En ce soir d'octobre 1966, se tient la soirée annuelle de la branche des Midlands de l'Institute of of Embalmers, un grand bal donné par les dames de Nottingham. William Lavery, qui vient tout juste de terminer sa formation au Thames College of Embalming, avec des notes exceptionnelles, y assiste en compagnie d'oncle Robert et son associé, Howard, ainsi que la jeune Gloria, chez les parents de qui il a passé un an durant ses études et dont il est secrètement amoureux. Mais l'ambiance joyeuse, lumineuse et détendue tourne au drame dès lors que
David Melling, le président qui venait tout juste de vanter le travail de William, annonce que l'accident tragique survenu à Aberfan, la veille, suscite l'aide et le besoin d'embaumeurs de toute urgence. En partant cette nuit-là, le jeune homme ne sait pas encore que de nombreux souvenirs vont lui revenir et que cette catastrophe bouleversera sa vie...
Le roman s'ouvre sur ce drame survenu à Aberfan, le 21 octobre 1966, où le glissement d'un pan d'un terril aura fait 144 morts, dont 116 enfants. Nombre de membres de l'Armée du Salut, de pompiers, de bénévoles ou d'embaumeurs (à qui, d'ailleurs, ce roman est dédié) se sont précipités sur les lieux pour aider, soutenir et faire aussi leur travail. Malgré son jeune âge et son manque d'expérience, William Lavery fait partie de ceux-là. Si l'épreuve est immanquablement difficile, parfois insoutenable, il y fera face, comme tant d'autres. C'est au cours de ces heures que résonnera le « Miserere » d'Allegri et que William chantera Myfanwy, le ramenant dans son enfance, lui rappelant sa jeune carrière d'apprenti puis de choriste, l'espoir de sa mère de le voir devenir un grand choriste et son ami, Martin, à qui il n'adresse plus la parole depuis 5 ans. Et l'auteur de nous plonger ensuite à la fin des années 50 et de parcourir l'enfance puis l'adolescence de William, entouré, tour à tour, de sa mère, Evelyn, qui lui voue un amour inconsidéré, de Martin à Cambridge, puis de son oncle Robert (jumeau de son père) et Howard et enfin de la belle Gloria.
Jo Browning Wroe ainsi dévoile peu à peu les raisons qui ont conduit William à être ce qu'il est aujourd'hui, à abandonner certains rêves, à quitter et laisser derrière lui des êtres pourtant chers à son coeur, à ne plus pouvoir écouter le « Miserere » d'Allegri. Avec ce personnage sensible, touchant, cabossé et parfois maladroit, l'auteure tisse un très beau roman sur le pardon, la résilience, la fuite parfois nécessaire pour mieux se retrouver et retrouver les siens.
Un roman émouvant et d'une grande justesse...