― Quand on met quelqu'un sous pression comme il faut, il se passe des choses. Toujours.
Brant était un porc et faisait tout pour. Il était robuste, avait un visage irlandais sombre qui semblait moins habité qu'âprement défendu. Il portait un costume très luxueux qui soufflait : "Grosse galette."
Il trempait dans de nombreuses embrouilles, toutes illégales, qui lui permettait de vivre sur un pied incompatible avec sa qualité de sergent de la police du sud-est de Londres. Les pontes savaient qu'il était pourri, et il savait qu'ils le savaient, mais les preuves demeuraient insaisissables.
Le superintendant Brown tentait depuis des années de le débarquer.
En vain.
Incipit
« Merde en branche. Faut reconnaître, mec, que ces foutus Amerloques ont des expressions géniales. J’adore leur façon de jurer.
J’ai tué pour la première fois mardi dernier. Je n’arrive pas à croire que ça ait été aussi facile. Des remords ? Pas la queue d’un. Je regrette seulement de ne pas avoir commencé plus tôt.
J’ai quarante-quatre ans et je suppose que je suis ce que l’on appelle un type qui a mis du temps à trouver sa voie. Long à la détente, comme disent les Amerloques. J’aurais pu buter des cons depuis trente ans et qu’est-ce que je faisais ?
Je travaillais.
Un zombie.
Je crois que c’est Bob Geldof qui a dit que c’était la plus grande escroquerie. J’écoute I Don’t Like Mondays des Boomtown Rats et c’est exactement ce qu’il me faut. Ils ont tout pigé. La puce en silicone que j’ai dans le crâne a cramé.
Elle a mis le temps. »
Brant se retourna dans son lit et fixa la chevelure ébouriffée de Linda Gillingham-Bowl. Merde, elle faisait vieux. Mais quelle nuit : elle l'avait biasé en long, en large et en travers. Et elle en avait redemandé. Il avait fini par rugir :
- C'est bon, je signe.
Une erreur qu'on répète n'est pas une erreur, c'est un échec.
A pute donnée on ne regarde pas les dents.