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Critique de Lisbei13


Quand on a beaucoup aimé un livre dans sa jeunesse, la tentation est grande de vouloir lire un livre qui prend pour héros l'un de ses personnages. Mais fatalement, l'appréhension de voir l'oeuvre et l'esprit de l'auteur trahis est proportionnelle à la tentation ... aussi, quand le titre de ce roman a attiré mon regard, j'ai un peu hésité, tiraillée entre l'envie d'en savoir plus et la crainte de "dénaturer" mon souvenir d'une lecture de jeunesse ...

Eh bien disons-le tout net : je ne regrette absolument pas cette lecture ! Loin de trahir le souvenir très vif que j'ai des Quatre Filles du Docteur March et de tous les autres romans pour la jeunesse non traduits en français de Louisa May Alcott, ce titre m'a enchanté en braquant un projecteur éblouissant et sans concessions sur un personnage fantôme qui est pourtant présent dès le titre du roman, et dont on ressent bien à quel point il occupe une place centrale dans la vie et l'oeuvre de Louisa May Alcott : le Père (avec un grand P) !

Dans La Solitude du Docteur March, pourtant, ce n'est pas vraiment avec le père que nous avons rendez-vous, mais avec l'homme. L'idéaliste, l'abolitionniste, le rêveur, le mari, l'amant, le soldat pacifiste, le prédicateur et le professeur. Toutes ces figures tourbillonnent dans les pages du roman, sous la plume experte de Géraldine Brooks. Nos découvrons tour à tour le jeune homme pauvre mais ambitieux qui se fait colporteur sur les routes du Sud des Etats-Unis, l'homme fortuné qui tombe éperdument amoureux d'une jeune femme au tempérament explosif et fonde une famille et l'aumônier qui s'est engagé dans la guerre par conviction mais doit faire face à une violence qui le révolte, qu'elle soit dans le camp adverse ou dans son propre camp, et qui va réveiller des souvenirs enfouis profondément dans sa mémoire.

L'auteur nous propose toute une vie dans ces pages, et même plus, car Marmee a aussi droit à la parole dans l'avant-dernière partie du livre, quand elle part rejoindre son mari gravement blessé. Et même si cette partie n'est pas celle qui contient le plus de scènes horribles (elles émaillent tout le roman pour nous rappeler à chaque instant l'horreur de l'esclavage et celle de la guerre), c'est celle que je trouve la plus terrible pour le personnage principal, car elle révèle la somme de mésententes et d'incompréhensions qui s'élève entre deux personnes qui s'aiment pourtant profondément, et qui ont toutes deux la conviction d'agir dans le sens que l'autre souhaite ... triste leçon ...

Les personnages secondaires sont eux aussi poignants et remarquables, que ce soit du côté des esclaves et des soldats ou de celui de l'entourage des March à Concord. On aime particulièrement reconnaître l'irascible tante March, et certain épisode impliquant la petite Beth jette un éclairage nouveau sur le personnage.

Bref, sans hésiter, je recommanderai ce livre à tous ceux qui ont lu dans leur jeunesse et aimé Les Quatre Filles du Docteur March, mais aussi à ceux qui considèrent ce roman comme mièvre et convenu, ils seront sans doute surpris. Je précise que ce livre m'a fait réaliser pour la première fois que les quatre filles du Docteur March et Scarlett O'Hara étaient contemporaines ... oui, je sais, cela semble tomber sous le sens, mais ici, c'est palpable ...
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