AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lucilou


Je me suis plongée dans « L'Esprit de l'Hiver » au premier jour de la vague de froid, alors qu'il neigeait dehors et qu'un bon feu flambait dans la cheminée, alors que le sapin se tenait encore tout rutilant dans le salon et que le chocolat chaud remplaçait le thé dans les tasses. Il ne m'a fallu qu'une après-midi pour le dévorer, comme maître renard ses pâtisseries, et j'ai à nouveau passé un excellent moment en compagnie des habitants de Bellécorce dont la douceur et l'humanité m'ont émue une fois de plus.
Ce troisième tome des « Mémoires de la Forêt » se pare de couleurs hivernales et des lumières de Yule, si ce n'est de Noël. On y retrouve en effet les personnages en pleine préparation de cette célébration du solstice d'hiver à grands coups de décoration, de lumière, de réserve de bois et de nourriture. A grands coups de thé et de biscuits aussi. Comme dans les volumes précédents, Mickaël Brun-Arnaud fait la part belle aux petits bonheurs, à la saison qui l'occupe, à la nature et à sa simplicité tout en en saluant la magie. Force est de constater que c'est une thématique fort à la mode ces temps-ci, mais elle est réellement bien abordée dans «Les Mémoires de la Forêt» et recèle une vraie magie qui me happe à chaque fois…
Alors qu'Archibald, auteur nouvellement promu, se débat avec un trac immense et les manigances infâmes d'un couple de tortues (que soient ici vengés tous les défenseurs du lièvre De La Fontaine, tous les rebelles à la victoire plus que douteuse de la concurrente caparaçonnée!), son neveu, l'attachant Bartholomé, attend le retour de ses parents. le couple de négociants, inlassables voyageurs, s'est en effet rendu dans le nord et dans les neiges dans l'espoir d'y trouver le cadeau parfait pour le fils, mélancolique renardeau aux poumons fragiles.
C'est sur la quai d'une gare qu'arrive la mauvaise nouvelle comme le vent mauvais de Verlaine : Séraphin et Pimprenelle Renard ne sont pas dans le wagon de l'Étoile de Bellécorce, sorte d'Orient-Express forestier.
Séraphin et Pimprenelle Renard ont disparu.
Bartholomé est désespéré, si désespéré même qu'Archibald en sort de son marasme pour lui proposer de se lancer à leur recherche, profitant d'une tournée littéraire qui doit lui faire prendre le même train, là-bas, vers le nord et la neige.
De gares en gares, oncle et neveu vont faire de belles rencontres, touchantes pour la plupart et découvrir des lieux à la beauté et la chaleur insoupçonnées. le petit va même se faire un ami, un passager clandestin bien mystérieux dont on sent dès les premières pages qu'il cache un secret bien lourd. Un secret qui fait mal. Au lecteur autant qu'à lui...
Tout comme les tomes précédents, « L'Esprit de la Forêt » cache sous ses airs de fable douce en enfantine une gravité et des thèmes poignants qui font mouche. Si certaines maladies et le deuil se trouvaient au coeur des « Souvenirs de Ferdinand Taupe » et des « Carnets de Cornélius Renard », le volume 3 n'est pas en reste qui aborde avec une sensibilité émouvante des motifs graves voire tristes.
Étrange de dire qu'une magie fonctionne quand elle tire des larmes et pourtant…
J'ai eu la gorge serrée à plusieurs reprises, les sanglots dans la gorge quelque fois et pour autant, j'ai aussi retrouvé dans l'ouvrage cette douceur, ce confort douillet qui console du chagrin, peut-être parce que «Mémoires de la Forêt» ont tout d'un grand récit : elles savent dire l'indicible sous couvert d'une belle histoire. C'est précieux et fragile à la fois, ça émerveille et ça attriste.
Et quelle poésie, quelle fantaisie même dans la langue, les jeux de mots et les découvertes. Peut-être aussi que c'est cela qui adoucit l'insupportable, les mots, le langage et l'anthropomorphisme réussi des personnages.
Vivement le printemps.
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}