La Double Vie de Dina Miller

J'ai lu ce livre parce qu'il faisait partie de la sélection du prix Babelio et que j'ai aimé les thèmes abordés dans la 4e de couv.
L'époque, le lieu, les débuts de la conquête spatiale, un côté Desperate Housewives.

Parlons-en tiens, de Desperate Housewives. Pendant toute la lecture, j'ai eu l'impression que l'autrice ne faisait que recracher les décors et la routine dépeinte dans les films et séries américaines, sans les connaître réellement ni vraiment savoir de quoi elle parle. Elle se contente de décrire ce qu'elle a vu mille fois à la télé. J'ai donc vraiment eu ce sentiment de façade factice, plate et en carton-pâte, non pas dû à cet american way of life qu'elle décrit, mais au fait qu'elle ne le décrit qu'à travers le prisme déformé de la pop culture dont elle s'est manifestement beaucoup trop nourri (en gros, elle s'abreuve de sources secondaires stéréotypées et se contente de les recracher telles quelles, sans réel travail de recherche un peu plus poussé).

Et ce sentiment de façade factice et de manque de recherche a eu tendance à déteindre sur tout le reste. Des personnages et un récit clichés, sans aucun développement, sans profondeur, sans finesse, sans subtilité.
Des personnages réduits à un seul rôle, un seul statut, ça devient très vite redondant pendant la lecture.
Quand on est obligé.e d'expliquer les paroles d'un personnage ou la situation qu'il vit, c'est qu'on ne fait pas très bien son travail d'écrivain.e selon moi.
Par exemple : "Elle se lance alors dans un monologue sur la fierté patriotique qu'elle ressent en ce jour particulier. Une rengaine apprise par coeur par les femmes de scientifiques."
Peut-être que si l'autrice avait suffisamment développé ses personnages et son intrigue en amont et avait su mettre en mots ce monologue patriotique, elle n'aurait pas eu besoin d'expliquer ensuite que c'était une rengaine apprise par coeur etc. le récit se serait suffi à lui-même.
Et c'est comme ça du début à la fin.

Je n'ai pas non plus aimé le fait qu'elle veuille à tout prix faire entrer de la modernité et un pseudo-féminisme mal venus dans l'histoire. J'aimerais beaucoup que les autrices arrêtent d'écrire des romans "historiques" (en gros qui se passent avant les années 1980-2000) en y calquant leur grille culturelle actuelle.

Bref, tout ça fait que l'intrigue tombe à plat.
Sans compter toutes les invraisemblances et facilités d'histoire et d'écriture, notamment tout le côté agents et missions du Mossad, et oh mon dieu... la relation entre Dina et Peter, pas du tout crédible, invraisemblable, totalement malvenue et digne d'un Harlequin... (et oui, je rêve aussi d'un monde où quand il y a un personnage féminin et un personnage masculin, l'auteur ou l'autrice ne les fasse pas systématiquement vivre une histoire d'amûûûûûr, mais ceci est un autre débat).
Je n'ai été touchée ni par les personnages, ni par ce qu'ils ont vécu ou ce qu'ils vivent. Trop manichéen, trop grossier, sous-développé. Pour résumé : tout, dans ce livre, est cousu de fil blanc.

La réalité historique (notamment l'opération Paperclip, que je suis effarée de constater que beaucoup ne connaissaient pas, alors que la documentation est assez abondante sur ce sujet en 2024 et ce depuis pas mal de temps maintenant) aurait mérité mieux je pense, qu'un roman de gare à l'écriture simple et sans profondeur.