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Critique de gerardmuller


Un instant dans le vent/André Brink
Odyssée dans le veld et le karoo.
Ils sont nus. Elle est blanche. Il est noir. Ayant perdu leur équipage, ils errent échevelés, épuisés et brûlés par le soleil implacable de l'Afrique du Sud pour tenter à pied de rejoindre le Cap.
Dans ce très beau roman, deux personnages principaux : Élisabeth et Adam. Les autres personnages ne sont que des fantômes surgis du passé par intermittence dans ce récit palpitant du début à la fin avec pour cadre une nature sauvage et dangereuse.
En 1749, Elisabeth d'origine franco-hollandaise accompagne son mari Erik Larsson, explorateur suédois, dans une expédition au nord de la ville du Cap en Afrique du Sud.
L'affaire tourne au désastre quand leur guide van Zil se suicide et que les Hottentots porteurs fuient. Peu de temps après, Larsson meurt. Elisabeth se retrouve seule au milieu du veld avec le convoi de chariots tirés par des boeufs.
Elle est découverte peu après par Adam, un esclave en fuite qui suivait discrètement le convoi depuis un certain temps.
Va alors commencer un retour épique de la blanche et du noir durant des mois vers la civilisation.
Une errance de deux années que André Brink nous conte dans un style somptueux avec le talent qu'on lui connait. Un voyage à risque. Et la découverte réciproque de deux êtres que tout sépare.
Après une introduction explicative, le roman débute au moment où Adam découvre Elisabeth perdu dans l'immensité de l'arrière pays du Cap de Bonne Espérance, le pays des lions.
Avec une technique de narration très au point, André Brink nous fait vivre cette épopée avec des retours en arrière qui nous permettent de connaître mieux le passé de ces deux êtres qui tout deux ont vécu déjà une existence difficile. Et puis tous deux poursuivent alternativement une conversation muette tout en vaquant à leurs occupations, évoquant leurs espoirs et leurs déceptions, leurs joies et leurs drames passés.
Extrait : ils sont au bord du gouffre et ne voient d'autre issue que d'attendre la mort, et Adam admirant Élisabeth exténuée et squelettique, songe : « Tu es si calme près de moi. Voici les vautours. Tu es sale et couverte de poussière. La sueur a dessiné des arabesques sur ton visage brûlé. Tes cheveux sont maculés de boue, la souffrance cerne ta bouche ; tes yeux sont injectés de sang, apeurés ; tes seins pendent ; les aréoles sont noires et brulées. Etre humain réduit en poussière. Je te reconnais. Je ne t'ai jamais aimée autant que je t'aime aujourd'hui. »
Cette histoire est inspirée d'un fait divers qui s'est produit en 1749 dans le même cadre.
Un très grand roman de l'humaniste qu'était André Brink qui nous a quitté il y a quelques mois, où s'entremêlent l'amour et la sensualité, la liberté et l'esclavage.
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