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Citations sur Le Delta sauvage (7)

La jeune fille dormait du sommeil profond des tout petits enfants, remuant faiblement de temps à autre quand le canot allait donner avec un choc assourdi contre un banc de boue. La vieille fille aussi se sentait fatiguée, mais elle était résistante et nerveuse, et le démon de l'aventure la tenait éveillée. Et puis il y avait la vie grouillante des marécages couverts de mangliers qu'ils longeaient - les alligators, les tortues géantes, les nuages d'aigrettes diaprées, les corbeaux, les goélands, les serpents d'eau - une vie intense qui semblait animer chaque brin d'herbe, chaque arbuste recouvrant le fertile limon du fleuve. Elle était, au fond d'elle-même, contente d'avoir dû abandonner le San Cristobal. A bord d'un navire de cette importance, forcé de rester au milieu du fleuve, là où le courant était rapide et fort, elle n'aurait rien pu voir de cette vie fascinante à portée de la main.
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Le souvenir même de ses prouesses, de son sourire, de son rire, n’avait plus le pouvoir de l’attendrir. Au cours de sa carrière bien remplie, elle avait connu beaucoup d’hommes de son espèce, des hommes qui, grâce à leur pouvoir animal, avaient tenu les femmes dans un abject esclavage. Jusqu’au jour où il était entré dans sa vie, elle n’avait jamais cru qu’un être de cette sorte pût avoir le moindre empire sur elle.
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Mais cette Lionne qui se terrait dans une petite chambre de la maison de Josélie Drélincourt n’était plus la même femme que Josélie avait connue lorsqu’elle avait mené pour la première fois sa fille dans la chambre rouge et or au-dessus du Café Impérial. Elle conservait son port altier, cette allure sauvage et fière, à la fois souple et provocante ; elle se promenait de long en large dans le petit jardin de Josélie comme une lionne dans sa cage. Mais son éclat avait disparu. Elle n’avait plus la féroce vitalité qui lui conférait une sorte de lumineux rayonnement et la faisait paraître plus jeune que son âge. Jamais plus on n’entendrait résonner son rire un peu vulgaire, mais si extraordinairement humain.
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Il y avait des moments, songeait le Père Desmoulins, où l’on pourrait penser que Dieu plaçait en chacun, dès la naissance, son propre enfer. Il en avait été ainsi d’Eliane de Laiche, fille d’une catin élevée dans l’atmosphère dépravée de Paris ; car Dieu avait voulu qu’elle fût amoureuse du seul homme qu’elle ne pourrait jamais atteindre. A ce cœur corrompu, Il avait imposé cet amour pour un homme vertueux, fort et honorable. Dieu lui avait accordé beaucoup de dons, mais Il lui avait aussi octroyé une noirceur de cœur qui avait révolté un homme aussi pur que Mac Tavish. Et sa défaite, au lieu de calmer sa perversité, ne faisait que la pousser davantage à des actions de plus en plus noires et folles, jusqu’au jour où elle trouverait une fin horrible et sordide et qu’elle mourrait sans jamais avoir vécu, parce qu’Hector Mac Tavish ne l’aurait jamais aimée.
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La perspective de séjourner auprès de Louisa lui répugnait un peu plus chaque jour. Elle n’avait jamais éprouvé la moindre sympathie pour la générale, mais jusqu’ici elle en avait toujours ignoré les raisons. Cette nuit, cheminant sous la lune au fin fond de la Louisiane, elle comprenait. Louisa n’avait aucune largesse d’esprit, aucune envergure ; tout en elle était comprimé à éclater, comme une grosse femme trop serrée dans son corset. Louisa ne voyait que le côté mesquin des choses et tournait en dérision les hautes envolées d’hommes comme Mr Emerson ou Bronson Alcott. A présent, loin de Boston et de la Nouvelle-Angleterre, tante Tam avait l’impression que ce pays nordique sombre et glacé ne produisait que deux sortes d’individus ou des matérialistes, étroits d’esprit et « malins » comme Ethan Wicks et Louisa, ou de purs esprits comme Mr Emerson, et des réformateurs comme William Lloyd Garrison et Margaret Fuller. Personne en Nouvelle-Angleterre ne se laissait simplement aller, personne ne savait vivre dans la joie sans s’occuper du voisin.
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La famille de Laiche non plus n’avait pas été épargnée, comme si vraiment il y avait une Justice divine. Depuis trois générations, tous les mâles de la branche aînée mouraient avant d’avoir atteint leur vingt-cinquième année, et Bel Manoir et toute la fortune étaient tombés entre les mains des femmes. Et maintenant, pour achever leur chute, il y avait la mauvaise Eliane de Laiche, une femme de leur propre sang. Non seulement son mariage avec son cousin frisait l’inceste, mais depuis son arrivée de Paris à l’âge de quatorze ans elle n’avait causé que du scandale. On eût dit que la malédiction qui pesait sur toute la lignée des de Laiche s’était cristallisée dans sa nature impérieuse. Elle et la vieille baronne ressemblaient à des hommes et les hommes de la famille qui vivaient encore étaient pareils à des femmes, rancuniers, vindicatifs, faibles et vacillants.
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Alors, deux heures durant, ces deux esprits stériles et étroits cancanèrent et jurèrent de détruire ce qui restait de gaieté, de couleur et de vie dans la cité vaincue. Malgré l’opposition, malgré les cruelles ordonnances du général, la ville faisait preuve encore de trop de fierté.
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