explorateur des sources du Nil , consul du Nicaragua à Trieste .

Une vie et quelle vie !

Celle du voyageur passionné , sorte de héros romantique , érudit, vivant mille existences , aimant l'élue de son coeur avec passion , entraînant son entourage et ses proches dans ses mésaventures riches , extravagantes, picaresques …..côtoyant ,Lord Byron et Mary Shelley à Pise, lieutenant de l'armée des Indes , brasseur dans le Massachusetts, explorateur des sources du Nil et consul du Nicaragua à Trieste.

Il mourra octogénaire après avoir traversé toute l'Europe afin de tenter d'épouser la comtesse italienne qui fut l'amour de sa vie.

Un récit mené tambour battant , flamboyant et généreux , celle d'un voyageur passionné, érudit romanesque , écoutant son coeur plus que sa raison.

Il aura été mêlé aux événements qui marqueront son époque , bouleversements sociaux, géopolitiques, culturels et soiciétaux .

Nous traversons le dix huitième siècle avec fébrilité , riche en détails remarquables sur l'époque , même les plus triviaux , aventures et mésaventures, rebondissements , personnages très travaillés , somme de réussites et d'échecs retentissants , obstacles et diversions , soucis , changements d'avis , changements de vie , déchéances , maladies , mauvais tournants, et impasses , pérégrinations, jusqu'où il pourra s'accomplir , mais non !! .
On s'y croirait vraiment.
Une course épuisante , talentueuse, d'Oxford à Portsmouth, Waterloo , Madras, Ceylan, Pise, Florence, Ravenne, Arles, Londres, Boston, Zanzibar' , la Tanzanie , Londres encore puis Milan, Trieste, Venise .

Notre héros connaîtra graves revers , tâtera de la prison , se fera escroquer….

Un roman magnifique , fabuleux , une merveille de lecture, ouvrage historique complet , abouti, ,grisant de modernité .

La plume alerte ,rapide , pointe avec un humour féroce à travers les écrits de Cashel ——qui reçoit des lettres et aime écrire ——les vices cachés de l'industrie de l'édition en plein essor avec le romantisme
. le Times publiera par erreur la nécrologie de Cashel et il sera confondu avec Tourgueniev à Baden - Baden .
Un excellent roman que j'ai dévoré en deux jours , addictif et intelligent, une ode prodigieuse à la fiction grâce à l'imagination débordante de l'auteur et son grand talent maîtrisé de l'art romanesque . Il multiplie les clins d oeil aux chefs d'oeuvre de la littérature anglaise de l'époque , Jane Eyre entre autres et cite Henri Beyle ….
Fascinant , passionnant ,ambitieux , moderne , je le conseille !
J'ajoute et vous l'aurez compris que je suis une inconditionnelle de cet auteur , je le lis depuis de nombreuses années .





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Est-ce du grand art ou de la magie d'arriver à créer un personnage dont j'ai eu du mal à croire qu'il n'avait pas existé et pourtant ...
William Boyd est un fieffé coquin car dès le prologue il bâtit la fausse biographie de Cashel Greville Ross à partir du début de l'autobiographie dont il aurait retrouvé des fragments et je fonce tête la première dans la vie tumultueuse de cet homme né en 1799 en Écosse mais élevé par sa tante, à Stiwell Court dans le comté de Cork en Irlande.

Mentant sur son âge, il s'engage dans l'armée comme tambour et se retrouve sur le champ de bataille de Waterloo.
Ainsi commence sa première aventure , son premier vrai voyage alors qu'il apprend , en partie, la vérité sur sa naissance.

De retour à Oxford où vit désormais sa famille, il finit sa convalescence puis se fait enrôler dans l'armée des Indes.
Malade, il rentre en Europe et a alors l'idée d'écrire le récit de ses voyages et de ses rencontres puisqu'il aura la chance de faire la connaissance de Lord Byron et du couple Shelley .
C'est en Italie qu'il rencontre l'amour de sa vie la Comtesse Raffaela .

Cashel est un homme qui se laisse guider par son coeur, un romantique , mais aussi un homme naïf qui se fait escroquer et un homme impulsif .
Il poursuit ses périples aux Etats-Unis où il connait quelques années de réussite puis retour précipité en Angleterre pour repartir dans une expédition à la recherche des sources du Nil puis il devient consul du Nicaragua à Trieste .

Autant de péripéties et d'aventures où la réussite et le confort financier alternent avec ruine , procès et même prison lorsqu'il est la victime , toute trouvée au vu de son enthousiasme récurrent , d'escrocs

Les pages défilent au rythme trépidant de sa vie mouvementée avec toujours au plus profond de son coeur son amour pour Rafaela , l'attachement à sa famille et à ses origines et son emballement pour les propositions les plus folles ou les plus lointaines. Cela le rend attachant et on attend avec impatience l'embuche suivante, la chute inattendue .

J'avais découvert William Boyd avec Un anglais sous les tropiques , j'avais déjà apprécié son style subtilement satyrique que l'on retrouve avec bonheur dans cet ouvrage .
Lu en Aout 2023.
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Vous n'osez pas le dire trop fort, mais quelle guigne que la terre entière se réchauffe excepté votre emplacement de camping où 17°C maigrelets ne peuvent rien contre le crachin persistant ni les vêtements aux odeurs rances ? Extirpez un sachet de thé pas trop abimé de votre sac à dos, redressez le bec bunsen et, sans vous cramer les doigts, sirotez votre mug en lisant le Romantique. Vous trouverez dans les chaleurs de la savane africaine ou dans l'étuve du climat indien un bon moyen de changer d'air.

Votre voisin de compartiment a déballé des oeufs durs à peine le train parti ? Son vis-à-vis a étalé les deux barges qui lui servent de pied de part et d'autre d'un sac de sport plein à craquer et s'est retiré dans le nuage assourdissant des pulsations de son casque audio ? Lisez le Romantique, vous y trouverez un usage tout à fait récréatif, quoi que pas exactement confortable, de certains moyens de transport.

Le Romantique, c'est l'évasion garantie. Un voyage initiatique qui n'en finit pas, des aventures sans queue ni tête dans un XIXe siècle trépidant. Cashel Greville Ross est en est le personnage principal. Dans la plus pure tradition des récits romanesques antérieurs, l'auteur nous affirme qu'il a construit son histoire sur la base de documents réels en sa possession depuis longtemps. Ainsi, corsetées par une dépendance à des faits biographiques avérés, les aventures de notre héros n'en restent pas moins presque invraisemblables, picaresques et très divertissantes. Nouveau Fabrice del Dongo, Cashel va vivre la bataille de Waterloo et sa contribution n'y sera pas beaucoup plus reluisante. Il partira aux Indes, traversera l'Europe, migrera aux Etats-Unis. Croisera des personnages hauts en couleurs, dans les prisons comme dans la plus haute société. Une vie extraordinaire !

Difficile toutefois de voir s'accomplir un destin dans ce patchwork d'événements romanesques. de lire une implication politique au siècle des nations et des révolutions. le maître mot n'est pas celui de l'amour non plus, quoi qu'il aime beaucoup (et assez mal ai-je trouvé), notre Cashel. Il faut peut-être revenir aux exergues pour comprendre : « La vie d'un homme de quelque valeur est une allégorie continuelle, et très peu de regards savent en percer le mystère. » (John Keats) Oui, c'est peut-être cela. Que ce soit pour les raisons biographiques invoquées ou parce que William Boyd ne communie pas au mythe qui voudrait que la vie d'un homme soit l'illustration d'une seule idée, il est difficile de percer le mystère de la vie de Cashel. Lui-même s'y essaie vainement jusqu'aux dernières heures de sa vie et donne, jusqu'au bout l'impression que tout peut commencer pour de vrai pour lui demain.

Et la deuxième exergue de confirmer : « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. » (Stendhal). C'est bien cela, le cadre seul qui isole les paysages défilant ne leur confère pas une causalité, ne justifie pas par une quelconque intentionnalité leur juxtaposition.
Ainsi, puisqu'il est vain de chercher un sens directeur, autant se laisser emporter par le rocambolesque et le vertige de la fiction, autant restituer « l'ontologie singulière » de Cashel Ross en nous racontant ses plus vibrantes aventures. Et cela, le Romantique le fait très bien ! Merci à Michel de sa critique enthousiaste, elle m'a mise ce livre dans les mains, pour mon plus grand plaisir.
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Dans le cimetière de l'Isola di San Michele à Venise , sur le mur délimitant le côté Nord Ouest de celui-ci est apposé une plaque :Cashel Greville Ross 1799- 1882.
William Boyd nous dit avoir été en possession de l'autobiographie inachevée de Cashel Greville Ross. Des documents, des liasses de lettres, des esquisses , des cartes, des photos.....
Un sage a écrit : Toute biographie est une oeuvre de fiction mais une fiction qui doit coller aux faits documentés.
Et William Boyd de nous avertir : "Plutôt que de m'escrimer à rédiger une biographie de Cashel Greville Ross, j'ai considérer que l'histoire de sa vie, de sa vraie vie, serait bien mieux servie si on l'écrivait ouvertement, sciemment, honnêtement sous la forme d'un roman."
C'est ainsi que se termine le prologue du livre de William Boyd.
Ainsi débute le parcours tumultueux, pétulant de Cashel Greville Ross.
Un début de vie à la Barry Lyndon. Famille pauvre d'Irlande. Elevé par une tante suite à la disparition de ses parents lors d'un voyage en bateau entre l'Angleterre et l'Irlande.
Une jeunesse rapidement rattrapée par un engagement dans le 99ème régiment du Hampshire en tant que tambour.
Et voilà Cashel Greville Ross en 1805 sur le champ de bataille à Nivelles. Bataille plus connue sous le nom de Waterloo.
C'est le début des aventures de Cashel Greville Ross. On le retrouvera en Indes dans un nouveau régiment , puis en Italie , en France, en Nouvelle Angleterre à Boston , ou en encore en Afrique à la découverte des sources du Nil.
Il sera tour à tour écrivain, brasseur, explorateur et même ambassadeur.
Il croisera Lord Byron , Mary Shelley, les explorateurs Speke et Burton mais aussi des inconnus qui l'heure venue sauront être des alliés dans les pérégrinations de Cashel Greville Ross
Il croisera surtout en Italie Raffaella, l'amour de sa vie . Les tumultes de celles ci feront que cet amour sera pour le moins chimérique et romantique.
500 pages d'un récit haletant et endiablé, sans temps mort, digne des grands feuilletonistes du 19ème siècle.
Haletant et endiablé comme cette société qui évolue à vitesse grande V. Une société au prise avec les nouvelles industries mais aussi la guerre de Crimée, la Guerre de Sécession.
En conclusion un roman magnifique qui nous laisse épaté de la capacité d'invention et d'écriture de William Boyd.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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