Un moine capucin italien, porteur de stigmates, à la spiritualité rayonnante, canonisé en 2002 (sous le nom de saint PIO de Pietrelcina) après avoir été plus ou moins persécuté par la hiérarchie ecclésiastique : voilà tout ce que je savais du
Padre PIO (1887-1968).
J'ai donc abordé cette lecture avec une curiosité mêlée d'un peu de réticence, mal à l'aise devant la vague rumeur «sensationnaliste» entourant ce moine.
Présenté, nous l'avons dit, comme une autobiographie, ce texte, où les dates sont rares[i] et les circonstances parfois elliptiques, est plutôt une évocation biographique. L'auteur s'exprime à la 3ème personne et se désigne lui-même comme le Publicain. Il y témoigne de sa jeunesse agitée (il n'a rien d'un saint de vitrail), de sa rencontre déterminante avec le
Padre PIO (vers 1920[ii]), et des années de «défense» de celui-ci, qui ont suivi. Découpé en de multiples épisodes assez brefs (rarement plus de deux pages), ce récit s'articule en trois phases inégales, à peu près chronologiques, intitulées : Vers la rencontre, A l'ombre du
Padre Pio et le défenseur du
Padre Pio. Ces titres résument bien le «parcours» du Publicain auprès de son père spirituel. le manuscrit prend fin en 1932, mais la postface de l'éditeur (Le saint et le publicain) survole en quelques pages, (avec le concours de FRANÇOIS BRUNATTO) la deuxième partie de sa vie trépidante, qui prend brutalement fin en 1965. L'éditeur propose en outre, comme ouverture, une réflexion sur le rôle des laïcs dans certains troubles de l'Église.
Une belle prière du bienheureux
JEAN-PAUL II à saint PIO de Pietrelcina clôt le livre.
La partie la plus émouvante, à mon sens, de l'ouvrage (son coeur, souligne l'éditeur) porte sur les trois ans pendant lesquels
EMANUELE BRUNATTO a côtoyé, à San Giovanni Rotondo, le capucin, occupant la cellule la plus proche et servant chaque jour sa messe. Il est le témoin de phénomènes surnaturels incontestables, mais portant la marque de la grande humilité, non dénuée d'un certain humour, du
Padre PIO. de nombreux thèmes de méditation devraient être évoqués, si je ne craignais pas d'être trop long : l'obéissance du stigmatisé malgré la dureté des mesures qui lui sont imposées ; la rédemption et les chutes du Publicain ; son rôle de défenseur laïc du capucin face aux persécutions mesquines, violentes ou sournoises, ou encore sa rencontre avec Don ORIONE (le futur saint Louis ORIONE). On peut aussi établir des analogies entre le capucin et le saint curé d'Ars, pour leur ardente et profonde adoration eucharistique, leur vénération mariale et leur inlassable apostolat de confesseur, notamment.
En somme, cette lecture m'a captivé : la personnalité franche et attachante du narrateur, sa sincérité, la vivacité sans afféterie de son style, et surtout le portrait extraordinaire (vraiment charismatique) de saint PIO de Pietrelcina, tel qu'il se dégage du récit, forment un ensemble convaincant, qui incite à la réflexion et bouscule nos habitudes de pensée souvent «desséchées» par le matérialisme ambiant.
Lien :
http://www.ebpio.com/padre-p..