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Critique de Cigale17


Merci infiniment à Pierre Krausse, de l'équipe Babelio, et aux éditions du Seuil pour l'envoi de Trio, le dernier roman de William Boyd, un auteur que j'adore.
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Nous sommes en 1968, à Brighton, sur le tournage de L'Épatante Échelle pour la lune d'Emily Bracegirdle (!). La plupart des noms propres font sourire grâce aux allusions qu'ils contiennent… Dans l'ordre d'apparition, la première personne qui compose ce Trio, c'est Elfrida Wing, l'épouse trompée du metteur en scène. Romancière de talent, elle est souvent comparée à Virginia Woolf. Malheureusement, elle souffre depuis 10 ans du syndrome de la page blanche, et elle se console en buvant en cachette de phénoménales quantités d'alcool. La deuxième, c'est Talbot Kidd qui, contrairement à son père, n'est pas un producteur de grande envergure. Il est marié et père de famille, mais il est depuis longtemps attiré par les hommes. L'homosexualité vient tout juste d'être dépénalisée en Angleterre (1967). le dernier membre de ce Trio, c'est Anny Viklund, la vedette du film, une toute jeune actrice américaine déjà célèbre. Sur le tournage, elle s'accorde une aventure avec son partenaire bien qu'elle ait un ami à Paris. Elle ressent d'évidentes difficultés à gérer sa célébrité et à se remettre de son très récent divorce d'avec un homme accusé de terrorisme, évadé de prison et recherché par le FBI. Pour faire face, elle s'est habituée à différents mélanges de médicaments qu'elle gobe tout au long de la journée… Chacun de ces personnages reste soucieux des apparences et se protège en proposant une façade lisse aux yeux de tous, même de ses proches.
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Le roman est divisé en trois parties de longueurs inégales : Duplicité, Capitulation, Évasion; ce qui laisse deviner l'évolution à venir. Un narrateur à la troisième personne nous invite à suivre ce Trio et plusieurs autres personnages secondaires bien campés, les trois hommes qui gravitent autour d'Anny, par exemple. D'autres personnes jouent les utilités, comme l'épouse et les enfants de Talbot. Mais tous, et pas seulement les acteurs du film, tiennent un rôle pour la galerie. Pour mettre en lumière leur duplicité, l'auteur leur prête à tous deux ou plusieurs endroits où vivre, et nombreux sont ceux auxquels il offre un pseudonyme, même parmi les personnages secondaires (le metteur en scène, le détective, le philosophe français, etc.) Talbot est probablement le plus lucide sur lui-même, peut-être parce qu'il n'a pas d'addiction, sinon ce désir de sortir du placard. Tous les trois attirent la sympathie malgré leurs manques, leurs faiblesses, leurs tergiversations J'ai bien aimé ce roman dont le ton léger et feutré est en contradiction avec le fond. Je partais de toute façon avec un préjugé favorable : j'adore l'écriture de William Boyd. Son humour très britannique, ses personnages soucieux de l'effet qu'ils produisent sur les autres, jamais sûrs d'eux, son ironie discrète, les intrigues secondaires dont il parsème ses romans me ravissent. de plus, le récit donne corps à l'époque où il se déroule. Les événements de 1968 sont passés quasi inaperçus pour un des personnages, alors qu'ils ont profondément marqué Talbot… Un très bon cru !
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