Citations sur Sianim, tome 1 : Masques (14)
De vieux amis, de quoi soulager l’effrayante sensation d’être seule au monde. (p.88)
- Que peux-tu m'apprendre sur les dragons? Il serait utile de connaître leurs préférences alimentaires, savoir s'ils mangent des humains, par exemple, ajouta Myr d'une voix empreinte d'espoir avant de s'asseoir sur un bras du canapé. Certains ont tendance à paniquer pour un rien.
- Malheureusement, pas grand-chose, répondit Aralorn. J'ai lu des histoires à leur sujet. Dans les contes, ils dévorent des humains, mais pour une raison qui m'échappe, ils semblent se cantonner aux vierges enchaînées à des rochers. Comme ces dernières ne foisonnent pas dans les parages, je suppute que notre dragon préfère se repaître de denrées différentes.
— Ça t’aurait tué d’emballer quelque chose de moelleux, comme une chemise par exemple ?
Il aurait dû être surpris. Ou fâché. Au lieu de quoi, il constata qu’il était, bien que ce fût absurde, reconnaissant.
Il la prit dans la main pour la sortir de là et la tint à hauteur de ses yeux au creux de sa paume.
— Celui qui s’invite sans être convié n’a pas le droit de se plaindre du confort des prestations.
— Ciel ! s’exclama la souris d’une voix choquée. J’espère que je ne m’impose pas.
-Qu'est ce que tu as ramassé par terre ?
-Ah ! oui! Une simple... espionne. Petite, mais efficace.
Était-ce de l'amusement qu'elle percevait dans sa voix ?
Le sac s'ouvrit et elle se retrouva suspendue par la queue sous les yeux attentifs des deux hommes. Elle se tortilla et mordit la main qui la tenait, fort.
Le mage rit, mais desserra sa paume pour qu'elle puisse s'y asseoir confortablement.
- Mon seigneur, laissez-moi vous présenter Dame Aralorne ancienne espionne de Sianim
Celui qui s’invite sans être convié n’a pas le droit de se plaindre du confort des prestations.
(p. 405)
Contre toute attente, aucune de ses blessures n'était grave, mais toutes réunies, elles sapaient sa vigueur et engourdissaient ses réflexes. Les uriahs ne cessaient d'affluer. Les hurlements du cheval avaient stoppé et elle en fut extrêmement soulagée. Elle avait été stupide de cavaler jusqu'ici.
[Aralorn] s’attela à sa lecture. Elle était fascinante, mais pas au sens où l’auteure l’entendait. Dans l’introduction, cette dernière avouait n’avoir jamais rencontré de changeformes. Néanmoins, elle s’estimait experte en la matière. Les histoires qu’elle affectionnait le plus étaient celles qui décrivaient les changeformes comme « une puissante race, sans doute mythique » dont l’occupation principale consistait à dévorer d’innocents bambins égarés dans les bois.
- Si je faisais partie d’une puissante race mythique, marmonna Aralorn, je ne perdrais pas mon temps à manger des enfants. Je pourchasserais les imbéciles prétentieux et oisifs qui se permettent d’émettre des jugements sur ce qu’ils ne connaissent pas.
(p. 335)
— Que t’a dit le garçon ?
Il accentua le mot « garçon » sans raison apparente si ce n’était qu’il devait le préférer à « roi ».
— Je ne m’en souviens pas…
Le sortilège de l’Archimage, quoi qu’il soit, n’affecta pas seulement le corps d’Aralorn, même si elle sentit ses muscles se crisper si fort qu’elle eut l’impression d’entendre ses os se briser. La douleur diminua sa résistance naturelle aux autres enchantements et, peu à peu, le sentiment de honte désormais familier s’insinua en elle. Elle devrait se plier en quatre pour le satisfaire. Pourquoi ne se montrait-elle pas plus obéissante ? Regardez ce qu’elle le forçait à faire ! Cela cessa aussi vite que c’était arrivé, la laissant en pleurs, secouée de frissons et impuissante.
— Quand je te pose une question, j’attends une réponse, reprit-il d’un ton suave.
— Il t’a ordonné de ne pas sortir.
Peut-être n’avait-elle pas entendu le mage.
Aralorn lui jeta un coup d’œil tandis qu’elle rengainait son épée.
— Il est dit dans mon dossier – je le sais parce que Ren me les a montrés : « N’obéit pas aux ordres, peut à l’occasion tenir compte d’une suggestion. » Loup t’a-t-il semblé émettre une quelconque suggestion ?
Le loup pencha la tête d’un côté, un éclair d’amusement traversa ses yeux. Elle rit et continua à défaire les liens. Il avait même pensé à lui rapporter son épée et ses poignards.
Elle se disait parfois qu’il était peut-être un changeforme renégat, un membre du peuple de sa mère, même s’il était dépourvu des yeux gris-vert propres à cette race. Une créature plus douée qu’elle et capable de lui cacher sa véritable essence. Cela paraissait improbable, cependant son existence même constituait une énigme.
Il était fort peu probable qu’il fût un mage humain, car la magie traditionnelle ne convenait pas à la métamorphose. Au lieu de se fondre dans les forces de la nature, elle cherchait à les maîtriser et exigeait une concentration incroyable, impossible à maintenir pendant de très longues périodes.