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Critique de tamara29


Si je souhaitais lire « La vie de Galilée » et « La résistible ascension d'Arturo Ui », c'est finalement avec la pièce de théâtre « Grand-peur et misère du IIIè Reich » écrite entre 1935 et 1938 que j'ai découvert le dramaturge allemand Bertolt Brecht.
Cette pièce de théâtre est composée de 24 scénettes qui se déroulent durant l'Allemagne nazie avant que n'éclate la seconde guerre mondiale.

Dans ces différentes scénettes, Brecht évoque le quotidien des Allemands sous le régime nazi, quotidien régi et rythmé par la peur. On pénètre dans leur intimité lors de discussions, autour d'une table de la cuisine, dans un appartement, dans la rue... On comprend combien tous font attention à ne pas critiquer le pouvoir de peur des représailles. Qu'ils soient issus de la classe populaire ou du milieu bourgeois, qu'ils soient résistants, juifs, militants ou militaires mais aussi -déjà- prisonniers dans les camps, personne n'est épargné par cette peur, cette peur d'être dénoncé, d'être arrêté. Et face à elle, l'auteur dépeint les divers comportements, les mensonges, les chuchotements, les états liés à la peur. On entend le bruit des bottes, les cris, les larmes, les voix chevrotantes et le lourd silence.

Dans cette pièce de théâtre, le dramaturge dresse le portrait de toute la société allemande prise sous le joug du régime totalitaire. Il représente toutes les classes sociales, que ce soit dans la sphère privée ou celle publique, familiale ou professionnelle (et on se retrouve forcément dans l'un des personnages).
En se servant uniquement des dialogues, des discussions échangées (puisque les descriptions des personnages sont quasi inexistantes), l'auteur réussit à nous montrer combien et comment la peur est entrée en chacun, avec notamment des relations avec les autres dictées par cette peur, des relations forcément déformées, avec déjà pour certains une forme d'obéissance, d'acceptation du régime. Et c'est par ce style dépouillé que les scènes de la vie quotidienne instillent en nous une sensation de malaise et d'angoisse plus dense.
Et ce d'autant plus lorsque l'on sait que Brecht a écrit ces scénettes à partir d'articles de journaux ou encore de ce qu'on lui a raconté.

Lui qui a connu l'horreur de la première guerre mondiale, l'arrivée au pouvoir du nazisme l'a contraint à fuir l'Allemagne et à s'installer au Danemark en 1933. Par cette pièce de théâtre qui sera joué notamment à Paris en 1938, Brecht souhaitait témoigner et alerter, tout particulièrement aux compatriotes exilés comme lui, de la gravité des évènements qui se déroulent en Allemagne.

Certaines de ces scènes m'ont plus marquée que d'autres. Mais c'est bien entendu en les prenant dans leur globalité que cela prend tout son sens, et c'est dans cette globalité que chacune d'elles prend alors plus de poids.
Le lecteur d'aujourd'hui, sachant que le pire était encore à venir -que cette période n'était encore que les prémices de la folie d'un homme (et de la seconde guerre mondiale, des camps de concentration, …), lit avec plus d'effroi ces scénettes. Et cela résonne en nous et rend cette lecture encore plus saisissante.

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