Sploutch. Ca c'est le bruit qu'on fait quand on tombe dans
Une terrible délicatesse. En fait non. Parce qu'on n'y tombe pas. On s'y vautre. Sploufffffhhh peut-être ?
Dans les années 60, William est le fils d'un embaumeur. Il vit dans un nuage sucré entre son papa et sa maman. Entouré de l'affection de son oncle Robert, le frère jumeau de son père, et de son compagnon, Howard, même si on ne dit pas les choses ainsi à cette époque. D'ailleurs sa maman chérie ne voit pas tout cela d'un très bon oeil mais dans les rires, l'amour et la bonne humeur, les parties de pêche et les repas de famille, ça passe.
Et puis, alors que William n'a que huit ans, son père meurt. Un cancer. Notre héros reste seul avec sa mère pour qui il est tout. Et, sans rapport, le jeune garçon révèle un don pour le chant.
On suit ses années de collège et sa formation au sein du choeur de Cambridge. Les vicissitudes de la vie en collectivité, les brimades, les toilettes à l'eau froide et les défis dans la chambre d'internat. La formidable rencontre, dès le premier jour, avec Martin, joyeux, fort et protecteur. L'Ami idéal qui l'épaule, le protège, l'accueille dans sa merveilleuse famille. Dans son malheur, qu'il est chanceux ce William ! Qu'il est attachant, gentil et attendrissant de… délicatesse !
La suite de son existence sera faite d'à-coups. Pour des raisons que le roman met tout son temps à raconter, William coupe brusquement avec sa mère, Martin, la musique et son destin de chanteur lyrique. Il devient embaumeur avec son oncle et la solitude des soins donnés aux morts le comble.
Autre fait marquant, il y aura, à Aberfan ces quelques heures cruciales durant lesquelles William, tout jeune diplômé offre, aux côtés de quelques autres, tout son savoir-faire, son humanité pour rendre présentables les cadavres de centaines d'enfants qu'une coulée de résidus aura tués après l'éboulement d'une mine. Ca nous le cabossera encore un peu davantage, notre Willy chamallow.
Il y aura aussi Gloria. Rapidement Ray. Quelques autres personnages qui souligneront la gentillesse de William, son entêtement aussi. Parce que, malgré le temps qui passe, le jeune homme met tout son zèle à rester traumatisé par la catastrophe d'Aberfan, à en vouloir éternellement à sa mère et à ne pas écouter ceux qui l'aiment.
C'est à ce moment-là que j'ai sorti un orteil de mon bain de guimauve et que j'ai bien eu envie de botter les charmantes fesses de ce délicat personnage, moi aussi. C'est vrai quoi, il n'est entouré que de gens merveilleux, une vraie conspiration, et il s'obstine à rester chiffonné, incapable de vivre ce que l'existence lui met sous le nez !
On a tous en nous quelque chose de William, ce gamin dont le coeur trop tendre se froisse et se marque. Nous aussi, on veut des catastrophes dans lesquelles se couler pour mieux pleurer. Des grandeurs de musique sacrée. Des amitiés indestructibles et des gens épatants pour nous aimer.
En quelques centaines de pages, on a tout ça. Et même des clodos en voie de rédemption par le chant. Alors oui, c'est sirupeux, un tantinet agaçant. On voit le happy end arriver à grands pas. Même si ce n'est pas exactement celui-là que j'aurais imaginé (Pauvre Martin). Mais ça vous coule un après-midi morose en moins de deux et ça vous essore proprement. Alors bon… Sploufffffhhh !
Merci à Michel de sa critique qui m'avait fait réserver ce livre à la bibliothèque.