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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Itinéraire atypique et digne d'un roman que le sien : il commence en Allemagne, passe par la Tchécoslovaquie puis par le camp de concentration de Buchenwald, pour finalement aboutir en France. Sur sa route, des personnes croisées, chargées d'un vécu historique méconnu, mais non moins remarquable. le parcours de vie de Rudolf fut pour beaucoup la résultante de la répression de sa sexualité par les nazis."

A partir du témoignage qu'il a recueilli auprès de Rudolf Brazda, né en Allemagne de parents tchèques mais dont la seule langue et culture de référence était l'allemand, Jean-Luc Schwab retrace non seulement le parcours de cet homme de l'insouciance à l'arrivée progressive des lois répressives contre les homosexuels en Allemagne. Son manque de méfiance lui vaut d'être d'abord envoyer en prison puis expulsé en Tchécoslovaquie - n'étant pas considéré comme un citoyen allemand. Puis vient l'invasion des Sudètes, une nouvelle arrestation. Mais cette fois, direction le camp de Buchenwald.

J'ai trouvé cet ouvrage intéressant à plusieurs titres. le fait d'avoir relayé la voix de Rudolf a permis a Jean-Luc Schwab de dérouler L Histoire et son impact sur les individus qui l'ont subi très concret. Il nous renseigne ainsi sur l'Allemagne d'après la crise et rend d'un coup très compréhensible plusieurs dates marquantes du conflit qui n'étaient qu'énumérés en cours d'histoire à mon époque, sans que mes professeurs parviennent à me faire toucher du doigt leur impact sur le quotidien des individus.
Chaque partie apporte donc des renseignements sur ces différentes étapes. Que ce soit celle à Buchenwald ou même avant, on comprend à quel point l'humiliation est d'abord passé par le langage.Pas assez pris au sérieux au départ, les parcours des personnes citées nous font vivre cette intrusion de l'idéologie nazie sous couvert de "morale" ou "moralisation" de la vie allemande qui s'est infiltré dans les institutions comme la Justice jusque dans les foyers des individus.

Un document historique riche dont la conclusion m'a paru un peu galvaudée, mais c'est ça, c'est une affaire de sensibilité très subjective sur un sujet et un ouvrage qui réussit à être très objectif et à faire rentrer très peu de sentiments.
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C'est à l'âge de 95 ans que Rudolf Brazda décide de témoigner publiquement, faisant de lui le dernier survivant connu déporté pour homosexualité. Dans cet ouvrage, Jean-Luc Schwab nous offre sa biographie ; celle-ci a permis de faire naître une belle amitié entre les deux hommes. Jean-Luc Schwab se sera occupé de Rudolf Brazda durant les dernières années de sa vie.

Le choix du mot « itinéraire » paraît étrange au premier abord, mais il est si vrai : Rudolf Brazda est passé de pays en pays, au gré des événements, pour décider de passer le reste de sa vie en France, suite à la libération du camp de Buchenwald. Jean-Luc Schwab ne se cantonne donc pas à cette période : il raconte brièvement l'enfance de Rudolf, puis ses diverses rencontres, emplois, incarcérations, jusqu'à son départ pour Buchenwald. Viennent ensuite une partie sur le camp, et une dernière sur l'après.

Cependant, il s'agit de bien plus qu'une biographie. Ne serait-ce que parce que Jean-Luc Schwab raconte également la vie d'amis de Rudolf. Encore plus parce que le récit est truffé d'informations historiques. le tout peut donc sembler très factuel. J'ai d'ailleurs trouvé qu'il ne mettait qu'à de très rares moments l'accent sur l'émotion. Certains passages se révèlent donc plus complexes à lire (encore plus quand on ne parle pas allemand), mais sont d'une importance capitale.

Si j'ai choisi ce livre (merci à moi-même d'avoir créé Lire en couleurs, sans quoi je serais passée à côté dudit livre), c'est parce que je n'ai jamais entendu parler d'un autre livre concernant les triangles roses. Il existe de nombreux bouquins en tous genres sur la Seconde Guerre mondiale, mais je n'ai vu aucun titre faisant référence aux homosexuels déportés. Je suis donc bien contente d'être tombée dessus en cherchant un titre contenant le mot « rose ».

S'il n'y avait qu'une seule chose à retenir de Rudolf, ce serait son optimisme. C'était un battant, qui n'a jamais cessé de penser à l'avenir lors de situations compliquées. Il a toujours considéré que Dieu avait été bon avec lui (pour résumer, lors de son passage à Buchenwald, il a réussi à obtenir de meilleures conditions que d'autres, car il était couvreur et avait un bon contact avec son supérieur) et a déclaré : « Et si c'était à refaire, je n'y changerais rien, pas même mon passage à Buchenwald ! ». Phrase choc que l'on n'imaginerait pas sortir de la bouche de qui que ce soit. Peut-être parce qu'à Buchenwald, il a réussi à connaître la solidarité, parfois…

À travers ce témoignage, de nombreux sujets sont explorés : les techniques utilisées par la police pour trouver les homosexuels, la sexualité dans les camps, une petite comparaison avec aujourd'hui, etc.

Une lecture intéressante et instructive, la biographie d'un homme résolument humain, malgré le processus de déshumanisation enclenché par les nazis. Il y aurait tant à dire… le mieux reste de découvrir !
Lien : https://uneviedeslivres.word..
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Après les horreurs de la guerre, il faut transmettre. C'est ce à quoi se s'est affairé Jean-Luc Scwab dans ce livre paru aux éditions "J'ai lu".

Si cette facette de l'histoire est peu connue, la déportation d'homosexuels en camps de concentration reste cependant un fait avéré. le 3 août 2011, le dernier témoin de cette triste réalité encore en vie s'éteignait. Il s'appelait Rudolf Brazda. C'est son parcours de vie qu'a voulu nous transmettre J-L Schwab.

Et l'auteur n'a pas voulu parler uniquement de la période la plus sensible de la vie de cet homosexuel. Tel l'aurait fait un historien, il a préféré replacer son existence dans un contexte, puis a abordé les premières altercations avec le régime nazi avant d'en venir au camp. Et dès lors, il ne s'est pas arrêté ici, expliquant la reconstruction de cet homme, si reconstruction il peut y avoir après une épreuve pareille.

Ce travail de recherche est remarquable et mérite d'être souligné, mais force est de constaté que les faits ne suffisent pas à toucher, frapper le lecteur, et donc transmettre et faire prendre conscience ! Il aurait été nécessaire de donner davantage la parole à R. Brazda, le citer, presque à chaque page, pour qu'on comprenne les sentiments profonds de cet ancien déporté !

Je ne blâmerai toutefois point trop l'auteur qui, ici, rend un immense hommage à tous les homosexuels déportés, et à Brazda en particulier, pour que l'on n'oublie rien. En nous expliquant ce qu'a pu être le parcours de ce triangle rose, la mémoire est perpétuée, car jamais il ne doit exister un épisode semblable (bien que certains pays dans le monde n'en soient pas loin...) !
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Livre documentaire singulier et intéressant
Oui, "livre documentaire" plus que "témoignage" car - et ce sera là mon seul vrai bémol - l'auteur retrace les vicissitudes de la vie de Rudolf Brazda mais ne transmet guère les pensées, les réactions de celui-ci face à l'acharnement judiciaire qu'il a subi et aux nombreux revers de fortune qui ont émaillé son existence. Sans doute devons-nous ce parti pris au souci d'objectivité si cher aux historiens, mais je n'aurais pas été contre un mélange des faits et des ressentis pour une lecture moins "formelle".

Ceci étant dit, on ne peut que saluer la démarche globale de Jean-Luc Schwab et la clarté de son exposé (lu d'une traite, ce qui me paraît bon signe). Il faut dire que l'existence de R. Brazda est rocambolesque (tristement rocambolesque) et que cet homme a traversé des temps bien changeants : une approche chronologique s'imposait en effet. L'ensemble paraît très bien documenté et sérieux, même si je ne suis que profane dans ce genre de lecture. L'auteur fait les rappels de contexte historique qui s'imposent, sans pour autant nous noyer sous les détails extérieurs au parcours de son "protagoniste".

Contrairement à d'autres "rescapés" des camps de concentration, R. Brazda impressionne, à mesure que se dévoile son histoire, par son indéfectible volonté de vivre, et de vivre heureux, ce qu'il semble avoir fait assez bien jusqu'à ses 98 ans : chapeau bas !
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Rudolf Brazda (1913-2011) est né en Allemagne de parents Tchèques. Condamné en 1937 pour homosexualité il est expulsé d'Allemagne et choisit de s'installer en Tchécoslovaquie. Après l'annexion du pays par les nazis il est de nouveau condamné et envoyé au camp de concentration de Buchenwald en août 1942. Affecté d'abord à la carrière de pierre du camp, où le travail est particulièrement dur, Rudolf doit ensuite à son métier de couvreur de se retrouver dans un kommando bâtiment, moins rude. Il y fait la connaissance de Fernand Beinert, originaire d'Alsace et communiste comme lui avec qui il se lie d'amitié. Il y a une solidarité entre les détenus communistes qui fait partie des éléments qui ont permis à Rudolf de survivre. Après la libération de Buchenwald, Rudolf suit Fernand en Alsace, où il se fixe.

Jean-Luc Schwab est délégué régional en Alsace de l'association Les oublié-e-s de la mémoire qui oeuvre pour la connaissance et la reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité. Il a fait la connaissance de Rudolf en 2008 après avoir lu un article sur lui dans la presse locale. A partir de ce moment là ils se sont rencontrés régulièrement et ils ont voyagé ensemble sur les anciens lieux de vie et de déportation de Rudolf. L'auteur a croisé les entretiens qu'ils ont eu avec des témoignages d'autres personnes et des recherches dans les archives allemandes, tchèques et françaises.

J'ai apprécié de découvrir la vie insouciante de Rudolf avant son arrestation, dans une petite communauté homosexuelle qui ne se cache pas vraiment malgré les nazis et la délation. J'ai appris des choses sur le fonctionnement du camp de Buchenwald -je crois bien que je n'avais jamais rien lu sur ce camp. Les déportés pour homosexualité y ont toujours été minoritaires (moins de 1 %). Ils sont 75 à la fin de l'année 1942, 189 fin 1944. On estime aujourd'hui qu'en tout 10 000 personnes ont été déportées pour homosexualité dont 40 % seulement ont survécu, un chiffre qui correspond au taux de survie global des déportés en camps de concentration.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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[...] Je me suis plongé avec intérêt dans cette biographie de Rudolf Brazda. L'ensemble est bien retracé et l'historien est parfaitement documenté. Grâce au dépouillement des archives policières et judiciaires, il montre les dérives d'un état totalitaire [...]. On suit le parcours de Rudolf Brazda dans l'horreur du camp de concentration de Buchenwald. Et puis son installation à Mulhouse après la guerre.

La qualité du témoignage est réelle mais ce qui manque à ce livre c'est une plume littéraire. Les faits sont parfaitement retranscrits, on sent l'émotion de Jean-Luc Schwab poindre par moments, mais tout cela reste souvent trop froid et factuel. Il en reste malgré tout un ouvrage indispensable pour la mémoire de la déportation et de la persécution des homosexuels par le régime nazi.
Lien : http://lionelfour.wordpress...
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