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Critique de Malaura


Après des déboires matrimoniaux, Adam Kindred rentre des Etats-Unis afin de recommencer une nouvelle vie à Londres.
Climatologue spécialisé dans l'étude des nuages, il espère de belles éclaircies dans sa vie. Las, ce sont de gros nuages noirs qui s'amoncellent au-dessus de sa tête !
En voulant restituer un dossier oublié à un homme croisé au restaurant, Adam découvre celui-ci assassiné dans son appartement.
Il s'agit du professeur Wang, un allergologue travaillant sur un remède miraculeux contre l'asthme pour une puissante firme pharmaceutique.
C'est le début d'une descente aux enfers vertigineuse.
Bien qu'innocent, tout semble accuser Adam.
Il est le dernier à s'être présenté au domicile de la victime et ses empreintes sont partout dans l'appartement. Naturellement la police se met aussitôt en chasse. Mais le véritable tueur est lui aussi sur le coup car Adam détient toujours le dossier du professeur Wang, un dossier que veulent récupérer à tout prix les dirigeants de la compagnie pharmaceutique.
Acculé, traqué, Adam est alors contraint de plonger dans la clandestinité des bas-fonds londoniens pour échapper à ses poursuivants.
Désormais sans toit, sans argent, sans papier, il va devoir apprendre à survivre dans la Londres des déshérités et des précaires, une ville labyrinthique aux véritables airs de jungle urbaine.

Avec "Orages Ordinaires", William Boyd fait vivre à son personnage la pire des situations, la perte de tout ce qui faisait sa vie, à commencer par son identité. Seule la liberté lui appartient encore, mais à quel prix ! Obligé de se noyer dans la clandestinité, Adam Kindred apprend aux côtés d'autres marginaux, la débrouillardise, la ruse et la méfiance.
La trame policière ainsi déployée au début du livre et dont l'auteur maîtrise parfaitement les codes, est alors détournée au profit d'une description lourde de sens de notre monde moderne et de ses inégalités sociales.
D'un côté l'univers affairiste brassant des millions de dollars incarné par la puissante firme pharmaceutique, et de l'autre la foule interlope des invisibles peuplant l'East End et les bas-fonds de Londres.
L'histoire, aux personnages secondaires aux petits oignons tient alors davantage du Dickens moderne que du polar.
L'occasion pour l'auteur de croquer ainsi sur le vif des êtres dont le cosmopolitisme est souvent synonyme de graves disparités sociétales.

Et puis il y a Londres, cité tentaculaire, personnage à part entière du roman, une Londres underground qui n'a rien à voir avec les guides touristiques et que l'écrivain anglais nous fait visiter dans les moindres recoins, des ruelles mal famées aux immeubles délabrés, en suivant les méandres de la Tamise, de Chelsea jusqu'à son estuaire, car - encore un clin d'oeil à Dickens - « toute chose commence avec le fleuve et nous y finirons, sans doute… »

Comme pour ses précédents livres, ce dixième ouvrage de William Boyd a fait les frais d'un large travail de documentation et de recherche en amont.
Pour l'auteur, il s'agit que tout soit aisément vérifiable et puisse s'appuyer sur des faits réels et avérés, des 600 cas de disparitions de personnes chaque semaine en Angleterre, aux agissements des lobbies pharmaceutiques en passant par les interventions policières des brigades fluviales.
Chaque étape du roman est ainsi préparée en un planning serré, chaque plan, chaque séquence préalablement pensés et soupesés.
Une méthode bien organisée et bien rôdée qui vaut à "Orages ordinaires" d'être orchestré de main de maître.
Dense et rythmé, un très bon livre.
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