AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EugeneMichel


ême si Alcools (1913) d'Apollinaire est un recueil très important pour l'émergence de la modernité de la poésie française du 20e siècle, c'est Poisson soluble qui nous paraît marquer une vraie naissance de la liberté créatrice. André Breton publie ce livre en 1924 : « le parc, à cette heure, étendait ses mains blondes au-dessus de la fontaine magique. Un château sans signification roulait à la surface de la terre… » Poisson soluble regroupe un choix de 32 historiettes — dont 31 purement automatiques d'après les dires de l'auteur — qui rivalisent d'inventivité ludique, de « légèreté contagieuse » selon le mot de Julien Gracq. Breton avouait garder un faible pour le texte 16 : « La pluie seule est divine, c'est pourquoi quand les orages secouent sur nous leurs grands parements, nous jettent leur bourse, nous esquissons un mouvement de révolte qui ne correspond qu'à un froissement de feuilles dans une forêt. »
A l'âge de 28 ans, dès son Manifeste du surréalisme qui était une préface à Poisson soluble, Breton affirme que : « Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d'esprit nous est laissée », et, si la « surréalité » consiste à résoudre l'apparente contradiction qui existe entre le rêve et la réalité, le but est d'atteindre le merveilleux. Aussi bien, la contestation prime : « C'est la révolte même, la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut connaître que trois voies : la poésie, la liberté et l'amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point le moins découvert et le plus illuminable du coeur humain. »

Dans ce même texte inaugural, le jeune homme reprend la fameuse formule de Rimbaud, la « vraie vie » : « C'est peut-être l'enfance qui approche le plus de la « vraie vie » ». Chercher cette vraie vie, cela ne fut pas pour Breton un vain mot comme on peut le constater en lisant la biographie passionnante établie par Mark Polizzotti. Breton conclut son premier Manifeste par les mots « l'existence est ailleurs » qui ne manquent pas de faire à nouveau écho à Une saison en enfer de Rimbaud.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}