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Critique de starmornielna


Tout d'abord, je tiens à remercier grandement Babelio et les éditions Pygmalion pour l'envoi de cet ouvrage suite à ma participation à la Masse critique Mauvais genres ! Marion Zimmer Bradley est une célèbre autrice de fantasy que, je l'avoue, ne connaissais pas. C'était donc l'occasion de la découvrir à travers La Princesse de la nuit. Ce livre est une réécriture du très célèbre opéra de Mozart, La Flûte enchantée (1791). La Princesse de la nuit a été publié en 1985 aux États-Unis, avant d'être traduit et publié en France pour la première fois en 1996 par les éditions Pygmalion. Aussi, la maison d'édition a donc réédité ce livre presque vingt-cinq ans après la première publication !

Avant toute chose, je souhaitais évoquer le prix du livre que je trouve assez élevé. L'ayant eu gratuitement je n'ai pas à me plaindre, cependant malgré cela j'avoue avoir été assez surprise en le découvrant sur la quatrième de couverture. Pour un livre aussi court, avec une couverture plutôt classique, il coûte 19,90 euros. Je sais que les livres de fantasy coûtent souvent chers, La Princesse de la nuit a été imprimé en France et l'autrice est célèbre. Mais quand même, il ne fait même pas 300 pages ! Si nous avions un bel objet-livre avec une couverture très travaillée je pourrais comprendre, or ici ce n'est à mon sens pas le cas, certains détails laissent quelque peu à désirer. Par exemple ce rond de la lune qui a clairement été ajouté sur Photoshop, et qu'ils auraient au moins pu prendre la peine d'en estomper les contours…

Pour en revenir au livre, j'ai eu beaucoup de mal à le lire, bien qu'il soit très court (277 pages). Je me suis sentie très mal à l'aise à certains moments de lecture et ce sentiment s'est renforcé à mesure que j'approchais de la fin de l'ouvrage. L'écriture de cette chronique a été également difficile à faire car je n'arrivais pas à comprendre d'où venait le problème. Beaucoup de choses m'ont véritablement dérangée et m'ont empêchée d'apprécier la plume de l'autrice et son univers. Je tiens à préciser que je ne suis pas une amatrice d'opéra, je n'y connais pas grand-chose, et bien que je connaisse La Flûte enchantée de Mozart, je n'avais jamais lu son histoire. Aussi, pour améliorer ma compréhension et ne pas porter de jugement relevant d'une méconnaissance de l'oeuvre d'origine, j'ai lu plusieurs résumés de l'opéra et je l'ai même écouté en entier (merci la chaîne Youtube ClassicMania). Bon c'était en allemand, je n'ai pas compris grand-chose, mais cela m'a permis d'en ressentir l'ambiance. Et c'était fort agréable, je pense que si j'en ai l'occasion j'irai volontiers en voir une représentation. J'ai également lu pas mal d'article analysant la pièce, c'était très intéressant. Aussi, ce n'est pas l'oeuvre originale qui m'a dérangée mais bien la réécriture de Marion Zimmer Bradley.

Pour résumer l'histoire, nous suivons donc le prince Tamino, provenant de l'empire lointain d'Occident, qui doit se rendre en Atlas-Alamesios pour se soumettre aux épreuves du grand Temple de la Sagesse. S'égarant en chemin, il se fait attaquer par un dragon et est sauvé par les trois filles de la Reine de la Nuit. Il rencontre également Papageno, un halfling homme-oiseau oiseleur et esclave de la reine. La Reine de la Nuit profite de la présence de Tamino pour lui faire une offre : il sauve sa fille Pamina qui s'est faite enlever par le Grand Prêtre sarastro et en échange il a le droit de l'épouser. La Reine lui confie une flûte enchantée qui pourra l'aider à mener sa tâche à bien, ainsi qu'un carillon. Immédiatement amoureux de la princesse après l'avoir vue sur le miroir de la Reine, il accepte le marché et s'en va la sauver avec Papageno.

Le livre commence avec un prologue de six pages racontant la création du monde dans lequel va se dérouler notre histoire. Il explique plus précisément les origines du monde, les enjeux politiques et l'origine du désaccord entre la Reine de la nuit, aussi appelée la Reine des étoiles (ne me demandez pas pourquoi…) et le prêtre sarastro. J'ai trouvé ce prologue assommant. Les informations sont lourdes, compliqués et condensées. Honnêtement, je n'ai pas tout compris même après plusieurs lectures… Il aborde notamment la manipulation génétique que les « Créateurs » ont utilisés pour créer les halflings, ces hommes-animaux que l'on retrouvera dans tout l'ouvrage. Je ne comprends pas l'intérêt de débuter un roman avec un tel prologue. C'est sûr qu'il faut bien expliquer l'univers, mais ça aurait peut-être été mieux de le distiller dans l'ouvrage que d'en faire ce bloc indigeste ! Concernant l'histoire en générale, l'autrice a repris la trame de l'opéra de Mozart, en y ajoutant les éléments révélés dans le prologue : des êtres mi-hommes mi-animaux, de la magie et des dragons.
En revanche, en comparant avec ce que j'ai lu, les caractères des personnages sont bien respectés, ainsi que les thématiques abordées. On retrouve donc Papageno, naïf et peureux, qui n'aspire qu'à une vie simple avec une compagne qu'il a peur de ne jamais trouver ; la Reine de la Nuit, manipulatrice, puissante et cruelle ; Monostatos l'obsessionnel ; la dualité entre l'ombre et la lumière ; le récit initiatique, l'importance de la connaissance et de la sagesse ; les épreuves de la terre, de l'air, du feu et de l'eau ; et bien sûr Pamina et Tamino qui vont devoir affronter ces épreuves du Temple.

A l'opéra, l'histoire de la Flûte enchantée est racontée par les personnages, mais aussi par la musique, les décors, le travail scénique, etc. Ici, ce n'est pas le même média, aussi je pense que c'est ce qui m'a le plus gênée. J'ai eu l'impression qu'à trop vouloir ne pas dénaturer l'oeuvre d'origine, Marion Zimmer Bradley a oublié qu'elle écrivait un livre. Alors oui, il y a tout un univers de fantasy qui a été tissé autour de l'histoire principale, avec la magie et les hommes-animaux. Mais à côté de ça, les personnages sont lisses et creux.

Je prends pour exemple la romance. Si, à l'opéra elle enchante, c'est que les émotions sont transmises par la musique et pas seulement par les mots. Dans cet ouvrage, cela se résume à Tamino qui voit la princesse et en tombe éperdument amoureux, et Pamina qui apprend qu'un prince qu'elle ne connaît pas est amoureux d'elle et tombe amoureuse de lui… Alors oui, cela respecte l'oeuvre originale, mais je trouve que dans un livre de fantasy ça sonne vide. J'aurais fortement aimé plus de profondeur aussi bien chez les personnages que dans les sentiments qu'ils ont les uns pour les autres.
Le récit, parce qu'il est initiatique, nous dispense beaucoup de philosophie en rapport avec les épreuves que franchissent Pamina et Tamino.
Cependant, j'ai trouvé que le propos était trop noyé dans du mysticisme et que du coup ça alourdissait grandement la lecture. J'ai été très gênée par certaines explications philosophiques du texte, notamment lorsque cela parle des femmes. En plus d'être immédiatement sexualisées (chaque fois qu'une femme apparaît, on parle de ses seins), les femmes sont soit des ennemis, soit des accompagnatrices de l'élévation du héros. A la fin de l'épreuve de l'air, le prêtre explique à Pamina et Tamino que s'ils ont réussi c'est que Pamina a pu utiliser sa magie, et que Tamino a fait preuve d'humilité en laissant plus faible que lui le sauver. C'est ce type de discours, égrainé au fil du texte, qui m'a mis bien mal à l'aise. Encore une fois, je ne connais pas assez bien l'opéra pour savoir si c'est la même chose dans La Flûte enchantée de Mozart, mais le texte actuel a été écrit dans les années 1980 et non au dix-huitième siècle, aussi ça aurait été plaisant de lire quelque chose de plus moderne concernant le rôle de la femme. D'autant plus quand j'ai lu que l'autrice été habituellement considérée comme féministe. Ou alors, je me trompe totalement et je n'ai pas compris le bon message…

Enfin, s'il y a bien quelque chose d'étrange dans ce roman c'est les halflings. Ces personnes mi-hommes, mi-animaux créent le malaise. Représentés souvent de manière grotesque, ils sont soit réduits en esclavage chez la Reine de la Nuit, soit infantilisés et discriminés chez sarastro. À chacune de leur apparition, je me suis demandée : pourquoi avoir fait ça ? Entre ces femmes-loutres qui donnent des envies sexuelles au héros (les seins tout ça…), les hommes-dauphins et surtout Papageno qui a l'air d'être si stupide, c'est le malaise. Pourtant, Papageno est un personnage très important dans La Flûte Enchantée, il aide le héros dans sa quête. Il n'y avait pas besoin d'en faire un halfling, comme si sa condition justifiait le fait qu'il soit lâche et naïf ! Et puis, finalement, il n'apporte rien de plus à l'histoire à part des réflexions philosophiques pleines de condescendance et de discrimination positive sur les droits et l'intérêt de ces êtres. le livre se termine sur une fin que j'ai trouvé expédiée. Il aurait été plaisant de savoir ce qu'il était arrivé aux personnages secondaires, mais non, on ne les reverra plus.

J'ai beaucoup écrit finalement sur ce livre, et je pourrais en dire plus encore, mais je vais m'arrêter là sinon personne ne lira jusqu'à la fin ! Cette réécriture de la Flûte enchantée ne m'a pas du tout convaincue. J'ai été particulièrement déçue par ce roman, je m'attendais à plus de merveilleux, de poésie et d'émotions. Au lieu de cela, je me suis sentie régulièrement mal à l'aise ou dans l'incompréhension pendant ma lecture. Certes, l'ouvrage est bien écrit, et il respecte la trame originale de l'opéra et son déroulement, mais ça n'a pas du tout fonctionné avec moi. Je n'ai pas l'impression qu'il ait apporté quelque chose à l'oeuvre d'origine. Mozart avait créé cet opéra à destination de tous, avec plusieurs niveaux de lecture. Or ici, sans une connaissance approfondie de l'opéra, il est difficile d'apprécier l'ouvrage. On perd donc cette ouverture à tous et c'est dommage ! Je trouve que l'on perd également l'aspect enchanteur au profit d'un lourd discours philosophique souvent bien trop mystique pour vraiment comprendre ce qu'il se dit. le point positif sur lequel j'aimerais conclure, est que grâce à ce texte, et bien que je ne l'aie pas aimé, j'ai pu découvrir La Flûte enchantée. Cet opéra est magnifique, je vous encourage vivement à aller l'écouter ou bien même le regarder !
Lien : https://lesaffamesdelecture...
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