AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mylena


Cette pièce, constituée de 24 scénettes indépendantes, écrites entre 1935 et 1938, qui, ensemble, révèlent des facettes de la société allemande. Brecht ne vivait déjà plus en Allemagne à ce moment-là et s'est inspiré de récits de témoins et d'extraits de journaux. Ensemble ces scènes dressent l'état de l'infiltration du régime nazi dans toutes les sphères de la société. Publiée d'abord en 1938 à Prague, elle a été peu diffusée (invasion de la Tchécoslovaquie), mais huit des scénettes ont été jouées en allemand à Paris en 1938. Elles ne connaîtront une plus large diffusion qu'à partir de 1945 et mises en scènes d'une façon plus classique (répartition des scénettes pour faire trois parties) dans un décor évoquant la guerre et l'armée nazie et avec un texte supplémentaire, le « Choeur de l'auto blindée » réparti entre le début, les intermèdes et la fin. Je pense que j'avais déjà lu ce texte présenté ainsi (le nombre mais aussi l'ordre des scénettes est extrêmement différent de la version de 1938), c'est un texte fort, mais il ne faut absolument plus le lire ainsi, ça donne trop l'impression erronée d'avoir été écrit pendant la guerre ! Toujours est-il que, par curiosité, j'ai voulu lire les huit scénettes de la représentation parisienne en premier, pour percevoir ce qu'elles donnaient à voir à leur probablement rare public : suspicion, délation, méfiance et auto-censure permanente et généralisée (La croix blanche, le mouchard, Placement de main-d'oeuvre), débâcle économique, manifeste mais niée, au nom de l'effort de guerre (Secours d'hiver, Deux boulangers, le paysan nourrit son cochon), situation des juifs (La femme juive), état surréaliste du droit et de la justice (A la recherche du droit). Puis j'ai continué avec les autres scénettes, mais il faut bien avouer que ces 8 scénettes sont les textes les plus fort, même si les autres montrent d'autres facettes sociales et insistent un peu plus sur le sort d'opposants politiques plus conscients. Tout est dit en quelques mots, comme avec ses parents qui craignent que leur fils soit sorti pour les dénoncer alors qu'il est juste allé acheter des bonbons. C'est d'une concision remarquable, avec cette galerie d'anonymes très représentatifs. Un texte édifiant, témoignage de la résignation, de la soumission inéluctable de tous les pans de la société.
Commenter  J’apprécie          311



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}