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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Le soleil tape dur au Kinjanja, ancienne colonie imaginaire du défunt Empire britannique, et à Nkongsamba, ville de seconde zone, les fonctionnaires de l'ambassade de Sa très Gracieuse Majesté tuent le temps entre paperasses, parties de golf et échanges d'invitations entre expatriés.
Dans ce coin de cambrousse surchauffée, Morgan Leafy, gros, gras, buveur et fainéant, se la coule douce tout en s'ennuyant ferme. Mais d'importantes élections se profilent dans le pays, et il s'agit, pour la Grande-Bretagne, de miser sur le bon cheval, entendez celui qui, une fois au pouvoir, servira au mieux les intérêts (pétroliers) de l'ex-Mère Patrie. Voilà une mission taillée sur mesure pour Leafy, chargé de trouver cette perle rare parmi des dizaines de candidats plus ou moins improvisés et de toutes les tendances politiques. Morgan, qui n'en touche pas une quant aux affaires intérieures kinjanjaises, et dépassé par les multiples et complexes enjeux de ces élections, s'investit néanmoins avec zèle dans cette délicate mission, qui pourrait lui valoir une promotion et surtout un ticket de sortie pour d'autres postes plus prestigieux, enfin à la hauteur de son ambition et de ses compétences de diplomate aguerri (hem...). Confiant et imbu de sa nouvelle importance, le rusé finaud se lance en même temps un autre défi d'envergure : la conquête de la fille de son supérieur. Mais ce pauvre Morgan 'Lagaffe' Leafy est aussi ridicule et empoté dans ses rôles d'agent secret et de bourreau des coeurs que dans le costume de Père Noël qu'il se voit contraint d'enfiler pour la traditionnelle distribution de cadeaux aux enfants de la communauté expatriée.
Bref, Morgan accumule bourdes et catastrophes, rate absolument tout, ne comprend absolument rien, entre pleurnicheries sur son sort et tentatives héroïques mais vaines de remédier aux situations désastreuses qu'il déclenche. En un mot, il est pathétique, et il est difficile d'éprouver pour lui de la compassion ou de l'empathie. Les autres personnages sont à l'avenant, qu'ils soient européens ou africains, d'ailleurs, tous corrompus, stupides, lâches ou arrogants, rien de bon à sauver, à la notable exception du Dr Murray, le seul à se souvenir du sens du mot « intègre », ce qui lui sera, finalement et cyniquement, bien inutile.
Dans son premier roman, William Boyd n'a pas fait dans la dentelle. Dans un récit un peu embrouillé, il dézingue férocement la Grande-Bretagne post-coloniale, qu'il dépeint encore empreinte d'un paternalisme condescendant, et dénuée de toute subtilité. Sarcastique et cynique, c'est excessif mais jubilatoire.
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