Quand l’école Ombrienne eut porté sa fleur de grâce mystique à son plus admirable épanouissemenl, — avec le Pérugin, le Pinturicchio et Raphaël, — elle était restée si naïve et si pure qu’elle semblait appartenir encore a l’âge miraculeux où la légende du Poverello d’Assise fit descendre sur terre, pour l’y admirer, les anges servant de modèles aux peintres qui les reproduisaient dans leurs tableaux, des trois maîtres, également fidèles au passé dont ils héritèrent la grâce, se contentèrent d’y ajouter leur contingent personnel qui, selon leur âge différent et leur tempérament divers aussi, se répartit de la sorte. Le Pérugin, ami des anges, continua simplement à les peindre et à ajouter un chef-d'oeuvre à l'autre, jusqu'à la 78e année de sa vie d’adorant primitif. Le Pinturicchio, ami des anges et des hommes, ramena le rêve des uns à la réalité des autres et se fit pardonner le naturalisme de ses portraits vivants par une élégance de formes si parfaite, qu'elle était encore une prière à la beauté.
Le monde de l’avenir vivra longtemps de cette génération de génies qui peupla tout-à-coup l'Italie du XVe siècle, comme si c’était le propre des génies de vivre vite, ou la manière de Dieu de ne se révéler qu’en passant. Et voyez comme, sur presque tous les points de cette étonnante Italie d’alors, la Renaissance enfanta soudain, — le temps d’une vie d’homme seulement, — ces maîtres prodigieux que les siècles précédents n’avaient point connus et que ne reverraient pas de longtemps les siècles à venir. Comme si l’Église, leur commune mère et nourrice, s’était promis à heure fixe ce miracle des arts, les maîtres de cette Renaissance admirable se levèrent, au même signal, de partout.