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Critique de Malivriotheque


La petite Jane Eyre, orpheline, vit chez sa tante Mrs. Reed qui s'est bien gardée de lui offrir un vrai foyer. Après plusieurs années dans une école sobre et humble, Jane trouve une place d'institutrice à Thornfield, un grand manoir qui appartient à Edward Rochester. L'homme est plutôt bourru, mais très vite Jane lui trouve un charme fou et ne sait plus défaire sa pensée de son maître...

Jane Eyre, elle commençait sérieusement à me pomper l'air. Je m'explique, parce que cette entrée en matière a de quoi hérisser quelques poils.
Ceci est pour moi une relecture, 15 ans après ma découverte de cet ouvrage qui est arrivé je ne sais plus comment dans ma bibliothèque d'ado. A l'époque, ce fut pour moi la révélation, le premier roman classique britannique qui m'arrivait entre les mains et qui m'avait foutu une claque littéraire monumentale. Depuis, j'en gardais un bon souvenir. Je l'ai relu cette année parce que j'en avais sans conteste oublié 99% : à part les très très grandes et vastes lignes, mon souvenir s'était complètement effrité au gré du vent et du temps. Alors cette relecture coulait presque de soi, sans réticence, et surtout avec l'idée certaine d'expérience, pour voir si mon impression du livre restait la même au bout de 15 ans, dans deux périodes totalement différentes de ma vie, l'adolescente bouillonnante ayant désormais laissé place à une adulte aux goûts littéraires plus affirmés et à la vie déjà un peu plus expérimentée.
Jane Eyre commençait sérieusement à me pomper l'air tout d'abord parce que ma lecture a traîné, pour cause d'évènements personnels, sur presque un mois, ce qui est inhabituel chez moi. Ensuite et surtout, parce que malgré un style agréable incomparable bien évidemment aux bouses contemporaines sans aucune qualité littéraire mises sur le marché de nos jours, Jane Eyre est surtout une histoire d'amour et j'ai trouvé celle-ci bien trop candide, presque béate avec cette succession d'évènements trop gros pour être vrais, comme le fait que les gens qui recueillent Jane soient comme par hasard ses cousins et que l'amour qu'ils se portent soit aussi instantané, ou comme l'admiration quasi maladive de Rochester ou Saint John pour Jane, ou encore comme l'attention portée à la petite Jane à l'école Lowood où le destin vient réparer toutes les injustices en place comme par magie, presque comme dans un roman de Roald Dahl...
Les grandes histoires d'amour en tant que centre de récits n'étant plus ma tasse de thé depuis déjà belle lurette, je partais donc dès le départ avec un handicap que je n'avais pas à l'époque des papillons dans l'estomac au moindre regard évocateur de la part du sexe opposé.
Et puis... je n'ai pas trouvé Jane Eyre, le personnage, si attachant que cela. Certes, cette histoire se passe à une autre époque, mais les relations entre personnages sont souvent idylliques. Y a quand même pas mal de quoi halluciner quand Jane Eyre méprise et critique vertement Hannah de lui avoir refusé l'abri et la charité quand celle-ci était à deux doigts de la mort, tandis que Hannah lui explique ses raisons mille fois valables de ne pas l'avoir laissée entrer, et que deux minutes plus tard, une fois les excuses de base formulées, les deux deviennent amies !! D'autres dialogues inquisiteurs et faits marquants viennent entacher le portrait de cette jeune fille, qui honnêtement n'a rien d'exceptionnel si ce n'est d'être bien éduquée et dévouée à ses maîtres et ceux qu'elle aime.
Et puis... c'est quand même long, quand rien d'autre que des tergiversations et interrogations personnelles se passent. Des actions, il y en a peu, il faut bien le reconnaître...
J'ai été totalement embarquée à 17 ans, dans une rêverie, un monde ensoleillé malgré les landes brumeuses de l'Angleterre ; transportée par cette dévotion amoureuse, ces retrouvailles tant attendues (en même temps à l'époque, mon copain était parti tout l'été et je m'ennuyais de lui, ceci expliquant aussi peut-être cela, les hormones en plein émoi ayant également une part non négligeable dans l'appréciation du roman). A 32 ans, j'ai en fait très vite eu ma dose.
Il faut aussi ajouter à toute cette expérience un agacement certain pour une traduction clairement à revoir qui fête d'ailleurs cette année ses 70 printemps (censés être plus ou moins fatidiques dans le domaine), et des fautes et coquilles fatigantes tout du long de cette édition GF-Flammarion de 1990.
Au final, qu'est-ce que Jane Eyre ? Un roman bien construit, bien écrit (mais pas bien traduit, du moins pour cette version), qui laisse entrevoir la vie, les peines, les espoirs de son auteure, qui embarque dans une histoire d'amour au dénouement assez fleur bleue, qui immerge le lecteur dans la littérature britannique classique du 19ème siècle. Mais c'est aussi un roman qui ne s'adresse pas à tous, sûrement plus à une féminité qui éclot, ou à des lecteurs qui recherchent l'évasion amoureuse, l'épopée d'une passion pure semée de doutes et de menus rebondissements.
Voilà, j'ai lu Jane Eyre deux fois. Pas sûre qu'il y en aura une troisième, sauf pour éventuellement poursuivre cette expérience de lecture d'une même oeuvre au gré des différentes étapes de la vie. Et encore... car la prochaine fois, je me rappellerai que je n'en avais pas gardé un aussi bon souvenir que la première fois...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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