Bien que.
Bien que ce livre traite de thèmes tellement et tellement écrit, récrits, ressassés, torturés, mâchouillés jusqu'à l'os.
Bien que ce livre traite de thèmes qui ne parviennent pas du tout à l'universalité car nettement occidentalo-blanco-privilégié (de base).
Bien qu'il fasse un peu trop de pages à mon goût, s'essoufflant un peu sur la longueur et aurait gagné à être un peu plus bref, plus sec.
Bien que tout cela, ce livre est réussi. Il est sans grosse faille, l'écriture est juste, les personnages ont du corps, parlent de corps, sont des corps et des esprits. le livre n'est ni trop verbeux, ni trop spirituel, il est juste, il parle des choses comme elles sont, ressenties, exprimées, dures, tendres, pleines d'émotions, toutes.
Ce livre décrit bien ces spirales (très occidentales) de chute, de flèche brisée, et d'enfermement dans un silence, dans l'excitation, dans les systèmes qui broient, dans l'absence de système qui fait flotter...
Ce livre est également féministe, mais aucun homme ne devrait s'en sentir exclu. Au contraire, j'ai aussi l'impression d'être compris. de m'y retrouver.
On est humain. Ce livre est humain.
Et, réussi.
Je termine par ce poème de
Francis Giauque que la soeur de la narratrice insère dans une de ces lettres :
"Nous ressemblons
à ces oiseaux désemparés
que le vent déporte
de tempête en tempête
et qui s'élancent
à l'assaut du soleil
pour retomber calcinés
dans une poussière de sang."
Un roman de la Beauté et de la Gravité.