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Critique de missk_paris


Un roman au titre qui nécessite une recherche dans le dictionnaire, un bandeau de couverture qui aligne des formules mathématiques, des titres de chapitres qui ressemblent à des équations ou des théorèmes et quelques cinq cents pages dans Le Quartier, banlieue XXL russe qui n'a rien d'attrayant. La sélection de Prix Boostagram pour le premier roman francophone nous réserve décidément des surprises.

Et quelle surprise !

Embarquement dans un espace temporel situé entre l'URSS de la grande époque, où on prend soin de son élite dans des établissements de haut rang mais où des zones de non droit sont déjà sous la coupe de gangs qui défendent leur territoire par des méthodes d'une violence inouïe, et la Russie post époque soviétique (le grand empire n'a pas encore explosé).

Ce roman nous entraine dans un monde où il est plus facile de résoudre des équations ultra complexes que celles qui ont trait à l'amour, l'amitié ou la famille. le livre est construit telle une partie d'échec : certains avancent leur pièces, d'autres agissent selon une stratégie inconnue, l'objectif étant d'arriver à résoudre un problème à plusieurs inconnues : que s'est-il réellement passé le soir du 5 décembre 1995 dans la famille P. ? Qui est le mystérieux propriétaire d'un pull vert retrouvé sur les lieux de l'accident qui a vu périr la moitié de la famille P. ?

La galerie des personnages de l'entourage de Dmitri et de Vladimir, les deux rescapés, est digne de celle des romans d'un certain Fedor Dostoïevski. Ils sont scrutés au plus profond d'eux-mêmes, leur âme est disséquée pour tenter de mieux comprendre les forces obscures et inavouables qui s'agitent dans un magma de violence, de vodka et de drogues.

C'est sombre, noir, glauque même parfois. Sauf que la magie de la plume de ce primo romancier, tel Dmitri prenant son crayon et alignant les équations pour aller décrocher la médaille Fields, vient nous éclairer d'une poésie qui traverse cette noirceur et nous éblouit par sa beauté.

En lisant ce premier roman, il faut accepter de ne pas tout comprendre (ces fameux lemmes de topologie algébrique en tête de chapitre), mais on se laisse porter par l'histoire, emporter par l'écriture, par cette poésie qui m'a parfois fait penser à celle de Joseph Ponthus (À la ligne).

C'est magistral !
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